Chapitre 15 (2/2)

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Il croisa ses mains dans son dos et scruta Garance du regard pendant quelques instants. Il finit par sourire.

— Tu n'as pas peur ? Intéressant...

Peur ? Non, en effet, elle n'avait pas peur.

Étrangement, le sentiment qui l'habitait le plus à cet instant-là était la curiosité. Il avait beau continuellement se moquer d'elle, Garance ne ressentait toujours aucune intention hostile.

Lentement, il entama la descente des escaliers qui séparaient l'estrade sur laquelle reposait le trône de la zone où se trouvait Garance. Elle ne bougea pas.

L'Archonte s'arrêta à deux mètres d'elle. Même à cette distance, il continuait de la dominer de sa hauteur ; la tête de la jeune femme ne dépassait pas le bas de ses épaules. "Impressionnant" aurait été le terme le plus approprié pour le décrire à cet instant précis.

Garance ne vit pas entièrement les traits de son visage car la partie supérieure était recouverte d'un masque ressemblant à un crâne humain. Il était blanc comme sa peau et sur la zone correspondant au front un nouveau motif symétrique aux arabesques végétales s'y trouvait. À l'exception de son visage, aucun autre morceau de peau n'était à découvert. Les orbites dégagées du masque laissaient voir ses yeux, caractéristiques des êtres des Abysses : la cornée, noire et les iris, habituellement blancs, étaient ici violets. Ils étaient cernés de noir.

— Nous n'avons guère eu le temps de discuter la dernière fois et cela fut bien dommage. (Son sourire s'effaça un peu. Il soupira.) Soit je n'ai pas assez de temps devant moi, soit quelqu'un à le culot de nous interrompre... La première fois ce fut ton ami et la deuxième...ne mériterait même pas d'être mentionnée, finit-il avec un certain mépris.

Il semblait porter un véritable dégoût envers ces "Immaculés". Garance se demanda pourquoi. Qu'elle était donc l'histoire entre eux ?

— Où suis-je ? lui demanda-t-elle, tout de même méfiante.

Il rit doucement.

— Dans une partie de ta conscience, dans ton "monde intérieur", appelle cela comme tu veux... Je me suis permis de...réarranger un peu le décor, histoire qu'il convienne un peu plus à ma...situation. Certes, même s'il n'est pas entièrement fidèle à la réalité... (Il écarta les bras en un grand geste théâtral.) Bienvenue dans ma prison.

Sa prison ? Un lieu pareil ? Garance eut du mal à comprendre. Comment un Archonte avait-il pu se retrouver emprisonné ici, dans une cité-souterraine d'Athran et hors des Abysses ?

De plus, sa mère avait-elle quelque chose à voir avec cela ?

A cette pensée, elle eut un léger mouvement de recul. Sa réaction n'échappa pas aux yeux de Liel qui n'en montra rien, continuant de sourire.

— Suis-moi.

Il passa à sa droite et se dirigea vers la grande porte, celle qui menait dans l'étrange cour que Garance avait aperçue plus tôt. Elle s'exécuta en silence mais méfiante, garda tout de même ses distances avec lui.

Liel continuait de sourire ; c'était une agréable surprise. La jeune femme était inconsciemment venue jusqu'à lui. Sa curiosité, peut-être ?

— Que faisons-nous ici ?

— La salle du trône n'a pas une apparence des plus charmeuses à dire vrai. D'autant plus que j'ai déjà vu mieux au cours de mon existence, beaucoup mieux.

Il regarda Garance, le visage fermé. Elle écoutait attentivement chacun de ses mots sans pour autant boire ses paroles. Il poursuivit.

— Et avant que tu ne me poses "la" question, celle qui te brûle les lèvres depuis le début... Oui, j'ai bien rencontré ta mère, il y a...

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant