Partie 20

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Je continuais à parler mais la personne à l'autre bout du fil ne daignait pas répondre. J'allais raccrocher quand quelqu'un dit.

Lui: Allô.

Moi: Allô oui.

Lui: Excusez cette maladresse. En fait le boss a un petit souci. Je suis le consultant en affaires internationales et je me chargerai de l'entretien.

Il me présenta très bien le projet et répondit à toutes mes interrogations.
C'est confirmé, ma prochaine destination sera le Sénégal, mon pays natal. J'espère juste ne pas avoir de mauvaises rencontres.

Narrateur externe

Chez El hadj Fall, depuis des années, la situation électrique qui régnait dans la maison était de jour en jour plus pesante.
Maman Marième et le père de famille se disputaient sans cesse au début.
La mère en voulait énormément à son mari pour ce qui est arrivé à sa pauvre fille dont elle ne savait plus rien de la destinée.
Au début, elle était bien inquiète mais s'efforçait de vivre sa vie normalement.
Mais, ne voyant pas sa fille revenir les jours suivants, elle s'était effondrée et avait commencé à accuser son mari, ce qu'elle n'avait jamais fait.
Au cours des années, elle a fini par tomber dans un silence dépressif. Préférant s'en tenir à son chapelet qu'elle égrène tout le temps implorant son seigneur de ramener sa fille et de lui pardonner pour avoir en quelque sorte encouragé la disparition de sa fille.

Le père lui, a perdu toute sa notoriété, son éloquence et sa grandeur d'antan. Le nombre de ses disciples avait baissé pour on ne sait quelle raison.
Par ailleurs, on ne saurait dire s'il regrette ou pas sa décision de virer sa fille. Son visage était si impassible et ses réactions si neutres.

Après cet incident, il a tenu à "l'éducation " de ses filles d'une main de fer. Il les interdisait de sortir sans sa permission et les engueulait pour chaque faux pas. Surtout Amina la petite dernière et sœur d'Aïcha.
Maguette s'était mariée l'année qui a suivi le départ d'Aïcha mais a divorcé en ramenant chez ses parents deux gosses.
Seynabou elle, continue de sélectionner les hommes à l'insu de son père.
Concernant leur mère, elle n'a pas changé, toujours la même peste.


Du côté d'Aïcha, sa relation avec Aziz est plutôt pas mal. Leur rendez-vous au Lac Des Deux Montagnes s'est bien passée et la jeune fille s'est amusée comme jamais.

Elle prépare bien son départ et aussi sa succession. Ce ne sera pas facile certes mais elle a quelqu'un en tête. Un ancien collègue et ami  qu'elle connaît
depuis l'université et avec qui elle a travaillé à ses débuts dans la boite de Ginette.

En parlant de cette dernière, elle ne lui a pas encore parlé de son départ. Elle compte le faire tout à l'heure puisqu'elle est en ce moment en route vers sa demeure.
Arrivée, elle la trouve comme toujours sur son fauteuil en train de tricoter on ne sait quoi.

Aïcha: Salut !

Ginette: Aïcha, comment tu vas. Tu es matinale.

Aïcha: Je me suis réveillée avec une envie folle de petit déjeuner avec ma mère.

Ginette: Arrête de me flatter et dis moi ce qui t'amène.

Aïcha: Des fois je me demande pourquoi tu me connais à ce point.

Ginette: Je suis quand même ta mère, je t'ai élevé et tu es mon double.

Aïcha: Wow !

Ginette: Et ta relation avec Aziz ?

Aïcha: Bien !

Ginette: Il doit être spécial. C'est la première fois que tu me réponds positivement sur un homme.

Aïcha: T'emballe pas. Il est bien et tout. Il est beau, intelligent ,il me correspond assez bien et je me sens bien avec lui mais.

Ginette: Pas de mais. Qu'est-ce que t'attends pour foncer.

Aïcha: À vrai dire, je ne l'aime pas.

Ginette: l'amour viendra après. Aïcha, comme je te le dis toujours, tu dois apprendre à avancer. Et oublier ce qui t'es arrivé.

Aïcha gardait la tête baissée.

Ginette: J'étais sûre que t'es venu pour me parler de ça.

Aïcha: Euh. Il y'a autre chose.

Ginette: Quoi encore ? Tu as rencontrée quelqu'un d'autre ? Rassure moi.

Aïcha : Pourquoi tu n'es jamais sérieuse.

Ginette: Moi même je l'ignore. Ponds, je t'écoute.

Elle éclate de rire. Apparemment, il n'y a qu'elle pour faire rire Aïcha.
Elle se réajuste et reprend.

Aïcha: Il y'a quelques années, je t'ai parlé de mon désir d'investir au Sénégal. Tu m'as même encouragé à le faire et m'as proposé ton aide.

Ginette: Oui, et je suis toujours sur ma position.

Aïcha: Il y'a deux mois, une entreprise de là-bas m'a contacté pour solliciter ma collaboration sur un projet. J'y ai travaillé depuis lors et je leur ai donné mon feu vert hier.

Ginette : Super.

Aïcha: Et, euh... Je dois y aller.

Ginette se tut un moment comme si elle était surprise.

Aïcha: Maman ça va ? Tu sais je resterai si tu me le demandes. En plus j'y vais juste pour les affaires et pour apporter mon aide à ma patrie. Je ne comptes revoir aucun membre de ma famille.

Ginette: J'ai appréhendé ce moment depuis que je t'ai adopté. Je savais qu'un jour ou l'autre cela allait arrivé. C'est ton fief et tu as le droit d'y aller. Je te demandes juste de ne pas m'oublier.

Aïcha : Ginette ne dis pas ça. Tu es la seule famille que je reconnaisse. Jamais je ne t'abandonnerai.

Elles se mirent toutes les deux à pleurer. Aïcha finit par passer la journée avec sa mère qui s'est calmée à la fin.

Les semaines qui suivirent, Aïcha était dans les derniers réglages pour son voyage.
Son successeur avait prit fonction et maîtrisait bien le travail.
Avec Aziz, elle a décidé de lui donner sa chance mais était réticente sur bien de choses et pessimiste quant à la réussite de cette idylle.
Maëra elle, a décidé d'accompagner sa patronne quand celle-ci le lui a demandé. Elle n'a pas de petit ami ni d'enfants et comme Aïcha elle tient beaucoup à son travail.

Le jour du départ arriva, elles se rendirent ensemble à l'aéroport de Montréal et prirent le vol en direction de Dakar.
Ginette avait insisté pour lui prêter son jet privé mais elle a refusé. Elle a quand même insisté pour l'accompagner à l'aéroport.

Aïcha avait comme une boule au ventre. Elle avait une de ces peurs. Cette peur de revenir sur cette terre où elle avait été maltraitée et deshonorée.
Maëra lui demandait de temps à autre ce qui n'allait pas mais elle ne disait rien.
Par moments, des souvenirs qu'elle n'aurait jamais voulu se remémorer resurgissaient.
Pendant un instant, elle se dit que tout cela n'était pas prudent et voulut qu'une chose, reprendre l'avion une fois arrivée, mais elle se reprit. Elle avait déjà prit sa décision, plus question de capituler.

Après des heures de vol et des heures encore d'escales, l'avion se pose sur le sol sénégalais...
La pauvre fille longtemps abandonnée était désormais de retour sur la terre des ses ancêtres.



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