Partie 16

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Après ma discussion avec Ginette. Après y avoir mûrement réfléchi. J'en ai conclu une chose, j'ai décidé d'enfin prendre ma vie en main. Pour ce faire, j'ai commencé par suivre le conseil du médecin.
Dès demain j'irai le voir pour savoir par quels moyens je vais procéder pour interrompre cette grossesse. J'ai pris cette décision non pas par irresponsabilité sinon par maturité. Je ne veux que mon bien, ma santé d'abord. Des enfants, j'en aurai plutard s'il plaît à Dieu même si j'aurais aimé garder celui-ci. Je m'étais tellement habitué à lui. Je l'ai aimé sans même le connaître. Il n'y a pas plus grande douleur pour une femme que de perdre un enfant, la chair de sa chair, son trésor le plus précieux!
Je vais me reconstruire, reprendre mes études et travailler après l'obtention de mes diplômes.
Le lendemain, le docteur m'a dit que je pourrais juste boire une pilule avortive. Cinq jours après, c'en était fini.
Quand j'avalai la fameuse pilule, une quantité inestimable de sang coulait entre mes jambes. Ginette m'aida à tout nettoyer et me consola car oui, j'étais plus que désemparée.

Narrateur externe

Les semaines qui s'en suivirent, Ginette et Aïcha avaient développé une alchimie très intense.
Elles sont devenues inséparables, complices. Leur relation mère-fille est des plus sincères et Ginette aime cette fille plus que tout.
Elle l'emmenait partout où elle allait, la présentait à toutes ses connaissances et parcourait les boutiques avec elle. En tout, Aïcha était devenue la chouchou du milliardaire.
Le seul hic comme toujours, est qu'elle doit malheureusement retourner au Canada car elle était là juste pour les affaires.

Ceci la préoccupait au plus haut point mais elle ne voulait en aucun cas inquiéter sa protégée.

Le jour du départ approchait, elle n'avait plus beaucoup de temps. Un matin, Aïcha lui posa une question qui poussa Ginette à le lui révéler.

Aïcha : Maman, pourquoi as-tu déménagé en Gambie ?

Ginette: Ma fille, en réalité, je n'habite pas ici.

Aïcha: ...

Ginette : Je suis juste ici pour le travail, en fait je dois rentrer dans quelques jours même.

Aïcha : Quoi ? Mais... Mais.

Ginette: Si.

La jeune fille, qui pensait qu'elle allait, comme ils l'ont tous fait, l'abandonner encore une fois soupira. Cela l'affectait au plus haut point.

Ginette: Mais je me disais que tu pourrais venir avec moi.

Aïcha : Tu penses ?

Ginette: Mais oui. Rien ne te retient ici. Pas de famille, pas d'amie. Tu vis dans un pays où tu ne connais personne à part moi. Nous deux, on est devenus très proches en si peu de temps. En tout cas, ce serait un plaisir d'accueillir ma fille dans ma patrie.

Aïcha: c'est vrai mais je n'ai même plus de papiers.

Ginette: je vais voir avec mes relations t'inquiète pas pour ça j'ai de bons contacts ici.

Aïcha: D'accord.

Aïcha
Les semaines passèrent, puis les mois. Mes papiers étaient enfin prêts. Il ne me restait plus qu'à remplir certaines formalités.

Le jour tant attendu arriva. À ma grande surprise, un jet privé nous attendait.
Deux agents de bord ( hôtesses de l'air ) ainsi que trois pilotes nous attendaient. Je fut la première, suivie de Ginette.
L'intérieur de l'avion était juste fabuleuse. Décorée luxieusement, l'appareil était très vaste.
Ginette me fit visiter et je fut surprise d'avoir eu l'honneur et le privilège d'être installée dans une sorte, je dirais de suite avec un grand lit, une armoire, une salle de bain et un bureau où Ginette travaillait.

Moi: T'es comme une machine, tu ne peux pas arrêter de travailler ne serai-ce qu'un moment.

Ginette: Qu'y puis-je ? J'ai déjà plusieurs entreprises à gérer et je n'ai personne pour me seconder alors je ne peux pas me permettre un seul jour de vacance.

Moi: Tu devrais songer à te trouver quelqu'un. Une personne ayant les potentialités pour gérer tes affaires, ou au moins une partie de tes tâches.

Ginette: Qui ? Tu veux que tout ce que j'ai construit avec mon mari tombe entre les mains d'un étranger.

Moi: Il ne s'agit pas là d'étrangers. Mais tu dois penser à toi. Tu prends de l'âge. Tu te dois de penser à toi et à ton bien-être. Je ne te demande pas d'offrir tes entreprises sur un plateau au premier venu, mais de prendre quelqu'un en qui tu as confiance. Cela peut être un membre de ta famille, un proche.

Ginette: Tu es encore une gamine, tu ne peux pas comprendre certaines choses. Concernant ma famille, j'en ai pas. Je suis fille unique et nous au Québec, on est pas comme vous les africains où les cousins éloignés, les beaux-frères ect sont membres à part entière de la famille et ont leur mot à dire sur tout. Là bas, tout le monde s'occupe de son business et c'est tout.

Moi: Tu semble bien connaître la société africaine on dirai.

Ginette : C'est normal. Je connais les africains mieux que quiconque pour avoir cohabité et aimé l'un d'eux pendant quarante ans.

Moi: Tu l'aimais vraiment.

Ginette : Plus que ma vie.

Moi: Et lui, il était quel genre de mari.

Elle: Doux, aimant, respectueux. Même vieux, on se tenait toujours la main. Nous aurions pu être tellement heureux avec de beaux mulâtres avec nous.

Son récit me fait penser à Karim. C'est ce dont j'avais rêvé quand je l'ai rencontré. Je m'imaginait déjà vieille à ses côtés. Comme toute adolescente, on croit toujours que le premier amour demeure.

Ginette: Mais heureusement je t'ai toi. T'es un dont du ciel.

Moi: Non c'est toi. T'es mon ange gardien. Tu es arrivée dans ma vie au moment où j'en avais le plus besoin.

Nous continuâmes à cogiter comme des folles.
Un moment, un hôtesse annonçait qu'on devait atterrir.

Moi: Déjà. Moi qui croyais que le Canada est à l'autre bout du monde.

Elle: Non, on fait juste une escale à Casablanca. On reprendra l'avion dans une heure. Profites-en pour t'acheter tout ce que tu veux, le prochain vol sera encore plus long.

Moi: Je crois que j'ai tout le nécessaire ici. Cet avion est tellement parfait.

Comme dit, nous avons passé une heure à Casablanca avant de reprendre.
Après un long périple, nous atterrissons sur Montréal épuisées, essouflées.

Pour couronner le tout, comme si cela ne suffisait pas, un froid horrible se faisait ressentir et le comble, je n'avais rien sur moi d'adapté.

Une voiture nous rejoint quelques instants après et je m'engouffre dedans comme une folle.
Elle nous dépose dans une maison encore plus luxueuxe que celle de Sukuta. Maison qui allait être maintenant mon nid, ma demeure.

Les Voix Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant