Garance se tenait dans le couloir du deuxième étage. Face à la fenêtre, elle observait en silence le soleil qui se couchait à l'ouest. Le ciel et les nuages avaient pris une teinte rouge-violacée avec à certains endroits, quelques petites pointes de rose. Les couleurs étaient sublimes et la vue envoûtante. Ce soir-là, elle ne se désolait pas de devoir quitter ce ciel pour les profondeurs inhospitalière d'Agrisa. Le spectacle qui s'offrait à elle en ces lieux était tout aussi magnifique et majestueux. Dans la mort, la ruine et les ombres, il s'agissait d'un autre genre de beauté.
Au bout de quelques minutes, Garance se redressa et s'éloigna lentement de la fenêtre pour rejoindre l'escalier principal de la bâtisse. Ici, les lumières des torches donnaient à la pierre blanche une belle lueur orangée, similaire à celle que les rayons du soleil projetaient sur les pierres à l'extérieur. La jeune femme prit son temps pour descendre ; elle n'était pas pressée. Tout en descendant, elle caressa la surface du mur à sa droite du bout des doigts.
La mage pénétra dans le hall principal, bien plus éclairé que les escaliers. Dans le réfectoire, les domestiques s'affairaient à ranger les tables. Au vu de ce qui attendait certains de ses membres cette nuit, la maisonnée avait pris son souper un peu plus tôt que d'habitude.
Dans la pièce, non loin de la porte principale, William discutait des derniers préparatifs avec Walther, et en particulier de la route qu'ils emprunteraient une fois dans les souterrains. Son frère tenait à arriver à la jonction du quatrième et cinquième sous-sol au plus vite, en évitant dans la mesure du possible les galeries principales où patrouillaient les Noirelames. Avec les récentes révélations, ils devaient impérativement se faire discret. Walter conseilla à William de prendre les vieux passages jadis utilisés par les Grandes archives car beaucoup étaient encore dissimulés à la vue de tous. Leur amulette devrait leur garantir un passage rapide et relativement sûr au travers des bâtiments et d'autres anciens passages, aujourd'hui oubliés ou volontairement occultés.
De son côté, Sérion était prêt depuis quelques minutes et profitait du temps qu'il lui restait pour finir de lire les quelques pages du livre qu'il avait entamé deux semaines plus tôt. Il savait qu'ils devaient quitter les lieux à huit heure sonnante. Regardant l'horloge murale du salon, l'elfe constata qu'il lui restait une bonne vingtaine de minutes avant l'heure du départ. Il s'enfonça un peu plus dans la banquette puis se replongea dans sa lecture des Mythes et Légendes des clans Lycans d'Alen.
Au pied de l'escalier, Garance regarda Sérion en souriant. Chez eux, la lecture était depuis toujours une passion commune. D'autant plus qu'au sein de leurs rangs, elle était même vivement encouragée. Indépendamment de leurs goûts personnels, ils se conseillaient très souvent des livres, pour la plupart tout droit sortis de la bibliothèque privée d'Alan Marxus. A son tour, elle aperçut l'heure sur l'horloge du salon. Constatant tout comme son collègue qu'il lui restait un peu de temps, la jeune femme décida d'en profiter pour inspecter une dernière fois sa tenue avant le départ.
L'ensemble était aux trois-quart composé de cuir noir. Le haut de son uniforme, sous lequel se trouvait glissée une chemise noire en lin, était divisé en deux parties. Une sorte de corsage épais lui couvrait l'abdomen tandis qu'un plastron élégamment ouvragé, conçu de sorte à trouver un équilibre entre liberté de mouvement et protection, lui couvrait le torse. Un gorgerin en cuir décoré d'un motifs de roses épineuses lui protégeait le cou. Pour la protection de ses bras, une sorte de renfort, ressemblant à de longues mitaines, et composé de plusieurs morceaux de cuir, lui couvrait les membres supérieurs jusqu'au bas des épaules. Un laçage et des sangles les empêchaient de glisser.
Deux ceintures lui entouraient la taille, l'une tenant sa dague et l'autre maintenant la pochette accrochée plus bas à sa cuisse droite. Ses bottes étaient recouvertes par une série d'éléments en acier maintenu par des sangles protégeant dessus des pieds, chevilles, tibias et genoux. Par-dessus son pantalon, un renfort supplémentaire lui couvrait les genoux et les cuisses aux trois-quart avant d'être fixé au haut de sa tenue par d'autres sangles.
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Toi qui apportes la nuit
FantasyLes légendes parlent des Abysses comme d'une vision sombre et tordue du monde, comme d'un cauchemar éveillé dont nul ne pourrait s'échapper. Dans leurs sillages ne se trouvent que mort et désolation et les rares survivants qu'elles laissent derrière...