Chapitre 3 (1/5)

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La première chose que fit Garance dès son retour dans l'enceinte de la cité fut de rejoindre le poste de garde à l'entrée. Fidèle à l'engagement qu'elle avait pris plus tôt dans la soirée, elle s'avança tranquillement jusqu'à la porte de la petite bâtisse. La mage se saisit de la poignée et la tourna d'un coup sec. Encore de mauvaise humeur, elle pénétra dans le bâtiment sans songer à prendre la peine de s'annoncer. Une fois dedans, elle referma la porte d'un petit coup de pied.

— Toujours aussi douce à ce que je vois.

Garance tourna son regard en direction de la voix. Elle provenait du côté droit de la pièce, dans un recoin à peine éclairé par quelques bougies. Orivod, second sergent sous les ordres de Maugran Berort, était attablé devant son éternel pichet de vin rouge et son assiette de fromage, tout en mastiquant un des nombreux morceaux de pain rassis disposés à sa droite. Les miettes qui lui tombaient de la bouche venaient se coincer les unes après les autres dans sa barbe mal taillée et tâchée d'alcool. La mage eut grand peine à dissimuler une grimace.

— Va donc plutôt dire ça aux Beaumont, ils seront ravis de t'entendre, dit-elle tout en repoussant quelques mèches blondes de son visage.

— Les Beaumont... (Il toussa.) La dernière fois qu'on a mis les pieds dans leur crypte, moi et mes hommes, on a tous cru qu'on allait finir lapidé. Une chance pour eux que ton paternel ait accepté de leur accorder un semblant de protection. Pour ma part, je les aurais chassés il y a longtemps. Mon pauvre oncle a bien failli mourir d'effroi à cause d'eux. Le pauvre... Il a le coeur fragile tu sais.

Devant l'air dramatique du sergent, Garance ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Plus détendue qu'à son arrivée, elle se mit à sourire.

— Tu n'as pas l'air d'entièrement approuver la décision de mon père mais dois-je te rappeler qu'il ne fut pas seul à soutenir ce choix ?

— Ah oui. Tu fais référence aux Soeurs de la Lumière et au mage de la cour là. C'est quoi son nom déjà... Alb... Non, Alf...

— Alan. Alan Marxus.

— Voilà ! C'est ça.

— Comment un essenien de pure souche peut-il oublier le nom du descendant d'un de ses plus prestigieux explorateur ?

— Bonne question ma jolie. Mais tu sais, pour être honnête, les vieilles ruines et les civilisations antiques, c'est pas vraiment ma spécialité. Alors me souvenir d'un type qui a passé sa vie entière à les étudier...très peu pour moi. Je vous laisse volontiers toutes ces choses occultes et magiques. Ça c'est votre affaire. J'ai déjà assez de problèmes avec les citoyens normaux. Et ne me parles pas des Noirelames. Saletés de contrebandiers... Tiens ! Puisqu'on en parle. C'est quand que vous expulsez ces sales rats d'égouts des souterrains ? Après tout, vous passez la moitié de votre temps à y patrouiller. Vous pourriez nous rendre service.

Garance s'était approché d'Orivod. Elle était maintenant assise face à lui, à cheval sur l'un des bancs.

— Vous rendre service ? Aux dernières nouvelles, les Noirelames font parti de la catégorie de citoyens que tu qualifies de "normal". Par conséquent, ne serait-ce pas plutôt à vous de vous en charger ? D'autant plus que nous sommes déjà bien trop occupés à éliminer les morts-vivants qui se terrent dans les niveaux inférieurs des souterrains. Si nous nous concentrions sur l'expulsion des Noirelames, les morts remonteraient probablement à la surface par les points d'entrées accessibles et s'en prendraient aux autres citoyens "normaux". Si cela venait à arriver, nous serions tous bien embêtés, tu ne penses pas ?

— Mouais...pas faux. Tu marques un point là.

Il porta son verre de vin à ses lèvres et engloutit la moitié de son contenu en quelques gorgées.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant