Les âmes indigènes [Les âmes vagabondes Fanfic]

Epilogue: partie 1/3.

Le premier rayon de soleil de la journée me réveilla, en tombant avec précision sur ma paupière.

Je n'en fus pas agacée. Le soleil était une chose trop merveilleuse, qui m'avait manqué dans les grottes. Je m'étirai en baillant sous ma couette, savourant la sensation de chaleur qui s'étirait maintenant sur ma joue. Mes orteils rencontrèrent la jambe de Kyle, qui somnolait encore. Le contact avec ma peau froide acheva cependant de le tirer du sommeil, et il grogna.

- Arrête de gigoter, Soleil, dit-il entre ses dents.

Et il attrapa mon oreiller pour le mettre sur sa tête.

J'étais tout à fait réveillée, maintenant, et je savais que je ne me rendormirais pas. Je me tournai sur le côté, et posai ma tête sur le torse de Kyle. Sa poitrine se soulevait au rythme de ses respirations et son odeur me montait à la tête. Pourquoi les humains se parfumaient-ils donc ? La simple odeur de leur peau pouvait être si délicieuse à nos sens...

- Viens voir le soleil se lever avec moi, plaidai-je.

D'ici à ce que Kyle se lève, le spectacle serait déjà terminé, mais un soleil tout juste levé restait quelque chose de beau et d'apaisant à contempler. Je savais que le ciel se parerait de belles couleurs, qui seraient reflétées par l'eau tranquille du lac.

Comme Kyle ne répondait pas, je soulevai l'oreiller avec douceur, et fut récompensée par son regard noir. Il grogna de nouveau et se releva sur un coude, laissant retomber l'oreiller sur le matelas. Il tendit son bras vers moi, et je crus un instant qu'il allait simplement me repousser, mais bien au contraire, il m'attira à lui, et je m'effondrais sur Kyle, qui planta un baiser abrupt dans mes cheveux.

- Je descends si tu prépares le café, contra-t-il en se recouchant.

- Accordé !

Et, rayonnante, je tâtonnai jusqu'à trouver l'échelle qui me permettrait de descendre du lit. Je n'aimais pas vraiment le café, mais je m'étais découverte une étrange addiction pour le breuvage. Je me rappelai que Jodi pouvait en boire des litres, et je supposai que cela expliquait la chose.

Il faisait sombre, dans le reste du camping car. En quelques gestes, j'écartai les rideaux pour laisser entrer la lumière, et commençai à m'activer. Le véhicule était beaucoup plus spacieux que ceux qui existaient dans la mémoire de Jodi : nous avions ici un camping-car de la dernière technologie, à l'espace optimisé au maximum, et qui possédait un petit bouton qui lui permettait de se plier et de se déplier, comme un jouet d'enfant, les pièces étant dessinées pour s'emboîter à la perfection les unes dans les autres.

C'était devenu mon monde. La petite cuisine fonctionnelle, le lit en hauteur dans lequel on ne pouvait se tenir debout, les banquettes moelleuses près de la fenêtre, la petite salle de bain... Ce n'était pas inconfortable, c'était comme un cocon, un nid douillet d'amour qui représentait tout ce que j'avais toujours espéré.

Moi, je voulais juste vivre ma vie avec Kyle.

C'était chose faite.

J'avais abordé le sujet avec Kyle le soir des funérailles de Maggie et de Sharon. Le discours de Grâce avait éveillé quelque chose en moi, et je me devais d'en faire part à Kyle. Je m'étais attendue à des heures d'argumentation et de supplications, mais Kyle avait adoré mon idée. J'avais probablement sous-estimé sa répugnance à rester enfermé, et sa soif d'aventures. Oh, notre entreprise n'était dépourvue ni de danger ni de difficultés, mais ensemble, tout nous semblait possible.

Kyle descendit l'échelle avec lenteur, les cheveux ébouriffés. Je lui tendis sa tasse de café, et il m'attira à lui de nouveau. Il n'y avait plus que nous deux désormais, et Kyle était plus démonstratif que jamais. J'aimais ça. J'aimais qu'il me dévore des yeux, j'aimais qu'il m'embrasse sans raison, j'aimais simplement cette vie que nous menions tous les deux, comme si nous étions seuls au monde.