41 - SOFIA

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Sérieux, je me sens trop bête avec mon tupperware. En plus je sens le regard d'Enzo qui fixe la fameuse boîte rectangulaire. A quoi ça sert à part me donner l'air ridicule ? La prochaine fois que Barack me donne un conseil je promets de faire exactement le contraire de ce qu'il préconise. D'ailleurs je sens mon portable qui vibre et je suis prête à parier que c'est le rwandais qui veut savoir comment se passe ma sortie. Je vous jure faut qu'il arrête de me harceler car, à force, ç'en devient vraiment désagréable.

J'aurais dû le mettre ailleurs que dans mon soutif.

Je vous jure qu'encore une fois c'est pas moi qui est à l'initiative de cette connerie. Après j'avoue que j'ai décidé toute seule d'y rajouter ma clef et ma carte bancaire. Je ne sais même pas par quel miracle c'est rentré et encore moins comment ça fait pour tenir.

Finalement un sac c'est utile.

- T'as pas trop chaud ?

C'est quoi cette question ?

- Euh non ça va. Toi t'as chaud ?

- Bah non.

C'est quoi cette discussion ?

Sincèrement j'espère que tout va bien se passer car pour le moment c'est pas top. Peut-être que j'aurai dû attendre de plus le connaître avant d'accepter une bouffe ? Je n'en sais rien et gigote pour me replacer sur le siège et au même moment Enzo se racle la gorge. Bizarrement ça me fait rire alors il me regarde.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien.

- Rien t'es sûre ?

Il sourit et révèle toute une rangée de dents parfaite. J'avoue, je craque. De son côté le mec continue de me dévisager et je sens que mes joues brûlent. A cet instant je n'ai qu'une envie : plaquer mes mains sur mon visage pour camoufler ma gêne. Malheureusement mon malaise sera d'autant plus visible et je ne souhaite pas qu'Enzo ne la remarque encore plus. C'est plus fort que moi, je perds pied devant un gars pareil.

Même le bruit de son clignotant est sexy.

Il me fixe alors je le fixe, sans rien comprendre. Il me faut bien quelques longues secondes pour saisir le sens des paroles qu'il prononce, d'ailleurs il répète :

- On est arrivé.

Je secoue la tête et me plaque contre la vitre. Un restaurant italien ! Direct je pense pizza et je reconnais que le black a déteint légèrement sur moi : il me transmet l'amour de la Junk food et c'est mal. Adieu la salade conseillée par Barack, bonjour la quatre fromages. Ca pue mais ça reste le meilleur goût de tout les temps. Je suis comme une gamine devant disney et ça devient grave.

On parle juste de nourriture, calme.

D'ailleurs lorsque cette pensée me traverse une autre me vient : j'ai les mains posées grandes ouvertes sur la fenêtre. Ca va laisser des grosses traces toutes moches et grasses. A peine dix minutes passées dans le véhicule et je dégueulasse déjà tout. Génial. Il va penser quoi de moi ?

- T'es emballée à ce que je vois.

- Grave.

Je jure qu'Enzo n'aurait pas pu trouver mieux pour un premier rendez-vous - si on peut appeler ça de cette manière - et même un piquenique en pleins milieux d'un jardin fleurit n'arriverait pas à la hauteur.

- Ils ont un karaoké ?

- Je sais pas...Nan ?

- Pas grave, ça sera pour la prochaine.

- Parce que tu penses déjà à me revoir ?

La gaffe, tuez moi sur le champ.

Je vous jure que c'était pas mon attention, j'avais pas du tout songé au sous entendu qui pouvait se cacher derrière ma phrase. Je suis juste triste de ne pas pouvoir chanter, c'est tout. Y'a des bons sons d'une certaine star américaine que je connais par cœur.

Je vous laisse deviner à cause de qui.

N'empêche je suis super dégoutée alors je ne peux pas me retenir de faire la moue. On sort de la voiture et je me détends rapidement. Je le sens bien et à l'instant où on passe les portes de verres tus mes doutes sont évincés. Ca va être bien.

- Tu sens la bonne odeur des lasagnes ?

Je ferme les yeux et inspire. Je viens de changer d'avis je crois : fini le frometon. J'ai envie de pâtes, de bolognaise et de toutes les calories qui viennent avec.

- J'ai la dalle Enzo.

- Vu ta tête j'avais compris.

- Désolé.

- T'inquiète c'était marrant.

Marrant ? J'aurai préféré qu'il dise mignon mais allons y pour marrant. Après tout vaut mieux que je sois rigolote que rabat joie, c'est un premier pas. Je vous jure que même en le prenant positivement ça fait toujours mal. Je suis condamné à rester dans la casse drôle mais timide.

On s'assoit sur une table pour deux, pile au milieu de la pièce alors en voyant ça je grimace puis passe mes doigts dans ma frange. On est vachement exposés.

- Ouais, y'a pas d'autres places de libres.

Je hausse les épaules, pourvu que ça le rassure. On commande - deux maxi lasagnes, s'il vous plait ! - puis on attend. C'est pour ça que je préfère le mcdonald, ça va plutôt vite et en général le repas est servi assez vite. Je regarde autour de moi et remarque que l'endroit est vraiment bondé. Y'a rien à faire d'autre que scruter les gens pour s'occuper.

- Ca change des fleurs hein.

- Ouais carrément !

Et j'aime bien.



D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant