36 - ENZO

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- T'as besoin d'aide Sofia ?

Elle secoue la tête en signe d'une réponse négative. Même si elle est moins timide avec moi maintenant je sens qu'elle n'est pas totalement à l'aise car elle s'obstine à ne regarder que le sol. C'est mignon.

- C'est con il était beau ce vase.

- C'était mon préféré, elle geint.

Ca me fait rire : elle a vraiment les boules alors qu'on parle seulement d'un pot en verre totalement classique. Je n'ose même pas imaginer la façon dont elle a réagit en voyant l'état des fleurs que devaient se trouver à l'intérieur.

- Comment tu l'as cassé ?

- En achetant un chat.

- Quoi ?

- Lomepal !

Je ne comprends plus rien.

Elle me parle d'un greffier puis deux secondes plus tard d'un rappeur ? Faut m'expliquer. Sauf qu'avant même que je pose la question à la fleuriste une petite boule blanche accoure et viens se frotter à mes jambes. C'est lui le fameux Lomepal ?

- C'est parce qu'il est blanc.

Sofia hausse les épaules comme si c'était logique comme raison. Je continue à penser qu'il faut être tarée pour donner à un chat le nom d'un rappeur. J'espère sincèrement que personne de mon public n'a appelé son animal N'zoo. Ca craint tout ça.

- T'es venu acheter quoi cette fois ?

- Euh...

A chaque fois je me fais avoir sur ça, faut que je pense plus souvent à réfléchir avant de me rendre à la boutique. Je me mords la lèvre et mon esprit tourne à plein régime, il me faut des fleurs certes mais lesquelles ? Je vais pas dire que j'en achète à nouveau pour ma sœur car son anniversaire n'est toujours pas encore passé. Difficile de faire croire qu'elle a adoré des fleurs qu'elle n'a jamais vu de sa vie.

- En fait t'as pas d'excuse ?

Je ne peux pas m'empêcher de sourire, elle m'a percé à jour. Je n'ai tout simplement plus rien à répondre.

- J'aime trop cet endroit c'est tout.

Elle se relève et me toise du regard pourtant je jure que je dis vrai. Pourquoi aucune meuf ne veut jamais me croire ? C'est fou ça, arrêtez de croire qu'on passe notre temps à mythoner. Des fois on est honnêtes. Sofia retourne disparait un instant dans une autre petite pièce pour elle réapparait, postée derrière son comptoir.

- Tu vas squatter, c'est ça ?

- Bah ouais tu crois quoi.

La fleuriste secoue la tête et sourit. Au passage ses doigts s'entremêlent dans sa frange bouclée, ses mèches de cheveux sont toujours aussi foncées.

Ma brunette.

Je me racle la gorge. Je la regarde ranger une paire de ciseau dans un tiroir puis ensuite, elle tapote sur l'écran de sa caisse. J'ai aucune idée de ce qu'elle peut bien fabriquer en ce moment mais j'aime bien l'observer. Elle dégage un sentiment de calme et ça m'apaise.

- Tu décore ton bureau ?

Je désigne les nombreuses fleurs qui traînent sur son comptoir, il est carrément en bordel d'ailleurs. Je comprends un peu mieux pourquoi elle le rangeait tout à l'heure.

- C'est celles qui sont tombées.

- Ah merde et tu peux pas les vendre ?

- T'as vu dans quel état elles sont ?

Elle dit ça comme si c'était évident mais c'est pas mon taf de savoir si une plante est belle ou non. Mais je sais tout de même que celle que j'ai devant mes yeux est magnifique, avec son teint toujours rosé. Je dois surement la fixer beaucoup trop d'ailleurs car elle commence à s'astiquer un peu partout. J'arrive toujours à la mettre mal à l'aise alors que c'est jamais mon intention. C'est con.

- Euh...tu les veux pour chez toi ? Je suis sûre que ça ira bien avec ton bonzaï.

- C'est gentil mais je vais pas te les voler.

- Je te les offre, c'est pas du vol Enzo.

J'ai un temps d'arrêt : cette meuf se souvient de mon prénom ? Je ne sais pas vraiment pourquoi mais le savoir me fait plaisir. Enormément, j'avoue. Est-ce que ça signifie que je ne la laisse pas indifférent ? J'en sais rien, je suis paumé. Si ça se trouve elle avait déjà entendu parler de moi avant.

Et si elle avait déjà écouté mes disques et elle fait genre de ne pas me reconnaitre ?

Stop. Je me fais des films là.

- Tu travaille jusqu'à quelle heure ?

- Ce soir ?

- Ouais.

- Vingt heure comme d'hab.

C'est tard je trouve mais bon si elle le fait, j'imagine que c'est parce qu'en temps que fleuriste elle n'a pas le choix. Je sais pas si avoir ouvert un compte instagram a augmenté sa cote de popularité dans l'arrondissement, à chaque fois que je passe je suis le seul client de la boutique.

- Ca te dit on mange un truc ensemble ?

Elle hésite et son fameux tic refait surface. Elle arrêtera de faire ça un jour ? Pourvu que non, c'est adorable. Elle finit par acquiescer silencieusement et un léger sourire s'affiche sur son visage alors je lui rends.

- Je passe te chercher ici ?

- J'habite pas dans cette rue. Donne plutôt ton numéro.

Est ce qu'elle vient vraiment de faire ça ?

Je crois qu'elle est aussi surprise que moi par ce qu'elle vient de dire car elle écarquille les yeux. Elle me tend tout de même son portable alors je rentre la fameuse suite à dix chiffres. Tout de suite je reçois une notification et je ris en lisant la prochaine fois trouve toi une meilleure excuse.

Je remarque aussi que j'ai loupé un message d'Em est une bouffée de panique m'envahit. Je suis parti depuis combien de temps déjà ? Un dernier sourire complice échangé avec Sofia et je la préviens que je quitte la boutique.

J'ai un date avec ma brunette les gars.



D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant