45. Les cinq épicéas

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-Thomas, appela Barbara dans un murmure à peine audible. Thomas.

-Qu'est-ce qui se passe ? Répondit l'homme en relevant la tête doucement. 

-Il va falloir qu'on parle sérieusement, là. 

-On ne fait que ça, de parler sérieusement ! A chaque jour qui passe, nos heures deviennent de plus en plus sombres ! On n'arrête pas de discuter de partir ou de rester ! Ces dernières journées, nos paroles ont été de plus en plus graves, à cause de ce putain d'incendie que tu as créé, ou à cause de ces groupes de mordeurs qui surgissent de plus en plus nombreux et de plus en plus souvent ! Alors arrête de tout prendre à la légère comme si tout n'était qu'un jeu, et pour l'amour du ciel, rend-toi compte que tout ce qui nous arrive n'est pas une parti d'échec mais une survie. 

Barbara regardait l'homme avec qui elle s'était bien si entendu hier soir pendant la fête. 

-Désolé, s'excusa t-il, la voix lasse. Je suis fatigué, et voir Angie dans et état-là me fout les boules. Je sais que j'aurais dû être plus présent pour elle, ou la préparer à voir sa mère morte. Au lieu de ça, je l'ai rassuré en la berçant dans des rêves impossibles. 

-Tout le monde savait au fond de lui ce qu'on allait trouver dans ce manoir, murmura Barbara. Dès notre entrée, la porte où le voisin était censé être s'était ouverte. Après on a vu le hall dévasté, les corps de partout, la pendue. On était sûr qu'on allait pas la retrouver en vie ici, même si on espérait tous le contraire.

Les deux amis regardèrent la femme dévastée, plus loin dans le couloir, méditant tristement. 

-Elle a besoin de toi, continua Barbara. Et de sa famille. 

-Je pense qu'elle a aussi envie de parler à des amis, rajouta Thomas en se levant. Tu veux bien t'occuper d'Oscar pendant quelques secondes?

-Oui, volontiers. Oscar, tu viens ? 

Alors que le père partait vers sa bien-aimée, le fils arriva lentement, essuyant ses larmes à l'aide de sa manche. Il se blottit contre la grosse femme, les deux mains sur sa bouche. Barbara se mit à le bercer comme un bébé, chantant une chanson à peine audible, mais qui réussissait quand même à l'endormir pour de bon. 

Le garçon faisait semblant de dormir pour rassurer son entourage. En fin de compte, il avait peur de cet endroit. Depuis la chute de l'arbre sur l'aile droite du manoir, il régnait un froid glacial toutes les nuits du début d'automne. Il ne se remettait pas de la mort de sa grand-mère, tellement récente qu'il ne pouvait toujours pas digérer. De plus, il avait l'impression que seul lui se souvenait de son frère Antoine, qui avait disparu depuis une bonne semaine déjà. Ce dernier le manquait terriblement, et c'était le seul qui réussissait à le faire vraiment rire et à l'amuser. Il fallait absolument qu'ils partent. 

Le lendemain, il se réunirent dans le hall au plafond de verre brisé, puis discutèrent de leur avenir. Ils enterrèrent la grand-mère au fond d'un jardin, au milieu de cinq petits épicéas plantés quelques mois plus tôt. Une fraîche brise soufflait sur la tombe, tandis que tout le monde était debout devant, les mains croisées devant leur corps. Angélique déposa lentement le collier où pendait une sirène de Nicole.

Les jours passaient lentement et tristement, sans qu'aucune horde ne vienne détruire le jardin. Barbara et Tim faisaient leurs affaires, prêts à partir malgré les contestations de leurs alliés. Tout le monde, même Angélique souhaitaient à présent quitter cet endroit de malheur, et le plus vite serait le mieux. Leur prochaine destination serait le camp des militaires près de la grande ville où ils avaient vécu. 

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant