Chapitre 8 (3/5)

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Une fois le repas terminé, Garance proposa à Louise de s'occuper d'Emile. Sa belle-sœur accepta de bon cœur sachant qu'elle pourrait plus facilement distribuer les tâches à faire aux multiples gens de la maisonnée. Depuis son mariage avec William, Louise était très appréciée des résidents de l'hôtel pour sa douceur et sa grande gentillesse. Compétente, elle passait la plupart de ses journées à superviser le travail des domestiques et à aider Walther à gérer les finances du domaine. Elle essayait à sa façon de contribuer au bon fonctionnement de la Légion dans ce pays.

Du haut de ses cinq ans, Emile appréciait beaucoup pouvoir passer du temps avec sa tante, même si ces instants étaient rares. Garance se réfugiait souvent dans le confort de sa chambre pour lire, écrire ou simplement se perdre dans ses pensées. Elle avait grand besoin de ces moments où elle se trouvait totalement isolée des autres, loin du reste du monde.

Cela faisait maintenant une petite dizaine de minutes que Garance et Emile jouaient tous deux dans la cour. Le petit garçon avait insisté pour s'amuser avec les épées en bois que son grand-père paternel lui avait offert à son anniversaire en début d'année. La jeune femme ne lui refusa pas cette demande. Son neveu avait choisi d'incarner un Chevalier noir et s'imaginait donc en plein affrontement avec un bandit, interprété lui, par Garance.

— Aha ! En garde, misérable !

Pendant la première moitié de leur "combat", Garance avait plus qu'aisément paré et esquivé l'ensemble des attaques de son neveu. Mais depuis deux ou trois minutes, elle l'avait volontairement laissé la toucher de sorte qu'il ait l'illusion qu'il prenait le dessus. Garance faisait maintenant semblant d'avoir l'air affaiblie. Elle était penchée en avant et tenait son épaule de sa main gauche comme si une douleur la lançait à cet endroit précis.

Emile s'élança vers elle, son épée tenue à deux mains, et lui asséna un coup au niveau du ventre. Dans l'instant qui suivit, elle lâcha son épée et s'effondra au sol tout en prononçant ces mots :

— Aaargh ! Tu m'as eue, Chevalier noir ! Je suis vaincue, défaite ! Et ainsi, je meurs, déclara-t-elle d'un ton dramatique.

Elle ferma les yeux, un grand sourire étalé sur le visage. De son côté, Emile jubilait. Il se tourna vers l'assistance qui applaudissait en souriant. Maric et Savinien, deux des sept légionnaires, s'étaient arrêtés pour faire une pause. Installés sur les trois petites marches qui menaient à leurs quartiers, ils regardaient Garance et Emile jouer.

— J'ai gagné ! J'ai gagné ! C'est moi le plus fort, dit-il tout en sautant à pieds joints, tout content qu'il était.

Entre temps, Garance avait rouvert les yeux et avait commencé à se lever. A l'entente de ces mots, elle choisit de le taquiner un peu plus.

— Le plus fort ? Je vais te montrer, moi, "le plus fort".

Elle se leva en un bond et courut après Emile qui tentait du mieux qu'il pouvait de mettre de la distance entre lui et sa tante. De son côté, Louise continuait de s'occuper de l'inventaire des réserves du domaine.

— Il nous faut ces provisions d'ici ce soir. Entendu ?

— Oui, ma Dame.

Le domestique fit une petite courbette puis s'éloigna en direction des cuisines. Une fois seule, Louise s'approcha d'une des fenêtres de la pièce et l'ouvrit. Elle s'accouda aux rebords et observa Garance et son fils. Voir Emile avec un sourire aussi radieux emplissait son cœur de joie.

Le petit garçon avait été très malheureux les jours où Garance était malade et Louise n'avait su que faire pour tenter de le rassurer ou de lui remonter le moral. Anxieux toute la semaine, il avait bien senti que quelque chose ne tournait pas rond.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant