Toi qui apportes la nuit

Chapitre 16 (1/3)

Les Veilleurs passeraient la main à la garde dans une petite heure. Au loin, à l'est, les premiers rayons du soleil, sous la forme d'une fine ligne de lumière, commençaient à border l'horizon.

Cette nuit avait été plus calme que d'ordinaire. Les Noirelames, habituellement actifs aux alentours du port, s'étaient fait discrets depuis quelques jours. Le capitaine Berort avait trouvé cela des plus étranges mais il préféra ne pas s'y intéresser de trop près. Les contrebandiers agissaient depuis les souterrains tout comme la Légion. Les Chevaliers noirs avaient peut-être quelque chose à voir avec ce soudain changement d'ambiance. Il espérait seulement que rien de trop grave ne s'y tramait.

L'officier avait bien conscience des tensions actuelles. Il avait la certitude que Sinclair et les siens devraient quitter la capitale et le royaume, au mieux d'ici la fin de l'année, et au pire, probablement d'ici la fin du mois. Malgré toute l'amitié qu'il avait pour lui, si Edwald décidait de les bannir, chose qui n'était plus qu'une question de temps, il devrait se ranger aux côtés de son souverain. Et cela ne l'enchantait guère.

Soupirant longuement, il resserra l'épaisse cape en laine autour de ses épaules. Encore quelques directives à donner et il pourrait rentrer chez lui auprès de sa famille dans la haute-ville.

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Au cœur de la capitale, dans les beaux quartiers, Calderon remontait l'avenue des Montoineaux. Une lanterne dans la main droite, il observait calmement les environs. Menant au palais royal, cette voie accueillait les maisons et hôtels particuliers des notables les plus importants de la cité. La majeure partie des habitants dormait encore ; il y avait peu de lumière aux fenêtres.

Il passa devant un premier carrefour. La rue à sa droite menait au cimetière St-Valantoix, réservé aux élites de la cité. C'est aussi ici que se trouvait une série de galeries et d'escaliers menant aux souterrains. Contrairement à d'autres, cette entrée était connue des gardes et était donc surveillée continuellement.

Une cinquantaine de mètres plus loin, il déboucha sur une place importante de la capitale. Une statue en marbre blanc d'Hervrain de Malaure, fondateur du royaume d'Essenie, se trouvait au centre. Vêtu d'une armure et d'une épaisse cape en fourrure, il toisait du regard quiconque s'approchait.

Derrière, à l'autre bout de la place ovale aux larges dalles, un immense bâtiment occultait la statue de sa prestance, le Sanctuaire des Trois. Le bâtiment suivait un plan rectangulaire et était capable d'accueillir jusqu'à huit cent personnes lors des offices.

Son toit en ardoise était agrémenté d'une coupole à tambour cylindrique et d'une flèche, donnant à la bâtisse une hauteur de près de cent cinquante mètres. En longueur, le sanctuaire atteignait presque les deux cent cinquante mètres. De nombreux contreforts et arcs boutants aidaient à soutenir la pression de l'ensemble. De par la proximité avec l'océan de Pranamante, la multitude des gargouilles qui ornait la toiture était présentée sous les traits de créatures marines, tels que des serpents de mer ou des sirènes.

Les vitraux de part et d'autres du lieu illustraient de nombreuses histoires tirées des textes sacrés, les Trois en étant les éléments centraux. Les autres divinités, dont le culte s'était fait moins important avec le temps, se trouvaient aussi dépeint sur les verrières, en particulier celles de la galerie située juste sous la coupole.

La façade était composée de trois portails d'entrée, chacun surplombé d'un tympan sculpté. Lilua, représentée au centre en sa qualité de médiatrice divine, avait son premier frère, Aelleon, à sa droite et son second frère, Lothrean, à sa gauche. Plusieurs autres statues décoraient la façade et le pourtour des entrées. Il s'agissait en grande majorité des divinités mineures du panthéon ; le reste montraient quelques saints et autres héros.