D'amour et de Rap

43 - SOFIA

Ca y est j'ai plombé l'ambiance.

Tout ce passait bien pourtant, pourquoi il a fallut que je parle de mon enfance ? Même Mamita n'aurait pas fait cette gaffe. Faut que je trouve un truc pour changer de sujet et vite. Faut pas que cette ambiance pesante finisse par s'installer pour de bon. Mais quoi ?

Evidemment je suis nulle pour improviser et voilà ce qui sort de ma bouche :

- Tu peux m'accompagner à un mariage ?

Au début Enzo parait surpris et j'avoue qu'il me faut un temps également pour bien assimiler. J'ai dit ça à voix haute ? Je vois bien qu'il attend que je rajoute quelque chose alors je me lance. Autant aller jusqu'au bout, si ça se trouve il va refuser.

- C'est dans deux mois maintenant et vu que je m'occupe des fleurs on m'a invitée. Mais j'ai personne pour...

- C'est oui.

- Pardon ?

- J'ai accepté, tu peux te détendre.

Il sourit et mon cœur se serre. Comment on en est arrivé là déjà ? J'ai besoin d'une piqure de rappel je crois. C'est fou comment ce mec est sympa. Après tout on se connait à peine et il veut bien s'afficher avec moi à une cérémonie. Je vous jure je suis à deux doigts de lui demander si il peut me prêter sa caisse pour la livraison.

- C'est drôle que t'utilises ta voiture sur Paris.

- Pas le choix. Avec les gens qui me suivent et tout c'est une galère.

Il est connu à ce point ?

Sérieux je vais aller me renseigner car là ça m'intrigue carrément. Je suis passée à côté de quoi ? Tout ça c'est à cause de ma grand-mère qui passe son temps à squatter la télévision. A cause d'elle je ne peux même pas regarder les chaînes musicales et j'arrive toujours la dernière.

- Tu veux boire un truc ?

Je relève la tête et franchement je sais pas. Je sais très bien que je ne tiens absolument pas l'alcool, mais alors pas du tout. Si je bois ne serait-ce qu'un verre je prends le risque de me retrouver à chanter à tue tête, même sans musique.

- Tu veux la vérité ? Vaut mieux pas pour toi.

- A ce point ?

- T'es pas prêt à affronter ça lors d'un premier date.

Il rit et je jure que je n'exagère en rien. En plus Barack n'est pas là pour jouer mon garde du corps alors je préfère ne prendre aucun risque. Sans lui pour me stopper, qui sait dans quel pétrin je vais me mettre ? Danser sur les tables n'est pas une option comprise dans le menu de ce soir.

- Alors comme ça c'est un date ?

- Euh j'ai dit ça comme ça...

- Je te taquine tu sais.

Je souffle et sens déjà que le brasier qui enflammait mes joues commence doucement à s'apaiser. Faut vraiment que j'arrête de réagir de cette manière à tous les coups. Pour me donner de la contenance je passe mes doigts dans les petits cheveux qui font ma frange.

Pour ça aussi il faut que je me retienne.

- Tu dois finir par t'arracher pleins de veuch à force de faire ça.

Il pointe mon visage de son index et je ne peux pas empêcher mes yeux de se poser sur son sourire. Ca lui arrive de faire la gueule des fois ?

- En plus tu te décoiffes c'est con.

- Parce que toi t'es coiffé peut être ?

- Ce soir oui, fallait bien.

Quoi ? Je rêve ou il vient de me dire qu'il fait des efforts pour moi ? Barack t'es où...j'ai besoin de toi frère. Pendant que j'essaie de disparaitre je prie Beyonce pour qu'elle m'indique comment réagir à tous ces sous entendus.

J'aurai du plus écouter les filles de ma classe au collège.

Je promène mon regard un peu partout et d'un coup je frissonne. Par instinct je croise les bras et frictionne ma peau à l'aide de mes paumes. C'est pas que j'ai froid pourtant car dans le restaurant la température est agréable.

- Tu veux qu'on sorte ?

Je hoche la tête et on se dirige tous les deux vers le comptoir. J'espère sincèrement que le cuistot est mieux organisé que moi à la boutique car vu le peuple ici y'a vite fait de se tromper dans les factures. Je cherche ma carte un instant avant de me rappeler l'endroit ù je l'ai caché. Mais voilà : comment la sortir en étant discrète ?

Ca va se terminer en échec je vous jure.

Impossible d'aller aux toilettes maintenant, ça fait la meuf qui veut pas payer et qui fuit. Pas le choix je fourre ma main dans mon soutif en espérant qu'Enzo sera trop occupé pour remarquer quoi que ce soit. Seulement j'y ai rangé tellement d'affaires que j'arrive pas à trouver le bout de plastique carré et à force de chercher ma main se coince.

C'est parti.

- Tu fait quoi là ?

- Je cherche ma carte.

- Tu ? Quoi ?

Il se fout de moi. Je le sais car il n'essaie même pas de se cacher lorsqu'il rit.

- T'es vraiment une galère toi.

Je lui lance un sourire discret et par miracle c'est maintenant que ma main se décoince. Cependant j'ai toujours pas trouver de quoi m'acquitter de ma dette envers l'Italien.

Si je vomis mes lasagnes c'est un peu comme si je les rendais, non ?