Les âmes indigènes [Les âmes vagabondes Fanfic]

Chapitre 6

Nous sommes restés un long moment l'un contre l'autre, à s'écouter respirer. Nous nous étions déplacé plus en arrière, contre la paroi du fond, où se trouvaient nos oreillers. Ici, il faisait moins sombre, et je voyais plutôt bien mon environnement immédiat, même si c'était en noir et blanc. Qu'il ne fasse pas complètement noir ne m'empêchait pas de dormir, mais ce soir, j'avais autre chose en tête.

C'est Ian, comme bien souvent, qui a rompu le silence. Il chuchotait si bas que je captais à peine ses paroles.

« Et bien, Vagabonde, que voudrais-tu... Explorer ? Ce soir ? »

Mon cœur s'est soudain emballé dans ma poitrine. Nous y étions. Je me suis redressée, et il a fait de même. Mes mains tremblaient légèrement, ce qu'il a sûrement remarqué, mais il n'a rien dit. Très timidement, j'ai glissé mes paumes sous son T-shirt déchiré, qui lui servait de pyjama pour cette raison. La peau de son ventre était douce et chaude, et j'ai soupiré d'aise.

Avec des gestes très lents, très précautionneux, comme si j'étais un animal sauvage qu'il ne fallait surtout pas effrayer, Ian a saisit le bas du vêtement et l'a passé par-dessus sa tête, offrant son torse nu à ma contemplation. Oh, bien sûr, je l'avais déjà admirer sans son haut bien plus d'une fois, surtout lorsqu'il travaillait aux champs, mais c'était différent, alors, car tout le monde pouvait le voir.

Ce soir, au contraire, j'étais la seule à profiter du spectacle. C'était la première fois que je l'avais pour moi seule, la première fois également qu'enlever son T-shirt ne relevait pas d'un problème pratique. Quand il travaillait, Ian se mettait torse nu car il avait trop chaud, qu'il transpirait. Ce soir, c'était pour moi, et uniquement pour moi. Cette pensée seule a suffit à déclencher un frisson au fond de mon ventre, puis au creux de mon dos.

Il était beau, c'était indéniable. Bien que fin et élancé, le travail avait sculpté ses muscles avec précision, et je pouvais en suivre les contours. La pleine lune qui filtrait par le toit de notre chambre créait un jeu d'ombres et de lumières sur sa peau, palotte sous son hâle naturel. Quel étrange et superbe contraste...

Mes doigts hésitaient, posés sur son abdomen. Avec douceur, ses mains ont pris les miennes et il les a doucement guidées plus haut, vers son torse. Ses yeux étaient clos, et il respirait profondément. Légère comme un papillon, j'ai suivi la forme des muscles, les creux et les bosses légères de l'épiderme. Je l'ai senti frissonner sous mon toucher, et un sentiment diffus de satisfaction s'est épanoui en moi. Parce que c'était moi qui avait provoqué ce frisson, en l'effleurant à peine. Je n'osais imaginais ce que je pouvais provoquer d'autre, moi, Vagabonde, l'âme, l'alien.

Les âmes sont bonnes, gentilles, serviables. C'est dans notre nature, cela nous fait plaisir et nous rend heureuses. Mais ça... Ce sentiment d'exclusivité... Savoir que j'étais la seule à pouvoir déclencher ces réactions était grisant. J'aimais ça. Etais-ce égoïste ? Je n'avais pas envie d'y penser pour le moment.

J'ai caressé le galbe de ses épaules, longé le bord saillant de sa clavicule, entièrement concentrée sur lui. Puis mes mains ont encerclées son cou, sont remontés pour tenir son visage au creux de mes paumes. Ian a ouvert ses paupières, a plongé ses yeux dans les miens.

J'aurais voulu lui dire « Je t'aime », mais ça n'aurait servi à rien. Tous les mots du monde étaient transmis par nos regards. Ses yeux étaient profonds comme l'océan, infinis comme le vaste ciel. Je m'y plongeais, je m'y noyais... Je m'y épanouissais.

Ian s'est doucement penché vers moi, me signifiant qu'il allait m'embrasser, et quelques instants plus tard, sa bouche était contre la mienne. Mais ce baiser était définitivement différent de tous ceux que nous avions échangés, différents même du premier qu'il m'avait donné lorsque je m'étais réveillée dans mon nouveau corps. C'était ardent, brûlant de désir. Ses lèvres étaient presque abruptes sur les miennes, ses mains me serraient contre lui, et les miennes n'en faisaient pas moins, agrippant sa peau comme pour le fondre en moi.

Ce baiser ressemblait à celui de Jared... Une pensée que je n'aurais pas dû avoir, et que j'ai vite chassée, sans difficulté, car il n'y avait que Ian. Ian, Ian, Ian, partout. Nos corps se moulaient l'un contre l'autre, nos souffles étaient heurtés, et j'aurais eu de la peine à définir où commençait son corps et où se terminait le mien. Ce n'était que chaleur et passion. Chaque geste, chaque souffle, chaque frisson exprimait le désir et l'amour. C'était plus intense que tout ce que j'avais connu dans toutes mes vies.

C'était ma place. Là, contre Ian.

C'était ma place. 

***********************************************************************************************Hello! Chapitre un peu différent cette fois, on détaille la relation entre Ian et Gaby... J'espère que cela plaît aux lecteurs égarés qui atterriront ici ^^'