Chapitre 18 (3/4)

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— Vous semblez bien renseignée sur ses Immaculés.

Sinclair était méfiant. L'aide d'Ishaa était certes la bienvenue mais il n'avait pas oublié qu'il s'agissait d'une Naevathary. Ils avaient toujours leur propre agenda même s'il n'était pas impossible qu'ils aient leurs élans d'altruisme spontanés, pour reprendre l'expression de sa fille.

A sa remarque, Ishaa se contenta de sourire. Elle attendait ce qu'il allait dire.

— Sauriez-vous quoi que ce soit de plus les concernant, Ishaa ?

— Hormis le fait qu'ils existent depuis des siècles voire des millénaires et associent toujours les cultistes à leurs méfaits ? Hmmm... Ah, si... Ils font toujours appel à des intermédiaires et n'interviennent presque jamais en personne. Des intermédiaires, pour qui l'objectif véritable de leurs employeurs demeure un mystère ou en tout cas très éloigné de la réalité et qui n'ont la plupart du temps aucune idée de qui véritablement les engagent. Des gens, à l'image de cette chère Kaerolyn par exemple.

Son ton ne masqua nullement son ironie.

— Je vous demande pardon ?

— Elle a stupidement agi il y a treize ans. (Elle soupira.) Si seulement elle était venue me voir... Mais pour sa défense, je ne m'en suis rendue compte que trop tard. Quand je l'ai retrouvée, elle était déjà...mourante.

— Pourquoi donc parlez-vous de notre mère ainsi ? N'avez-vous donc aucun respect ? s'offusqua alors William.

Il n'appréciait guère son petit sourire narquois, pas plus que son ton hautain à certains instants. Sa remarque désobligeante sur ceux en quête de justice ne lui avait pas échappé non plus. Quel mal y avait-il à cela ? Devaient-ils vraiment laisser les gens sombrer dans le désespoir plutôt que de leur venir en aide, sous prétexte que la réalité est traîtresse ?

Le sourire sur le visage d'Ishaa s'effaça quelque peu.

— Jeune homme, ne te méprends pas sur ma personne. Faire preuve de respect, c'est aussi être capable de faire preuve d'honnêteté. Votre mère a fait une erreur et ça lui a coûté la vie, disons le franchement.

— Coûtée la vie ? Mais... Mère est morte de maladie. Et quel rapport avec cet Immaculé ?

— N'as-tu rien écouté de ce que je viens d'expliquer ?

Elle soupira longuement.

— Sinclair... Sinclair... Tu entraînes tes enfants malgré eux aux cœurs des problèmes que ton épouse a laissé dans son sillage sans rien leur dire ?

— Je lui ai fait une promesse...

— Une promesse ? Hmpf. Il y a un temps pour les mensonges et il y a un temps pour la vérité. Tu devrais pourtant savoir cela depuis longtemps.

— ...

— Qu'est-ce que ça veut dire ? Père...

Il ne répondit toujours pas, le regard perdu dans le vague. En ayant finalement assez, Garance trancha le silence d'un ton légèrement plus acide que ce qu'elle n'avait voulu.

— C'est ce dont tu voulais nous parler tout à l'heure, c'est ça ? Elle n'est pas morte de maladie, alors... Tout ce que tu nous a raconté pendant des années, ce n'était que des mensonges, pas vrai ?

— Mais qu'est-ce que tu...

William n'eu pas le temps de finir sa phrase, Ishaa interrompant de nouveau leur discussion.

— Sur ce... Je vais vous laisser. Vous avez des choses à vous dire, il semblerait. Je repasserai un peu plus tard, une fois que j'aurais fini de donner mes directives à mes gens. Et tant que j'y pense, tâchez de vous faire discrets jusqu'à votre départ. Encore plus quand ce cher Iveln fera sa grande entrée dans la cité. Il ne sera guère heureux de me savoir ici. Ils ne savent rien des véritables enjeux que constituent les profondeurs de cette cité. Faisons en sorte que cette ignorance perdure, par tout les moyens.

Toi qui apportes la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant