5 - SOFIA

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- Aller Sofia on bouge.

- Encore deux minutes frère.

Je cours dans tout les sens pour réarranger la boutique. Je sais pas ce qu'il s'est passé aujourd'hui mais tout est sans dessus dessous.

- Ramasse les tiges et les feuilles qui sont par terre steup.

Barack attrape un balaie pendant que je change l'eau des plantes. J'en profite aussi pour rentrer celles qui sont habituellement exposées dehors.

- Je te jure je sens l'odeur de la moussaka d'ici, il ferme les yeux et inspire comme pour mieux savourer.

Je secoue la tête en souriant. Ce mec est un gros mytho et il est près à tout pour qu'on parte d'ici.

- Qu'est ce qu'on fait encore là hein, il est largement vingt heures.

- Deux minutes je t'ai dit.

Je fais mine de lui tirer dessus avec un lys. Je jure que c'est la meilleure arme au monde. Je fais les comptes. Étant plutôt tête en l'air, j'ai tendance à énormément me tromper. Soit je rends mal la monnaie ou pire je zappe complètement le prix d'une fleur. Dans cette situation j'avoue j'invente. Vous inquiétez pas je suis honnête, alors bien souvent le chiffre que j'annonce est largement en dessous. C'est principalement de ces problèmes que découlent le déficit du magasin, Barack me le répète tout le temps.

- C'est bon on décale.

- Who run the World ?

- Non bébé, non.

- T'es vraiment mais alors vraiment pas positive comme meuf.

Mais bien sûr. C'est la fin d'une journée, je suis crevée. J'ai pas à être positive. On s'approche du palier et j'ai une sensation bizarre. Je passe mes doigts dans ma frange et réfléchit. Je me retourne vers le comptoir : rien. Par terre : rien non plus. J'enfonce mes mains dans les poches de mon jean : rien.

Rien dans les poches de mon jean. Rien dans les poche de mon jean. Rien dans mes poches.

- Barack.

- Le seul, l'unique et tu l'as en face de toi bébé.

Pas de panique surtout, ça ne sert à rien. Puis ça m'arrive tout le temps pas vrai ?

- Oh non pas ça !

Mon black me regarde en faisant les gros yeux. C'est super intimidant cette façon silencieuse d'engueuler quelqu'un.

- Sofia.

Je regarde au sol, c'est ma technique de diversion préfère. Faire mine de rien, les mains croisées dans mon dos.

Mais où est ce que j'ai bien pu les mettre ?

- So-fia.

- Mmhhh.

- T'as encore perdu les clef c'est ça ?

- Ça se pourrait bien, c'est drôle hein ?

Je tente ma plus belle moue de petite fille innocente. Évidemment j'ai plus quatre ans alors le plan échoue lamentablement.

- T'es vraiment pas possible meuf, il rit.

Le rwandais se met à chercher partout. Peine perdu, je sais repérer des objets à des kilomètres à la ronde - enfin, à peu près - et là je n'ai rien vu.

D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant