34 - ENZO

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- La célébrité n'est pas la vraie vie. Tu sais, je suis aussi une fille...qui se trouve devant un garçon...et qui lui demande de l'aimer.

Si je faisais pas autant le mec j'avouerai qu'à la place de Hugh Grant, je n'aurais plus attendu pour passer la bague au doigt à Julia. C'est drôle de voir que malgré le fait que la meuf soit une star de cinéma ultra connue elle n'ait pas confiance en elle. Pire que ça : elle ose à peine avouer ses sentiments à un petit libraire londonien. Le pire c'est que dans la vraie vie c'est exactement pareil : la notoriété te bouffe plus qu'elle te porte.

Depuis quand Coup de Foudre à Notting Hill m'interesse ?

Je détache mon regard de l'ordinateur pour le poser sur la personne à ma droite. Ma sœur à l'air profondément endormie. Je dis ça car même quand je lui siffle dans l'oreille elle ne bouge pas, c'est pourtant une technique assez fidèle pour réveiller quelqu'un. Son - énorme - tête est posée sur mon épaule et je commence à ne plus sentir mon bras. Mon sang ne circule plus alors j'essaie de dégager mon épaule, sans succès. Merde, je suis coincé.

J'ai beau avoir essayé tout à l'heure, je ne souhaite pas particulièrement qu'Em sorte du sommeil. Après tout elle mérite bien un instant de sérénité, beaucoup plus que moi. Au final j'opte pour la délicatesse et me décale tout doucement : à force de faire glisser le crâne bleu je parviens à m'extraire du piège. Alors doucement j'approche un oreiller et dépose Emilie dessus.

J'éteins le film car je tiens trop à ma réputation de mec pas fragile pour le regarder en entier encore une fois : si ma sœur s'aperçoit que j'étais à fond dans la relation entre la starlette et le libraire, c'en est fini pour toujours.

Je referme l'écran de la machine Apple puis marche jusqu'à la cuisine et sors de ma chambre. Je sais pertinemment que je ne suis pas discret lorsque je suis éveillé alors je referme la porte au passage, ça vaut mieux pour Em. Du coin de l'œil je ressens que le frigo m'appelle alors je l'ouvre et m'attrape un reste du plat d'hier. C'est ma sœur qui l'a cuisiné et franchement c'était plus que dégueulasse. Avec une grimace de dégout je fourre une fourchetté de Chili con carne.

Froid c'est encore pire.

Non seulement elle a zappée de mettre les épices et les poivrons mais en plus elle n'a pas mis de poivrons. C'est plus le fameux plat des Etats-Unis que je tiens entre mes mains : c'est la vieille bouillie de mamie. Heureusement qu'il n'y a pas d'Américain dans mon immeuble sinon je vous jure qu'il m'aurait cassé la gueule. La seule excuse qu'à ma sœur ? Elle n'a pas suivit de recette. Je vous jure plus jamais je la laisse cuisiner.

Pendant ce temps je m'occupe comme je peux en utilisant mon téléphone. Depuis la dernière fois je l'ai rallumé mais croyez moi la situation est loin de s'être améliorée : les rumeurs, c'est impossible à endiguer. En faisant défiler mon fil d'actu insta je ne peux pas me retenir de lire toutes les notifs que je reçois. Pour la plupart c'est des messages de haine mais entre les commentaires où je me fais insulter de tous les noms j'arrive à entrevoir des mots de soutiens.

C'est eux les vrais.

D'abord il y a tous les comptes fans qui essaient autant qu'ils le peuvent de tout démentir, sans eux je serai dans une sacrée merde puis y'a mes potes - Mickael et Hakim - qui s'acharnent à supprimer et bloquer tous les petits cons qui m'insultent sur la plateforme. J'ai essayé de leur dire que faire ça ne servait strictement à rien, ils continuent. Ça leur fait plaisir qu'ils m'ont dit, ils se sentent utiles. J'imagine que c'est leur manière de m'apporter du soutient.

Les gens que je suis ne postent pas des trucs de ouf aujourd'hui alors je presse le pouce sur l'icone explorer. Je tombe sur quelques vidéos drôles, de la bouffe et des chats. C'est pas vraiment mieux alors je continue à faire défiler les images et alors que je m'apprête à tout refermer je tombe sur une photo d'un endroit que je connais bien.

Chez la fleuriste.

Je me souviens vaguement avoir vu un grand black s'amuser à prendre des photos partout dans la boutique mais je ne me serais jamais douté qu'un compte sur les réseaux sociaux existait. J'observe les clichés de fleurs - ils se comptent par dizaine - puis je ris lorsque j'aperçois tous les dossiers sur Sofia. Je ne sais même pas si elle est au courant qu'on l'affiche comme ça sur internet. A mon avis elle ne l'est pas du tout car en plus d'elle qui râle ou dort, on peut voir des photo sur lesquelles elle fait des grimaces. La pauvre.

Je me régale beaucoup trop alors je m'abonne et continue à tout regarder. Son community manager est vraiment hyper actif sur la plateforme : on trouve facilement trois à quatre post par jour. Je pense que tout ça est vachement récent car avec un rythme pareil on atteindrait facile les mille et plus photos. Or là, il n'y en a seulement une petite centaine. Après c'est vrai que c'est déjà pas mal.

Mes yeux se dirigent spontanément sur le bonzaï que j'ai acheté hier, ma sœur l'a trouvé sympa et l'a renommé Virgile, c'est pas cool pour lui je trouve. En tout cas je n'ai pas encore oublié de l'arroser et il semble s'être parfaitement intégré dans mon appart en bordel. Je réfléchis : Emilie est endormie dans la chambre et je n'ai rien à faire. J'ai donc une journée entière devant moi.

Si j'y vais deux fois en deux jours, ça fait forceur ?



D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant