Chapitre 16 (3/3)

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Le souvenir était flou mais encore assez vivace dans son esprit pour faire monter en lui un torrent d'émotions, allant de la tristesse à la haine. L'Archonte serra les poings et la mâchoire de colère.

— Maudits soyez-vous...tous autant que vous êtes.

Cela faisait si longtemps qu'il ne faisait plus l'unanimité chez ses frères et sœurs.

Il rouvrit les yeux lentement puis soupira.

— Ils te sont toujours aussi dévoués... dit-il d'une voix lasse.

Il se mordit la lèvre.

Comment avait-il pu être possible que, lui, un des plus puissants Archontes à avoir foulé ces terres, se retrouve dans un tel état de faiblesse ? Quelles conditions avaient donc permis cela ?

La confusion et la frustration étaient immenses. Il avait goûté au pouvoir, le plus inégalé qui soit, et il était là, piégé et impuissant. Face à Garance, il avait tâché de garder cela pour lui, d'en masquer le plus possible. Son orgueil le lui avait interdit.

Il l'avait senti très intriguée et il s'en réjouit fortement. Depuis toujours, il ne supportait pas être entouré d'imbéciles, encore plus s'ils étaient du genre à avoir l'esprit étriqué.

Mais pour le moment, moins elle en savait et mieux ils se porteraient, une telle curiosité pouvant s'avérer être à double-tranchant, tant pour lui que pour elle.

En dépit de ces faiblesses, de ces difficultés, il était prêt à la guider jusqu'à lui. A nouveau, il n'avait pas le choix. Si seulement elle voulait bien se laisser convaincre de l'aider, une bonne fois pour toute. La méfiance était encore trop présente à son goût.

Comme il regrettait cette époque où les Mortis, tout comme les Markheim avant eux, avait été presque près à tout pour satisfaire la plupart de ses demandes.

Cet Âge révolu l'amena à évoquer un autre point d'intérêt, les "promesses de sang", les Aeseithild. Au fil des millénaires, les humains avait déformé l'usage de ces antiques sortilèges datant de l'époque ashéenne, trop faibles qu'ils avaient été pour en saisir pleinement le sens, l'ampleur de la dévotion. Ce qui avait un jour été la marque d'une profonde loyauté à leur égard s'était transformé en un contrat d'esclave, en une vulgaire malédiction. Quelle ne fut pas alors sa surprise de voir une humaine parvenir à en comprendre et à en maîtriser le concept profond.

— Mortelle, oui, mais humaine ? (Il sourit.) Pas tant que cela, si mes souvenirs sont bons...


*****


Perdu dans les brumes de l'entre-deux, il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis ce jour. Il était comme endormi, perdu dans un océan de noirceur qu'aucune lumière ne semblait pouvoir atteindre. Sa conscience oscillait entre éveil et torpeur. son corps lui paraissait lourd, comme s'il flottait, prisonnier des profondeurs de l'océan.

— Vous m'entendez ! ?

A nouveau, cette voix.

Et à nouveau, sa conscience s'éveilla.

— Silence. Ne sais-tu pas qu'il est impoli d'interrompre un Archonte durant sa sieste ?

— Oh, Sa Grandeur veut dormir ? Et moi qui pensais que vous préfériez sortir d'ici...

Le ton de cette femme l'agaça. Pour qui se prenait-elle ?

— Tsk... Et pourquoi devrais-je te faire confiance, mortelle ? Votre utilité laisse quelque peu à désirer ces derniers temps.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant