D'amour et de Rap

26 - ENZO

- Tu ?

- Dis rien à personne, j'ai merdé c'est tout.

Je ne savais même pas qu'Em avait un copain. Je me sens trop con, comment j'ai pu rester aussi longtemps à côté de la plaque ? C'est impossible. Je suis le pire frère de la capitale. Je vous jure que j'ai tellement honte que je pourrais en pleurer.

- Ça fait combien de temps que t'en en couple ?

- Justement je suis pas en couple. C'est ça le problème.

Elle commence à avoir les larmes aux yeux, mon coeur se déchire. Comment ça à pu lui arriver à elle ? D'accord elle déconne des fois, ça lui arrive même souvent, mais elle reste tout de même assez serieuse sur ces choses là d'habitude. Enfin, d'après ce qu'elle m'en dit. Si je retrouve le mec qui à fait ça je les embroche elle et lui.

- C'est arrivé à une soirée je crois. Je sais pas trop mais ça fait un moment que j'avais pas eu mes règles alors ce matin j'ai fait un test.

- Et il était positif, je conclu.

Elle aquiesce et viens se réfugier dans mes bras. Je deteste la voir comme ça, elle n'avait jamais été dans un état pareil auparavant.

- Em tu me le dirais si c'était un viol ?

- J'étais consentente Enzo. C'est autant ma faute que la sienne.

J'avale difficilement la boule qui s'est formée dans ma gorge. Je ne dirais pas que je suis content d'aprendre que ma soeur est en partie responsable de ce qui lui arrive mais disons que je suis rassuré. On lui a pas forcé la main, pas fait de mal.

- Tu sais qui est le père ?

- On s'en fout de ça, ça compte pas. Je veux juste que tu viennes avec moi au planning familial.

Je hoche la tête, bien évidemment que j'irais. Si elle souhaite avorter je la soutiendrais coûte que coûte, après tout c'est son choix et je le respecte. Je n'ai jamais abadonné ma soeur et il est hors de question que je la laisse traverser cette épreuve toute seule. Notre solidarité c'est ce qui nous lie, ellene disparaitra pas et encore moins du jour au lendemain. Alors je serre fort ma moitié et tente de la réconforter comme je peux. Je suis nul pour ça et Em le sait très bien.

Dans quelle merde ils se sont foutu ?

J'ai les boules. Je mentirais si j'avancais que je n'en veux pas du tout à Emilie car ce n'est pas vrai. Malgré qu'elle soit encore mineure, elle est en terminale cette année et je la considère aussez mature pour échapper à ce genre de situation. Après je sais pertinemment qu'elle est bien loin d'être la seule responsable dans cette histoire.

Si seulement je savais qui était l'autre...

C'est assez étrange, on se dit toujours que ce genre de chose n'arrive qu'aux autres. Que nous on est protégés de ça parce qu'on est différents, plus matures, plus sèrieux, moins cassos, pas à la télé. En réalité ce ne sont rien d'autre que des clichés et ça peut réellement se passer dans une famille.

J'aurai dû mieux veiller sur Em.

Je sais pertinemment que c'est complètement stupide de penser ça, je n'aurais rien pu faire pour empêcher ce qui arrive. C'est impossible et je considère que la garder enfermée chez moi pour toute ça vie n'est pas une option viable, jamais. Même si pour le moment cette grossèsse est une épreuve douloureuse pour ma soeur, je suis convaincu que ça lafera grandiret dans quelques années cette expèrience l'aura rendue plus forte. Je dis pas que c'est une bonne chose ce qu'il lui arrive or, maintenant que ça se passe, autant tirer le meilleur de ce qui aurait pu être la pire nouvelle de toute sa vie.

Je suis à deux doigts de pleurer, vraiment. Faut reconnaitre que moi aussi je me sens un peu perdu dans cette histoire. Je ne sais pas trop quelle est la bonne manière de réagir, je ne possède pas les mots corrects pour la soulager. Em m'a demandé de ne pas parler aux parents alors je ne le ferai pas. Elle y tient alors je ne vais surement pas aller rapporter. Si seulement j'avais eu une meuf...elles auraient peut être pu discuter de tout ça.

Moi, je me sens comme un étranger.

- Eh N'zoo ! Mec !

Je relève le visage et essuie au passage les quelques gouttes d'eaux qui m'ont échappés. Je ne reconnais pas cette voix et lorsque mon regard croise le jeune qui m'a interpellé je comprends : au vu du téléphone brandit en l'air et de la casquette, c'est un de mes auditeurs. D'ordinaire j'apprécie vraiment de rencontrer mon public car c'est toujours interressant. Après j'avoue que parfois se faire héler plusieurs fois dans une même journée est gonflant, je peux plus marcger tranquille et je suis obligé de me cacher. Seulement maintenant c'est le pire moment pour que ce genre de truc arrive.

- On peux prendre une photo ?

Je vais pas refuser car c'est pas mon genre mais je vous jure que ça me fait chier de ne plus avoir d'intimité. Ça dérange aussi Emilie car du coin de l'oeil je la vois enfiler sa capuche sur sa tête : seuls des cheveux bleus dépassent de sa barrière de protection.

- Pas de soucis frère.

Je me détache de ma soeur, attrape le jeune par les épaules. Lui braque l'objectif sur nous deux - c'est le fameux selfie - et avec mes doigts je fais le signe de mon label. Le flash s'enclenche et j'arrête de prendre la pose. En temps normal ce moment m'aurait rendu heureux. Sauf que là j'ai besoin de consacrer tout mon temps à ma soeur.

- J'aime trop tes sons j'te jure.

- Merci mec, ça donne de la force.

- A quand le deuxieme album ?

- Bientôt promis.

Je tente un sourire mais il est plus que raté. C'est seulement une grimace où on peut voir mes dents. J'ai laché Em depuis bien trop longtemps à mon goût alors je me refocalise sur elle.

- Tu te sens comment ?

- Ca peut aller.

Devant ma moue sceptique elle reconfirme. Je sais pas si je dois la croire, elle est forte certes mais qui peut bien supporter une grossèse non voulu et un avortement à seulement dix-sept ans ?

Personne.

Elle demande si elle peut venir dormir à l'appart ce soir et bien sûr j'aquiesce. Je suis même près à lui remplir ses mots d'excuses si jamais elle veut sécher. Je m'apprète à lui dire lorsque je sens mon téléphone sonner. Je le sors et une vague de panique m'envahit lorsque je vois le message de Mikael s'afficher. La pièce jointe : une photo de moi et d'Emilie. Et sur le cliché elle pleure dans mes bras.

On dirait que les médias n'ont pas perdus de temps.