Partie 40

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Aïcha

Nous sommes en salle de réunion entrain d'attendre sagement que monsieur Niang se pointe sans voir son ombre.

Khaled: Il est passé où encore.

M. Coly: Je l'ai croisé tout à l'heure dans le couloir, je pense qu'il ne va pas tarder.

Khaled: Je l'espère.

Nous attendons encore une dizaine de minutes, mais il ne daigne toujours pas venir. Je me décide alors d'aller le voir.

J'entre dans son bureau et le trouve étendu sur son canapé, son portable posé sur sa poitrine.

Moi: Mamour.

Il sursaute, comme pris au dépourvu.

Moi: On t'attend depuis tout à l'heure.

Lui: Oh oui. Attends j'arrive.

Il se dirige vers la salle de bain. Sa mine parraît si défaite qu'on aurait dit qu'il est malade.
Je me retourne pour partir quand un détail me frappe. Son portable. Il était posé sur le canapé et l'image qui y était n'était rien d'autre qu'une photo, ma photo pour être plus clair. Je le prends, très hésitante, me posant mille et une questions.
Je ne pu m'empêcher de défiler et ma surprise était grande en remarquant qu'il y'en avait plus d'une. Et puis, une vidéo. Une vidéo dans laquelle il avait collectionné nos photos lui et moi.

Je restais debout sans savoir quoi faire ni penser. Et c'est même ainsi qu'il me trouva en revenant dans la pièce.

Lui: T'es toujours là ?

Je me retournais pour enfin lui faire face.
J'avance jusqu'à son hauteur, lui tends le téléphone et mets mes mains sur mes hanches.

Moi: Tu peux m'expliquer ?

Lui:...

Il avait la tête baissée et n'arrivait même pas à regarder les vidéos qui défilaient.

Alors là, tout commença à s'éclaircir dans ma tête. Ses attitudes bizarres, ses réflexions infondées, tout, absolument tout venait d'avoir un sens et une raison bien précise. Il était amoureux !

Moi: Mam...

Lui: Aïcha s'il te plaît.

Il prend la porte et s'en va. Sans rien y ajouter, je le suis moi aussi.

Durant la réunion et tout le reste de la journée, on ne fit que s'éviter. Même pas un regard. J'étais assez perturbée et lui semblait très affecté.
Je ne pouvais imaginer qu'il ait un quelconque sentiment envers moi à part de l'amitié. Cette amitié qu'on avait tous les deux fondé depuis le bas âge.
Enfin, moi je l'avais toujours vu comme un frère. Mon jumeau comme j'avais l'habitude de le dire. Je ne l'ai jamais regardé en tant qu'homme et je croyais que c'était pareil pour lui. D'autre part, cette situation me rappelle ce qu'il s'est passé treize ans auparavant, j'espère juste que l'histoire ne se répétera pas.
Ce qui me fait peur dans cette situation, c'est qu'elle affecte notre amitié. Je ne supporterai jamais d'être séparée encore une fois de lui. Je l'aime trop pour laisser s'effondrer tout ce qu'on a construit. Aussi, je ne veux en aucun cas le voir souffrir plus qu'il ne le fait déjà, surtout pas à cause de moi.
Là, je comprends le raisonnement de ceux qui disent que l'amitié entre deux personnes de sexe opposé est tout à fait impossible. Il y a toujours un risque que l'un des deux craque et ça fait mal si le sentiment n'est pas partagé.
Il me faut une discussion avec Mamour, impérativement. Je comprends la réaction de sa femme. Elle avait raison d'être jalouse, je la plains la pauvre !

Mamour

Je me sens bête, un imbécile, même tous ces mots ne pourraient pas me définir.
Je me suis aventuré sur un chemin dangereux en laissant mes sentiments pour Aïcha prendre cette ampleur et m'affecter autant.
Assis sur une table dans un bar, je n'ai qu'une envie, boire toutes ces bouteilles que j'ai en face de moi pour ne serait ce oublier pendant un moment mes soucis.
J'avais promis à mon frère de ne plus boire mais je n'y peux rien. Je ne pense qu'à ça à chaque fois que je vais mal.

Les Voix Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant