Partie 6:

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Ces mots avaient suffit à déstabiliser la jeune fille, quinze ans, la marier de force à la fleur de l'âge à un homme qu'elle ne connaît même pas.
Elle suppliait sa mère du regard mais celle ci ne semblait pas s'en préoccuper.

La réaction de sa mère était celle qui l'a plus choquée. Elle qui se disait intellectuelle ne devrait pas laisser son mari faire cela à sa fille. Mais c'est normale dans le sens où elle fait partie de ces femmes soumises et dévouées. Jusque là elle n'avait jamais contesté les décisions de son époux.
De plus, le fait d'être allée à l'école n'a jamais effacé l'éducation qu'elle a reçu et elle trouve cela normal qu'un père, juste pour conserver son honneur, donne sa fille en mariage sans le consentement de cette dernière.
Sa mère donc, son père, ainsi que toute sa famille convergeaient à hypothèquer sa vie.

Mais Aïcha elle, ne l'entendait pas de cette oreille, elle était loin de se laisser faire. Elle se disait intérieurement qu'elle trouverait une solution.
Sans dire un mot, elle se lève et s'en va pour ne pas plus horripiler son père.

Dans sa chambre, elle réfléchissait à comment, comment trouver une échappatoire.
La solution se vint à elle d'un coup.
Déterminée à ne plus subir ces hostilités, elle décida de s'en aller. De sortir de cette maison, de s'enfuir avant même le premier chant du coq.

Aux environs de 2h du matin, après s'être assurée que tout le monde dormait, elle prit son sac, y mit quelques habits, attrape sa sacoche qui contient quelques billets et sort. Dans la cour, elle marchait sur la pointe des pieds pour ne pas se faire entendre.
Arrivée au pas de la porte, elle l'ouvre et au moment de sortir elle tombe nez à nez sur son père.
Ce qu'elle ignorait, c'est que ce dernier avait déjà prévu cela et avait donc décidé de surveiller la porte au cas où Aïcha décidait de fuguer.

Son père : domou khararam, anh da nga beug daw dem tiagatou dji wat ( bâtarde, tu veux aller faire la pute.)
En pleurs, la jeune fille rebroussa chemin

Son père : Eh attends, je veux que tu saches une chose et que tu le mettes dans ta tête tu vas épouser cet homme que tu le veuilles ou non. Et dès demain tu vas rejoindre le domicile conjugale. Ceci est ma dernière parole et elle est irrévocable. Donc tu ferais mieux d'aller te coucher et de te préparer mentalement à ton mariage. Parce que par A ou par B il aura lieu et d'ailleurs il a déjà eu lieu, il ne reste qu'à le consommer.

Plus abbatue qu'elle ne l'était déjà elle rejoint sa chambre et son père en fit de même.
Toute la nuit, elle n'a pu fermer l' œil, se demandant pourquoi toutes ces atrocités lui arrivaient à elle.
Le lendemain, la maison était bondée de monde. On l'avait coiffée et maquillée et tout le monde y compris sa mère dansait et semblait heureux sauf elle.
Ce qu'elle trouvait de plus hilarant c'est qu'elle ne savait même pas le nom de son mari.

Vers 20h cette mascarade ou bien disons cette comédie pris fin et on la prépara à rejoindre son foyer.

Elle était assise sur le lit de sa maman et plus tard celle-ci vint dans la chambre et demanda à l'Assemblée de la laisser seule avec sa fille.

Elle: Aïcha, je te connais car tu es sortie de mes entrailles et c'est moi aussi qui t'ai élevée. Certes tu as commis des erreurs mais tu n'en restes pas moins une bonne personne. Je sais que tu ne veux point de ce mariage mais je sais aussi que tu peux t'en sortir car tu es une personne courageuse et battante. Le fait d'être mariée à quelqu'un que tu n'aimes pas n'est pas un problème car moi ta mère, je ne connaissais pas ton père à notre mariage ce sont les parents qui l'ont décidé et à ton âge j'étais déjà mère. Je te demande juste d'être soumise et de soutenir ton homme.

Aïcha écoutait les paroles incessantes de sa mère sans grand intérêt.
Après de multiples recommandations et conseils des vieux viennent la chercher et l'emmènent dans un 4*4 noire.

C'est arrivée à destination quelle su dans quelle famille on l'avait mariée et qui exactement elle avait épousé.
La maison devant laquelle elle se trouvait est celle de son oncle maternel.
Une femme qu'elle connaissait bien vient l'aider à descendre de la voiture. Cette femme est la mère de famille, la femme de son oncle. Elle comprend maintenant pourquoi sa mère ne s'est jamais opposé à cette union.
Elle entre dans une chambre, son cousin Thierno de quelques années son aîné l'y attendait, accroupi sur un matelas. On l'installe à côté de lui et après les rituels de lakh et chants, tout le monde partit et laissa seuls le nouveau couple.
À ce moment Aïcha compris que c'en était fini de son avenir, de sa carrière et de ses rêves.
Désormais elle allait faire partie de ce cercle de femmes diplômées, sans emploi, mères de famille et ménagères comme sa mère et tout cela n'était l'œuvre d'un seul homme, Karim.

Thierno: Eh, je ne sais pas ce qui vous a pris ton père et toi pour venir gâcher mon avenir mais je vous dis une chose je ne t'accepterai jamais comme ma femme. Ça tu peux te le mettre dans le crâne. Je vous déteste toi et ta famille de merde, ton père qui se croit tout permis et ta mère qui se croit plus intelligente que tout le monde. Je te demande une chose c'est de rester à ta place et de ne pas t'imiscer dans ma vie privée sinon...

Aïcha: bon tant mieux Thierno parce que cette haine est réciproque.

Sur ce elle prit son pagne se couvrit le corps et ferma les yeux clouant ainsi le bec à son interlocuteur.
Une chose est sûre c'est que cette situation l'arrange bien car elle n'aura pas à supporter un mari qu'elle n'aime pas sur elle cette nuit.
En attendant son dernier recours était Khaled qu'elle comptait appeler dès le lendemain.

Les Voix Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant