Chapitre 8 (4/5)

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Arrivé à leur niveau, l'homme s'inclina légèrement.

— Seigneur Mortis. Je me nomme Cillien et j'apporte un message urgent de la part de la Diath Aelidis et de son Excellence, la Matriarche Héloïse.

— Bienvenue. Suivez-moi.

Le commandant s'avança vers le hall d'entrée, suivi de près par Garance et l'émissaire de la Diath. Ils atteignirent rapidement son bureau. Une fois à l'intérieur, Sinclair tira les épais rideaux des fenêtres, plongeant les lieux dans la pénombre. D'un claquement de doigts, il alluma les différents chandeliers dispersés dans la pièce, ce qui ne manqua pas de faire sursauter leur visiteur. Il s'installa ensuite dans son fauteuil, derrière son bureau. Sinclair croisa les jambes et posa ses bras sur les accoudoirs de son siège. Soucieux de la venue de cet homme, il craignait de perdre les quelques derniers soutiens qu'il lui restait.

Après avoir refermé la porte, Garance s'adossa contre un meuble, juste à la droite de son père. Le messager, lui, resta debout face au commandant et fut le premier à parler.

— En temps que secrétaire personnel de la Diath, j'ai été chargé de porter un message à votre connaissance, un message oral, plus précisément.

— Qu'en est-il ?

— Tout d'abord, nos deux ordres ont toujours travaillé conjointement afin de nous assurer au mieux que les Noirelames ne troublent pas trop la population, pas plus qu'elle ne l'est déjà en tous les cas, et, jusqu'à présent, cette coopération et cette surveillance, si je puis dire, avaient porté leurs fruits. Comme convenu avec votre fille, nous revenons donc vers vous concernant cette disparition suspecte qui eut lieu en début de semaine dans la nuit de dimanche à lundi. (Il tourna son visage vers Garance.) Les deux prêtresses que vous avez croisées ont naturellement fait part de votre demande à la Diath et n'ont pas omis de mentionner le jeune garçon à son origine. (Il fit de nouveau face à Sinclair.) La Diath vous fait dire, qu'interpellée, elle a tenu à l'entendre en personne. Alarmée par ce témoignage, elle ordonna ensuite au personnel en charge des bas-quartiers de demeurer attentif et de tendre l'oreille au moindre trouble, à la moindre...dissonance dans le quotidien. Rien d'étrange ou de particulièrement inhabituel ne  fut à déplorer dans les jours qui suivirent, jusqu'à hier. Ce vendredi, au petit matin, nous avons appris que, dans la nuit, trois autres familles avaient eu à déplorer des disparitons en des circonstances similaires. Un homme serait venu frapper à la porte de ces familles, avec un des deux parents malades, plusieurs enfants en bas âge, et dans l'impossibilité de payer une quelconque forme de traitement.

Les visages de Sinclair et Garance se durcirent. Cillien poursuivit.

— D'après ce que les enfants nous ont dit, le scénario fut le même dans chacune des maisonnées avec l'homme en question proposant un travail à effectuer dans les souterrains le temps d'une nuit en échange d'une somme conséquente. En tous cas, soi-disant suffisante pour acheter un remède capable de soigner l'époux ou l'épouse affligé par la maladie... Et comme avec le jeune Dacien, aucun des parents n'est revenu depuis... Voilà... C'est tout ce que je puis dire sur cette affaire.

Le commandant laissa s'échapper un long soupir. Garance avait porté sa main au niveau de sa bouche. Elle réfléchit à voix haute.

— Il cible les plus fragiles, ceux qu'il estime qu'ils ne manqueront à personne. Mais dans quel but ? A-t-il réellement besoin de main d'oeuvre ou n'est-ce là qu'un leurre ?

Garance se souvint alors d'un autre détail qui avait attiré son attention en début de semaine.

— Cillien, les gens ont-ils fait mention d'un élément physique particulier chez cet individu, comme la couleur de ses yeux ?

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant