Chapitre 2 (4/4)

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— Tu ne vas quand même t'y mettre toi aussi !, hurla-t-elle après son frère.

La mauvaise humeur d'Anne se faisait de plus en plus épuisante. Aymar lui intima donc d'un regard prononcé de tenir sa langue une bonne fois pour toute. Anne serra à nouveau ses poings voyant que son frère n'en démordrait pas. Elle jeta un regard méprisant en direction de Garance puis, mécontente, donna un coup de pied dans l'une des pierres au sol. Enfin assuré qu'elle se tairait, il poursuivit ses explications.

Cette nuit-là, un petit groupe s'était apparemment glissé en douce dans la tombe avant d'enfermer Anne dans la pseudo-bibliothèque qu'elle s'était constituée. Situé dans l'une des trois annexes, la Beaumont avait préféré la lecture à la surveillance de la crypte. Ce groupe s'était ensuite dirigé vers la chambre à l'arrière de la salle où il avait enfoncé le mur du fond, provoquant d'autres destructions dans le même temps. Sur ce mur se trouvait une tapisserie qui avait fait la fierté de leurs parents. La négligence volontaire d'Anne avait provoqué la perte d'un trésor de famille inestimable et c'était pour cette raison que la fratrie s'entre-déchirait depuis ces trois derniers jours.

Face à eux, Garance n'en croyait pas ses oreilles.

Tout ce vacarme pour un vulgaire décor mural...

— J'espère que c'est une plaisanterie.

— Je crains fort que non ma Dame. Vous m'en voyez hélas navré... Mais si je puis me permettre, je crois que cet incident a révélé quelque chose qui pourrait se montrer d'un probable intérêt pour vous.

— Et quoi donc ? demanda-t-elle, dubitative.

— Vous verrez. Suivez-moi je vous prie.

Aymar s'éloigna de Garance et partit en direction de la chambre mortuaire. Sur son chemin, le caveau central où étaient enterrés les tout premiers Beaumont, lui barrait la route. Plutôt que de le contourner, il passa au travers comme si de rien était. Anne et Guillaume le suivirent sans dire un mot. Aymar traversa ensuite la porte du fond, son frère et sa sœur sur les talons.

Garance demeurait prudente. Les Beaumont avaient cette manie de se montrer imprévisibles en toutes circonstances, bien plus encore que certains vivants. Mais qui savait, peut-être qu'avec un peu de chance, ils se montreraient plus conciliants pour le reste de la nuit. Elle franchit rapidement la distance qui la séparait d'eux.

Garance constata que la porte en bois de l'annexe avait été fracturé. La serrure était toujours verrouillée et fixée fermement au mur. Le reste de la porte, fragilisé, se baladait librement sur ses gonds. Elle poussa le battant de sa main droite et entra à son tour dans la pièce. Garance cala la porte contre le mur en rapprochant une des quelques pierres disséminées sur le sol. Elle jeta un rapide coup d'œil au plafond. Certaines voûtes très abîmées menaçaient de s'effondrer. Les murs étaient lézardés par endroits tout en étant couvert d'une fine couche de poussière.

La porte grande ouverte, une partie de la lumière des braseros fut en mesure d'atteindre l'annexe. Cette chambre funéraire contenait deux caveaux joliment façonnés, disposés chacun aux extrémités de la pièce, à la droite et à la gauche de Garance. Des coffres de bois ouvragés, statuettes en bronze, livres manuscrits et divers autres objets précieux étaient entassés au pied de ces tombes.

Aymar se tenait devant elle les mains croisées derrière son dos. Derrière lui se trouvait l'ouverture nouvellement créée, dont il avait parlé quelques minutes avant. Anne et Guillaume étaient assis sur un des coffres. Les jambes croisés et leur tête soutenue par leurs bras, ils observaient leur frère et la mage interagir. Garance s'avança jusqu'à la limite du mur. Elle se pencha légèrement avant d'écarquiller lentement les yeux de surprise.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant