Chapitre 15 (1/2)

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Cette nuit, Garance avait eu du mal à s'endormir. Et elle ne fut guère surprise de s'éveiller à nouveau au beau milieu de celle-ci.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la jeune femme se rendit vite compte qu'elle n'était plus dans son lit, son corps reposant sur un sol froid et dur, composé de larges dalles de pierre blanche. Elle se doutait bien que quelque chose clochait et prit soin de se redresser afin d'observer les alentours.

Garance se trouvait dans un couloir sans fenêtre, à la riche architecture. Dans les quelques lanternes fixées aux murs brillait une étrange flamme violette. La lumière n'était cependant pas assez puissante pour éclairer l'ensemble des lieux avec précision, aussi étaient-ils plongés dans une certaine pénombre.

L'endroit était en ruine. S'il y avait un jour eu des meubles, plus aucune trace d'eux ne subsistait aujourd'hui. A certains endroits, un long et vieux tapis aux couleurs détériorées par le temps couvrait le sol froid.

Derrière elle, le couloir semblait s'étendre à l'infini et s'enfoncer petit à petit dans une obscurité de plus en plus profonde. Face à elle, une centaine de mètres plus loin, elle distingua comme une porte légèrement entrouverte. Sur le mur opposé se trouvait un miroir de taille similaire. Intriguée, elle s'avança vers lui.

Face au miroir, les cheveux détachés, elle se découvrit avec de nouveaux vêtements. A la place de sa robe de chambre, elle portait une longue robe noire en tissu épais, décorée de broderies blanches aux motifs végétaux. Le col et les manches ballons recouvraient l'ensemble de son cou et de ses bras. L'ensemble de ses ongles étaient peints en noir et un bandage noir recouvrait en partie ses pieds et ses chevilles. La vue de cet accoutrement lui procura un sentiment d'étrangeté. C'était la première fois qu'elle voyait une telle robe ; ce style vestimentaire était plus populaire dans le Domaine Hautelune et le royaume de Lastea, les terres des Mortis.

La porte derrière elle s'ouvrit lentement, dans un grincement sourd qui se répercuta dans l'ensemble du couloir. Dans l'ouverture qui se reflétait, elle vit ensuite une ombre passer. Elle se retourna et s'approcha de la porte. Lorsqu'elle chercha à ouvrir plus largement le battant, celui-ci refusa de bouger. Mais l'ouverture était assez grande pour lui permettre d'entrer, aussi, Garance n'insista pas et entra dans cette nouvelle pièce, assez large pour constituer une salle de bal ou une salle du trône. De façon similaire au couloir, une faible et étrange source de lumière d'un violet sombre éclairait l'allée centrale et le fond de l'enceinte où elle se trouvait.

Elle leva sa tête vers le plafond qui consistait en une enfilade d'arcs brisés et de clés de voûte finement sculptés. Du moins, c'est ainsi qu'elle crut les percevoir car malgré le réalisme frappant des lieux, un certain flou demeurait autour d'elle. Des deux côtés, sur la longueur de la pièce, une suite d'épaisses colonnes soutenait le tout.

Garance tourna ensuite sa tête à gauche et vit une large et épaisse porte qui devait certainement constituer l'entrée de ce mystérieux espace. La porte entrouverte lui permit de discerner les silhouettes obscures des larges bâtiments qui bordaient la cour à l'extérieur. Elle s'était bien doutée de son retour dans les souterrains et cette vue ne fit que la conforter dans ce soupçon. Seulement, elle n'avait aucune conscience précise du "où". L'architecture ici était trop vaste et trop raffinée pour appartenir à un des étages supérieurs dans lesquels elle avait l'habitude de patrouiller. Après quelques instants de réflexion, elle en déduit qu'il s'agissait probablement des étages les plus profonds ; la description qui en avait été faite jadis semblait correspondre à ce qu'elle "voyait".

Depuis son entrée, l'ombre que Garance avait aperçue se prélassait tranquillement sur le trône brisé à sa droite. Ses jambes étaient croisées et posées sur un des deux accoudoirs tandis que son dos se trouvait adossé contre l'autre. Ses mains aux doigts entrelacés reposaient tranquillement sur son ventre.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant