Chapitre 18 (1/4)

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Ils avaient réunis tout le monde dans la cour de l'hôtel. La majorité des soldats esseniens se trouvait massée dans l'avenue juste devant l'entrée principale du bâtiment. Seule une demie-douzaine de chevaliers avait accompagné leur supérieur dans l'enceinte. D'une forte voix, Thralond déclama alors d'un air quasi solennel les nouvelles directives que cette maisonnée se devrait désormais de suivre.

— Bien. Comme notre bon roi l'a ordonné, vous êtes tous confinés dans vos quartiers et, jusqu'à nouvel ordre, vos portes demeureront closes. Mes hommes, ici présents, monteront la garde autour de votre hôtel jusqu'à votre départ. Vos domestiques pourront sortir dans le cadre de leurs tâches quotidiennes sous la surveillance permanente de mes hommes. Sachez que le moindre écart de conduite sera directement rapporté au roi.

Il dévisagea Sinclair une dernière fois puis se dirigea vers la sortie en compagnie de ses soldats. Une fois dehors, et juste avant que la porte charretière soit entièrement close, il déclama :

— Messieurs, à vos postes. Et bon courage.

Dans la cour, Irvirn, l'officier supérieur parmi les légionnaires, regarda Sinclair d'un air quelque peu abasourdi. Les expressions de ses collègues n'étaient guère différentes de la sienne.

— Commandant ? Qu'est-ce que...

— Verrouillez les portes, je vous prie. Je vais tout vous expliquer.

Justinien, en possession des clés ce jour-là, s'exécuta sur-le-champ. De l'autre-côté, en entendant la clé tourner dans la serrure, les commentaires ne se firent pas attendre.

— C'est cela, mes petits. Fermez bien votre cage à poule !

Ce commentaire fut suivi d'une série de rires prononcés que les habitants de Portelune se firent une joie d'ignorer. Les légionnaires se réunirent face à leurs supérieurs. Sinclair inspira profondément avant de prendre la parole, comme s'il cherchait à prendre le temps de se donner un peu de courage. Il haussa un peu le ton, de de sorte à être entendu de tous.

— Je vais être bref donc écoutez-moi attentivement. Le roi sait pour nos "petits arrangements" avec les contrebandiers et il est aussi au courant pour les différentes attaques dans les royaumes de Mirbre et de Ranaes. Ce faisant, il a déclaré que nous dépassions les bornes. La Légion est donc bannie de l'Essenie. Nous avons jusqu'à vendredi pour quitter la capitale.

De nombreux hoquets de surprise se firent entendre un peu partout, tant chez les légionnaires que chez les domestiques qui s'étaient rapprochés de la cour à la suite de l'annonce tonitruante de Baldwin Thralond.

Louise se trouvait à l'entrée du hall avec Emile dans les bras de son père, juste à sa droite. Sentant l'inquiétude grandissante de son épouse, ce dernier passa un bras autour de sa taille puis la serra contre son flanc. Il embrassa son front.

— Ne t'en fais pas, Louise. Tout ira bien.

— Mais...

— Fais-moi confiance. Tout ira bien, d'accord ? insista doucement William en souriant.

Elle ne lui répondit pas et l'enlaça en silence, un air maussade sur le visage.

Au centre de la cour, Maric se chargea de poser tout haut la première question qui était venue à l'esprit de Louise, tout comme à celui de tous les autres habitants de la bâtisse.

— Mais où irons-nous, Commandant ? Et la forteresse Mérina, au nord ?

— Ils seront mis au courant en temps voulu. Pour ce qui est des effectifs de Portelune, nous rentrerons à la capitale du Domaine, à Hautelune.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant