Chapitre 5 (2/4)

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Sérion s'avança le premier. Avec Garance, il descendit un petit escalier d'une dizaine de marches avant d'atteindre la partie inférieure de la pièce. Une puanteur sans nom se fit sentir. Garance en eut la nausée. Sérion se contenta d'une grimace, il était plus habitué aux relents de chair décomposée que sa collègue.

Devant l'entrée du quatrième niveau, étalés au sol et face contre terre, se trouvaient les corps sans vie de trois membres des Noirelames. Une pile d'une quinzaine de caisses était déposée non loin d'eux ; ils avaient dû être surprit alors qu'ils s'occupaient de référencer leur marchandise. Sérion s'approcha du corps le plus proche de la voie d'accès. Tandis qu'il s'agenouillait à ses côtés pour constater les causes du décès, Garance, debout à deux mètres de lui, mit sa main sur la poignée de sa lame, au dessus de son épaule. Elle ne tenait pas à ce qu'ils soient prit par surprise.

Le cadavre face à Sérion était celui d'un humain d'une quarantaine d'années, probablement un simple manutentionnaire à la vue de ses vêtements. Ses lèvres étaient blêmes. A défaut d'une étincelle de vie, la seule chose que l'on pouvait voir dans ses yeux vitreux était la terreur qu'il avait exprimé au moment de rendre son dernier souffle. Sa peau d'une grande pâleur avait commencé à virer au violet à certains endroits. Les deux autres cadavres étaient ceux d'un autre humain et d'un haut-elfe, dans un état similaire. Au vu des tatouages que ceux-ci arboraient sur leur bras, Sérion déduit qu'il s'agissait d'anciens pirates de la mer de Roath.

Il examina plus en détail le corps face à lui. Une vilaine entaille parcourait en diagonale le dos du malheureux. Cette blessure n'était cependant pas responsable de la mort. Sérion constata une plaie large qui lui traversait l'abdomen d'avant en arrière. Celle-ci lui parut plus plausible. Il souleva un pan du vêtement qui le couvrait et remarqua de vilaines gelures maculant en profondeur sa chair. L'elfe en fut maintenant convaincu, il s'agissait bien de spectres. Il se releva puis s'essuya rapidement les mains sur un fragment de tissu qui traînait non loin. Garance l'observa faire.

— Ces pauvres bougres n'avaient aucune chance... Viidasalia..., finit-il la main droite posée sur le coeur en signe de respect.

La jeune femme soupira et haussa légèrement un sourcil.

— C'est cela... Paix à leur âme, dit-elle avec cynisme.

Sérion la dévisagea quelques instants. L'elfe savait que Garance pouvait se montrer froide et bien qu'il sache aussi qu'elle agisse de la sorte avec l'intention de se préserver, il estimait qu'il y avait tout de même un minimum de décence à montrer.

Garance ignora le regard noir que lui lançait son collègue. Elle savait ce qu'il lui reprochait et s'en moquait éperdument. Elle ne pouvait pas se permettre d'avoir de l'empathie pour tout les trépassés qu'elle croisait. Elle avait déjà son propre fardeau à porter. Si elle devait agir ainsi, autant se trancher la gorge dans l'instant. Elle préférait réserver ses larmes aux gens qui avait de l'importance pour elle et elle n'en mettrait aucune de côté pour ces hommes. Ils connaissaient les risques de leur travail. Sérion n'avait qu'à faire avec.

La mage comprit cependant qu'une part de son agacement s'était exprimé au travers de ses mots et de son comportement. Elle détourna son regard de l'elfe et soupira. En vérité, elle n'appréciait pas se quereller de la sorte avec les gens qui comptaient pour elle. Elle essaierait de trouver un moment pour discuter une fois qu'ils seraient rentrés à l'hôtel.

Garance observa l'escalier d'une soixantaine de marches qui descendait plus profondément dans Agrisa.

— Allons-y.

Elle relâcha sa prise sur la poignée de son épée mais garda toutefois sa main proche de celle-ci. Elle emprunta en premier l'escalier. Sérion la suivit, lui aussi près à dégainer si nécessaire. Prenant leur temps pour descendre, ils atteignirent le niveau inférieur au bout d'une longue minute.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant