Chapitre 2 (2/4)

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À la vue de la scène, la jeune femme ne put retenir un sourire. Elle secoua légèrement la tête. Elles les trouvait ridicules. Si une bande de paysans ainsi armés suffisait à régler les problèmes de ce type, cela ferait déjà bien longtemps que la Légion aurait mis la clé sous la porte.

À quelques mètres d'eux, Garance les interpella.

— Tout va bien ?

Ne l'ayant pas entendue s'approcher, certains sursautèrent. Ils se tournèrent vers Garance tout en pointant leurs outils dans sa direction. Elle essaya de les rassurer.

— Eh, doucement. On se calme.

— Mam'zelle Mortis !

Un des paysans à l'arrière du groupe l'avait reconnue. Il s'adressa à l'ensemble de ses camarades.

— Mais par les Dieux, baissez dont vot' fourche ! Bougres d'imbéciles ! C'est m'sieur l'superviseur qui l'a appelée.

Le reste du groupe reprit ses esprits et s'exécuta instantanément.

— Z'êtes le Ch'valier noir ? Vous avez pas l'air très forte, dit l'une des paysannes.

— Tais-toi donc Mathilde ! J'te rappelle qu'c'est elle qui s'est chargé d'ces idiots d'fantômes la dernière fois !

— Ouais, bah elle a mal fait son travail, se plaignit la paysanne.

— Silence à nouveau ! J'te rappelle qu'y'avais qu'les Ch'valiers noirs qui ont bien v'lut nous aider. Les gardes, y voulaient rien entendre et j'te parle même pas des Sœurs d'la Lumière. Coincées comme des rats dans leur monastère ! râla-t-il tout en crachant sur le sol.

Garance eut grand peine à se souvenir de son interlocuteur. Les vêtements qu'il portait étaient vieux et usés et n'aidaient aucunement la mage à le distinguer du reste des vilains. Un épais bandage en lin blanc entourait la tête de l'homme. Garance finit par apercevoir la vilaine balafre sur le dessus de sa main. C'est à ce moment-là qu'elle parvint à se rappeler son prénom.

— Paul, c'est bien ça ? Mais qu'est-ce qui vous est arrivé, demanda-t-elle en indiquant la tête du malheureux.

— Ah, ça ! Ce sont ces fichus fantômes, mam'zelle Mortis. J'étais parti avec mon gamin rattraper une poule qui s'tait carapatée dans l'cimetière un soir. Et comme z'aviez dit qu'y'avait plus d'souci, nous on y est allé. C'est au moment où j'ai attrapé c'te bestiole par la gorge qu'ces fichus fantômes m'ont balancé c'te pierre dans la tête. Mais ça, c'tait un jour avant qu'ils s'remettent à brailler comme des cochons. Depuis, y font peur à tout l'monde ces idiots.

— Débarrassez-nous en ! Et pour de bon c'te fois !

Le groupe entier acquiesça à ces paroles. Garance sentit soudain une nouvelle vague de lassitude la traverser. Entre les paysans et les fantômes, la nuit risquait d'être longue. Le vent porta alors jusqu'à leurs oreilles des éclats de voix en provenance du centre du cimetière. Éclats qui ne manquèrent pas d'effrayer un peu plus les gueux postés à l'entrée.

— Par les Dieux ! Mais qu'ils se taisent à la fin !

À cette nouvelle remarque, Garance ne put s'empêcher de croiser les bras et de lever les yeux au ciel. Elle soupira.

— C'est bon, j'en ai assez entendu.

Elle se tourna vers le groupe, un air moins désinvolte sur le visage. Elle s'était décidée à éloigner du cimetière ces paysans qui ne feraient que la gêner. Leurs petits élans de bravoure s'avéraient la plupart du temps plus problématiques qu'autre chose. En vérité, leur présence n'avait jamais été désirée, comme pour toutes les situations de ce type.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant