Partie 11

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Depuis deux minutes, je sonnais à la porte, et personne n'est venu m'ouvrir.
Je ne m'étais pas découragée et après plusieurs minutes, une fille, sûrement la bonne, vint m'ouvrir.

Moi: Mais vous êtes sourde ou quoi, depuis tout à l'heure je sonne et personne ne vient.

Elle : Écoutez, ce n'est pas vous qui allez me dire ce que je dois faire ou pas. Que voulez-vous.

Moi : Je cherche...

Un monsieur vint derrière elle, le père de famille, en réajustant son pantalon.

Moi: Ah je vois que vous étiez "très occupés "

Elle: JE NE TE PERMETS PAS...

Le monsieur vint à notre rencontre la retient par le bras et lui demande de rentrer dans la maison avant de se tourner vers moi.

Lui: Mais je vous reconnais. Vous êtes la jeune fille de la fête, celle que mon fils avait jeté dehors. Comment osez-vous revenir ici.

Moi: Monsieur, j'aimerais parler avec vous s'il vous plaît.

Lui: Je ne crois pas qu'on ait quelque chose à se dire toi et moi.

Moi: Si

Lui : S'il vous plaît, sortez de la vie de mes fils. La dernière fois que vous êtes venue, vous avez semé la zizanie entre eux. J'ai tout fait pour qu'ils se réconcilient, alors maintenant qu'ils ont enfin décidé de tourner la page, ne viens pas tout gâcher.

Moi: Mais monsieur

Lui: Il n'y a pas de mais qui tienne.

Il voulu refermer la porte mais je l'en empêche:

Moi: Monsieur, je ne sais pas pourquoi vous me détestez mais il y a une chose, un fait que ni toi ni moi ne pouvons changer.

Lui: Quoi encore ?

Moi: Il se trouve que je suis enceinte de votre fils.

Lui: Ma foi ! Tu es complètement tarée. Je savais que t'étais sans scrupules mais je ne te savais pas aussi folle. Tu crois que je vais accepter un enfant dont je ne connais même pas l'origine dans ma famille, mon œil.

Moi: Ce qui est fait est fait, je n'y suis pour rien.

Lui: Et vous voulez porter le chapeau à qui ?

Moi: Je n'accuse personne, je dis juste la vérité.

Il sorti de sa poche une liasse de billet qu'il me jetta à la figure.

Lui: Si c'est ce que vous voulez, prenez le et dégagez de chez moi. Ne revenez plus jamais. Mes fils sont bien tranquilles aux États-Unis et font leurs études. Ne songez pas à les déranger.

Il tira sa porte et la referma.
Décidément, ils sont tous pareils la famille Niang. Tous des imbéciles et des sans cœur.
Je me demande comment est-ce que j'ai pu tomber amoureuse de l'un d'eux, nouer une amitié avec l'autre.

Je me dirige vers l'arrêt de bus pour rentrer à Grand Mbao.
Arrivée à la maison, je vois tous mes bagages éparpillées dehors dans la cour.

Je vais dans la chambre de Tata Fama et la trouve assise sur le lit.

Moi: Tata...

Elle: écoutes, j'aimerais bien te garder car tu fais bien ton travail, mais mon mari n'est pas d'accord, il dit qu'on a pas les moyens de nourrir une bouche de plus. Je suis désolée mais tu vas devoir partir.

Moi: Mais, je...

Elle: Il n'y a pas de mais qui tienne, tu es virée. Et puis quoi, je ne suis pas ta mère moi. Est-ce que tu me vois m'occuper d'une femme enceinte en plus des lourdes tâches que j'ai. Et puis ton éducation et celle de mes enfants ne sont pas pareils. Je ne veux pas que tu les influence.
Tu es allée dénicher une grossesse je ne sais où, vas te débrouiller toute seule et ne m'emmerde pas.

Après ces dernières paroles, je n'eut rien à y ajouter.
Elle me tend des billets et me dit

Elle: Voici 30000, je t'offre les 5000 que t'avais pris sur ton salaire. Sur ce bon courage.

Avec le peu d'estime qui me restait, je vais ramasser mes affaires qui étaient composées de deux chemises et une jupe que j'avais pris à la friperie ,je les mets dans un sachet en plastique et m'en vais.
Les deux petits me regardaient avec pitié, sans doute ils sentaient qu'ils n'allaient plus jamais me revoir. Au cours de mon séjour ici, ils avaient fini par s'attacher à moi et moi à eux, ils vont vraiment me manquer.

Encore une fois, je me retrouve à la rue, sans destination certaine. Ce qui est sûr, c'est que cette fois-ci, je ne vais plus demander à qui que ce soit de m'aider. Pas même mon frère.
Je ne veux plus jamais inspirer la répugnance. Je ne veux plus jamais qu'on me prenne de haut encore moins être humiliée.
Je suis décidée à devenir une femme indépendante et fière.
J'assumerai ma grossesse et m'occuperai de mon enfant. Il ne manquera rien avec moi, pas même la présence de son père.
Ce père, je compte le rayer de ma vie, comme je l'ai fait avec le mien. Parce qu'à la fin, je n'en serai pas là si je ne l'avais pas rencontré, s'il ne m'avait pas abandonné au moment où j'avais le plus besoin de lui.

Mes pieds me mènent à Pikine, dans cette grande gare routière qui a été témoin de départs heureux comme malheureux.
Je m'assois sur une petite pierre que je trouve par terre, les mains sur le visage.
Tout d'un coup, j'entends un garçon mal habillé et tout sale dire " Gambie, le bus de Gambie, 10000 leu"
La solution me vint tout d'un coup à l'esprit. Oui, partir, partir de ce pays de merde et pleins de vautours .Ceux là qui ne comprennent pas qu'un jeune doit être assisté quand il a fauté au lieu de d'être jugée. Qu'il doit être éduqué et conseillé sur tous les plans, qu'il doit avoir l'appui de ses parents et de la société à chaque fois qu'un danger le guette au lieu d'être rejetée.
Je monte dans le bus et m'installe.
Quelques minutes plus tard, il était déjà plein et nous nous mettons en route.
Je quitte ainsi ma terre natale pour aller conquérir d'autres horizons, j'espère juste que je n'y souffrirai pas comme je l'ai fait ici.

Les Voix Du CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant