Les âmes indigènes [Les âmes vagabondes Fanfic]

Chapitre 3

La journée passa vite, et me donna matière à réflexion. Pour autant, je n'étais pas arrivée au bout de mes peines, ni de mes surprises.

J'ai retrouvé Ian pour le dîner. Il était passé par la salle des rivières avant de venir, ce dont témoignait ses cheveux humides. Je savais qu'il avait travaillé sur les parcelles aujourd'hui, qui avaient soufferts du manque de lumière consécutif aux pluies subies ces dernières semaines. 
Jamie était avec nous, Mel et Jared non loin. Mon petit monde réuni autour de moi.

Jamais babillait comme jamais, ce soir. Il avait eu une longue journée d'école avec Sharon, et ces leçons quotidiennes commençaient à lui peser. Mon Jamie était un adolescent, à présent, et il aspirait à se rendre utile, à marcher parmi les hommes et non plus a s'asseoir avec les plus jeunes.

Lorsqu'à la fin de repas, Doc a demandé l'attention de l'assemblée, tout un chacun semblait surpris. Candy se tenait à côté de lui, légèrement en retrait, et j'en ai déduit qu'ils voulaient nous parler de quelque chose de médical. J'ai froncé les sourcils. Quelqu'un était-il malade ? J'ai parcouru l'assemblée des yeux, rapidement, mais personne ne semblait manquer à l'appel...

« Bien, bien, merci à tous pour votre attention ! »A entamé Doc. « Le sujet de ce soir est un peu... Délicat, mais il me faut l'aborder avec vous. En effet, des personnes grandissent, dans ces grottes (Doc adressa une œillade à Jamie), des couples se forment, des adultes... S'amusent. »

J'ai froncé les sourcils davantage. J'avais peur de trop bien savoir où tout cela allait mener. Mel, elle, avait déjà compris, et elle m'a regardé avec un regard amusé. Cette journée ne sortait pas du thème initial.

« Aussi, poursuivit Doc, je vous dois, jeunes gens, de vous parler de contraception ! »

Il y eu quelques grognements et des rires gênés dans l'assistance, mais personne ne protesta tout haut, et tout le monde écouta sagement la suite du discours. Après tout, Doc était pragmatique, ce n'était que du bon sens.

Derrière lui, Candy s'est rapprochée, une boite entre les mains, un sachet posé dessus.

« Vous le savez, nous serions capable de gérer la naissance d'un enfant ici, nous l'avons déjà fait. Mais faire un enfant doit être un acte réfléchi, mesuré, véritablement désiré, surtout dans le monde que nous connaissons actuellement. On ne peut pas se permettre de donner la vie par « accident ». Pour éviter les accidents, donc, nous avons réussi à récupérer ces dispositifs, très pratiques. »

Candy ouvrit le petit sac, y plongea la main et en retira un petit sachet marqué de l'inscription « PAS-BEBE ». Cela avait le mérite d'être clair. Petty n'avait pas l'expérience de ce genre d'objets, mais par les souvenirs de Mélanie, je me doutais que Candy nous présentait un préservatif, version âme.

C'est d'ailleurs elle qui a poursuivi :

« Préservatif ! » A-t-elle effectivement annoncé en brandissant l'objet. « C'est un modèle mit au point par les âmes : aucun risque de déchirure, très fin, il est pensé pour qu'on ne le sente pas. C'est une taille unique, la matière s'adapte automatiquement et de façon dynamique. Je vais vous en distribuer à tous, et ils resteront en libre disposition à l'infirmerie. Je passerais en classe faire la démonstration aux plus jeunes. »

Je me suis mordu la lèvre. Même si Jamie était dans l'adolescence, et que quelques autres enfants s'en rapprochaient, je les voyais mal coucher avec qui que ce soit dans ces grottes. Mais après tout... N'y avait-il pas un vieux dicton humain qui proclamait « Mieux vaut prévenir que guérir » ?

« Ensuite, pour ceux qui veulent une situation plus durable, j'ai ces petites pilules. » Elle a dévissé la boite, révélant de minuscules pastilles vertes.

« J'ai dis ceux, et non pas celles, car ces petites merveilles peuvent être prises par les hommes autant que par les femmes. Elles assurent 1 mois de protection, et je conseille que les deux partenaires en prennent, par précaution. Aucun effet secondaire. Mais il faut bien penser à en reprendre une chaque mois, c'est pourquoi je tiendrais un petit registre à l'infirmerie. »

Candy avait gardé cette habitude des âmes de tout ranger, catégoriser, répertorier. En l'occurrence, cela n'était pas plus mal. Et cette nouvelle tâche l'occuperait un peu. Nous avions pris des stylos et du papier lors du dernier raid, mais on éviter de les utiliser pour juste dessiner, par exemple, cela lui donnerait une occasion de s'en servir.

Pendant encore quelques minutes, nos deux soigneurs développèrent leur sujet, mais je n'écoutais plus. Finalement, cette réunion tombait bien. J'avais été presque inconsciente de penser à ce que je désirais faire avec Ian, avant même de penser à comment me protéger de ce qu'il pourrait en découler. Je n'étais clairement pas décidée à être mère, que ce soit pour une espèce ou pour l'autre. D'ailleurs, je n'étais pas sûre que ce corps aurait bien supporté une grossesse. Il était si petit, les hanches si étroites !

Lorsque nous fument autorisés à nous disperser, j'ai exprimé le désir de ranger les couverts et de nettoyer les tables avant de m'en aller. Ian n'a rien dit, y voyant, comme toujours, mon côté âme qui ressortait. Il m'a aidé à tout mettre en ordre, mais je pouvais voir à quel point il était las. Il semblait alerte, pourtant.

Une fois notre besogne terminée, tout le monde était parti rejoindre sa chambre, et il ne restait que nous. Je me suis assise sur un banc, et j'ai tiré Ian à côté de moi.

« Tu vas bien ? » Ai-je demandé. « Tu as été si silencieux, ce soir ! »

« Excuse moi, ma Vagabonde. » Il a embrassé mes cheveux . « J'ai eu une longue, morne, répétitive journée. Je suis courbaturé, à vrai dire. Et je n'ai pas eu de temps seul avec toi ». Ces derniers mots furent accompagnés d'une caresse sur ma joue et d'un sourire tendre. Cela ressemblait plus au Ian que je connaissais.

«D'accord, mais tu vas devoir attendre encore un peu avant de t'allonger sur le matelas. Il faut que nous réglions une chose très importante. »

J'avais pris mon air le plus sérieux, et il m'a lancé un regard interrogatif. Sans lui répondre, j'ai saisi sa main, et je l'ai emmené derrière moi, vers le tunnel sud.