82 - ENZO

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- Enzo y'a la parade qui commence !

- Ca change quoi dans ta vie ?

- T'es chiant.

C'est vrai qu'aujourd'hui j'ai vaguement eu l'impression de jouer les grands frères insupportables pourtant je dois avouer que je me suis amusé aussi. Même si parfois c'était dur de tenir debout à force de gambader, les souvenirs que je retiens de cette journées sont positifs.

Globalement.

Je suis sûr que ma carte bleu ne passe plus nulle part et que mon banquier se réjouit d'avance mais je préfère oublier ce simple détail pour le moment : tout ce qui compte à mes yeux c'est d'avoir fait plaisir à ma sœur. Sauf que maintenant je vais devoir nous sortir de ce parc et je crois bien que ça ne va pas vraiment plaire à Emilie.

- Faut vraiment qu'on décale gamine.

- Mais on vient à peine d'arriver !

Face à la moue suppliante que fait ma sœur j'ai envie de céder. Je vous jure, un diable ne porte pas toujours des cornes rouges : parfois il a juste des cheveux bleu extrêmement secs.

Et des oreilles Minnie aussi.

Si ça continue comme ça je risque d'arriver très en retard au rendez-vous de Sofia et pour une fois c'est elle qui ose faire le premier pas alors jamais je ne m'autoriserai à la planter. Un peu inquiet je regarde l'heure sur mon portable et effectivement il ne me reste plus beaucoup de temps pour arriver à l'heure.

Alors que ma sœur se précipite vers un marchand de glace je l'attrape par le coude. On a passé toute la journée ici et j'ai dit oui à tout ses caprices : maintenant c'est à elle de faire des concessions.

- On rentre, tout de suite.

J'entends Em marmonner des paroles inintelligibles mais je suis déterminé à rester ferme. De loin j'observe des parents avec deux poussettes sur un banc. Leurs cernes sont si violets que j'ai bien peur qu'ils ne finissent par s'endormir dans le parc et je n'ai qu'une envie : les prendre dans mes bras et leur dire que je comprends ce qu'ils endurent. Cette journée m'a épuisé, comment les enfants font pour avoir autant d'énergie ?

C'est à cause de Belle tout ça.

En plein milieux d'après-midi, la princesse en robe jaune a décidé de pointer le bout de son nez. Résultat ? Une émeute de gamins survoltés est apparue et je vous jure que c'était encore pire qu'aux heures de pointes dans le métro. Ils criaient tous et j'ai bien cru que mes tympans allaient y passer. D'ailleurs ma sœur aussi a insisté pour prendre sa photo avec son héroïne préférée. Alors après avoir survécu dans une heure de queue on est repartis avec le fameux cliché qui s'affiche déjà en fond d'écran du portable d'Emilie.

Après une bonne marche on s'engouffre enfin dans la gare. Je suis tellement pressé de prendre mon train que je fais à peine attention au mec qui colle ma sœur pour frauder, on s'occupera de régler ce problème une autre fois. J'espère seulement qu'il va se faire choper par des contrôleurs.

Personne n'a le droit d'utiliser ma sœur pour frauder.

D'ailleurs je prends un instant pour la regarder : elle est toute souriante et détendue, pour une fois. Je suis heureux car c'est la première fois depuis bien longtemps que je la sens insouciante : elle recommence à vivre comme une ado de dix-huit ans et non pas comme une mère contraint d'avorter. Prendre des vacances était vraiment une bonne idée au final. Espérons juste qu'Em gardera cet état d'esprit lorsqu'elle fera sont retour au lycée.

Malheureusement je me doute bien que revenir en classe sera compliqué pour ma sœur alors pour éviter de trop penser à ça je me tourne vers elle et ajoute :

- Je m'approche pas de toi si tu continue à porter ce serre tête à la con.

- Enzo j'ai des photos de toi qui cri dans le grand huit. Maintenant je peux faire ce que je veux.

- J'avais pas peur !

Bien sûr c'est faux : j'ai été terrorisé à l'instant même où on est rentré dans l'attraction. Quel idée de faire un grand huit dans le noir quasi-total aussi ? C'est un truc pour les personnes suicidaires.

- Comment t'assumes pas.

Je lève les yeux au ciel et m'assieds dans le wagon. Personne n'a besoin de savoir que j'ai le vertige à part Sofia. Après tout faut bien se dévoiler entièrement à la personne qu'on aime non ? En tout cas pour cette femme je me sens prêt à refaire pour toujours ce manège. D'ailleurs c'est un peu ce qui se passe au final : quand je la vois mon cœur s'amuse à faire des montagnes russes.

On ne s'est pas vu pendant une semaine seulement mais j'ai l'impression que ça fait une éternité que son sourire timide n'est pas apparu dans mon champ de vision et je n'ai qu'une envie : l'embrasser.

Et j'ai bien envie de le faire ce soir.




D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant