61. La vengeance est un plat qui se mange froid

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Barbara se promena dans la maison où elle était enfermée. Il n'y avait aucune arme, rien qui pourrait l'aider à tuer la personne responsable de tout ce boucan. Alors elle se dirigea à pas de loup vers la maison des Wilson. En pleine nuit, elle regarda dans tous les sens pour éviter que le meurtrier ne la voie se déplacer dehors. Les soldats n'étaient pas là, il n'était donc pas minuit et le tueur s'était arrangé de sortir avant l'heure. 

La grosse femme marcha dans le jardin de la maison où elle vivait, puis toqua à la porte. Cette dernière était verrouillée, et ne s'ouvrait pas, ce qui était normal.

-Qui est là ? Fit une voix méconnaissable. 

-C'est moi, Barbara.

L'échappée de prison entendit plusieurs cliquetis et la porte s'ouvrit, montrant le beau visage d'Alix aux cernes très prononcés. Elle paraissait choquée, ne croyant pas ce qu'elle voyait.

-C'était donc vraiment toi ? 

-Non, je t'expliquerais plus tard. Il faut que tu ramènes toute ta famille dans le salon. 

-Vaut mieux pas, chuchota l'adolescente. Ils jouent à un jeu de carte dans la chambre, et... ils pensent vraiment que c'est toi. Ils ne veulent sûrement pas te voir pour l'instant.

Barbara avait comme pris un coup dans le cœur. Elle respira fortement, et annonça.

-Le pistolet clandestin que j'ai trouvé sur Tim est caché dans ma chambre, sous le matelas. Donne-le moi, j'ai des choses à faire. 

-Je veux t'aider.

-Non, tu dois rester là. 

-Tu n'as rien à me dire. Je veux aller avec toi. 

-Pas question ! Si tu meures, tes parents sauront que se sera de ma faute et je ne regagnerais jamais leur confiance. Donne-moi ce pistolet et referme la porte après que je sois partie.

-Alors démerde-toi pour la prendre, ton arme. Rentre dans la maison et va prendre ton pistolet,  puisque tu ne veux pas de mon aide. 

Après un long moment de réflexion, Barbara accepta et laissa Alix prendre son seul moyen de défense. Elles sortirent toutes les deux dans la nuit noire, emprisonnant le reste de la famille Wilson dans leur propre maison sans qu'ils ne s'en aperçoivent. Elles se faufilèrent dans toute la ville, puis arrivèrent cachées derrière une maison, leurs visages éclairés par la lune. 

-Il risque d'y avoir une fusillade ? Demanda Alix, le visage dur. 

-Je ne pense pas. Mais il faut qu'on arrive d'un endroit où il ne nous verra pas, là où on pourra le surprendre. Je pense qu'il est retourné au porche. Allons-y. 

-Je n'ai pas d'arme, moi. 

-Je t'ai autorisé à m'accompagner, mais pas à me défendre, ni à te battre pour me protéger. Si jamais ça éclate, tu restes cachée quelque part et si tu peux, va ouvrir à tes parents pour qu'ils fuient. 

-Mais... Et toi ?

-Tant pis pour moi, j'ai joué mon rôle, et je l'ai terminé. Je n'ai plus rien à faire dans ce monde, ma part est faite. Donc... si tout se déroule comme je viens de le dire, cours, et ne t'arrête pas. 

-Ok. Je comprends et je ne te décevrais pas. 

Barbara se leva, suivie par Alix, qui regardait toujours derrière elle pour ne rien manquer. A vrai dire, elle commençait à trembler, et elle avait peur de mourir. Elle commençait à regretter d'être sortie de chez elle. Son amie devant elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, rampant là où il fallait, courant aussi quand elles étaient trop exposées. Elles allaient bientôt savoir qui était la personne qui terrorisait tout le monde et qui laissait Barbara subir ce qu'il aurait dû subir. 

Soudain, la femme rousse s'arrêta, main droite en l'air. Alix fit de même puis jeta un regard derrière la maison où elles s'étaient cachées. Elle reconnaissait l'ombre d'Ethan, agenouillé au sol, les mains liées derrière le dos. Derrière lui se situait une deuxième ombre, debout cette fois, tenant un revolver pointé sur la nuque de prisonnier. 

-Ce sera bientôt terminé, fit une voix de femme. 

Barbara sortit de sa cachette, arme pointée sur la personne qui allait tuer le dernier policier de la ville. Alix fit de même, prudente malgré tout. 

-Océane... Murmura Barbara en se remémorant l'odeur de fleur qu'elle ne parvenait pas à retrouver. C'était toi...

-T'es sortie, toi, lança t-elle avec dégoût. 

Barbara continua de viser la cheffe de son arme, prête à tirer avant que son ennemie ne le fasse. 

-Tu t'es trouvée une arme, aussi. 

-C'était celle de mon frère, lâcha froidement la rousse sans quitter Océane des yeux. 

-Bravo, tu as réussi à braver mon plan, alors que tout était écrit bien avant votre arrivée. Si seulement vous n'étiez pas là...

-On vous faisait confiance ! Hurla Alix. On est rentré ici, moi et ma famille en pensant être en sécurité. On vous avait pris pour notre amie, notre conseillère, notre cheffe ! Tout le monde pense que vous êtes quelqu'un de bien. Lorsqu'ils sauront... 

-Je ne veux pas vous faire de mal, expliqua Océane d'un ton calme, tandis qu'Ethan se mettait à sangloter doucement. Ce que je fais, c'est personnel. C'est une vengeance. Quelque chose que j'aurais dû faire depuis bien longtemps. 

Barbara baissa son arme, regardant avec insistance Océane, curieuse d'entendre ce qu'elle allait dire pour sa défense. 

-Il y a des années, j'avais une famille complète et heureuse. J'avais un merveilleux mari, deux prodigieux jumeaux... On était soudé, comme vous. Mais ce fils de pute à tout gâché ! Un jour, mes deux enfants ont décidé de faire une fête. C'était un dimanche. Mais ils ont disparu... Alors, j'ai contacté la police pour m'aider à les retrouver. Ethan, et trois autres membres de son équipe sont partis enquêter avec moi sur leurs disparitions. 

Océane prit sa respiration, et laissa une larme couler sur sa joue, pendant que le policier agenouillé commençait à remuer pour se libérer. 

-On les avait retrouvé ! Cria t-elle, la voix déformée par la tristesse. Ils étaient tombés... de trois mètres de haut et ils ne pouvaient plus se lever. J'était heureuse, moi... mais j'étais stupide... j'aurais dû voir dans le regard de cet abruti que tout n'était pas clair dans sa tête. Ce fils de pute, avec son revolver, les a tué. Deux balles dans leurs deux têtes. Ils étaient si beaux... ILS SOUFFRAIENT, MAIS ILS AURAIENT PU ETRE SOIGNE ! 

Elle ravala sa salive, éprouvant de plus en plus de difficultés à parler.

-C'était il y a une dizaine d'années. Malgré le temps passé, je n'arrive toujours pas à oublier. Leurs visages ensanglantés, souffrants comme pas possible... et le sourire diabolique sur le visage du meurtrier qui avait tué mes deux chéris. Les trois hommes qui l'accompagnait, je l'ai tué quelques jours après le début des mordeurs. Je l'ai laissé revenir, pour me venger. Les deux autres, je les ai étranglés pour que leurs morts soient douces et longues. La tienne, Ethan, elle va être pire. Je me suis surpassé pour te montrer que ce que tu as fait ces dix années plus tôt n'est pas oublié. Tu vas souffrir pour les meurtres que tu as causé, et j'espère que tu le regretteras. Peu m'importe, puisque tu ne seras plus là pour me le dire. 

Océane s'en alla, et revint avec un mordeur qu'elle tenait avec une laisse. 

-Non ! Ne la laissez pas faire ça ! Hurla Ethan. Stoppez-là ! Pour l'amour de Dieu, je n'ai jamais tué ses enfants ! AIDEZ-MOI ! 

Alix regarda avec horreur la scène, et se tourna de l'autre côté, commençant à s'éloigner doucement pour laisser Océane tuer le policier. Elle se souvenait de la fois où il lui avait conté cette horrible histoire. Et la cheffe avait raison, il devait payer. Alors Barbara l'imita, et elles marchèrent toutes les deux, tandis que derrière elles, Ethan se faisait dévorer entièrement la gorge. Océane regardait sans remords sa victime se vider de son sang, laissant le mordeur manger sans pitié celui qu'elle avait toujours détesté. Elle avait terminé, elle avait eu la force de se venger. 



Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant