D'amour et de Rap

67 - SOFIA

- Répète absolument tout ce que tu m'as dit au téléphone.

- Non.

Barack me torture depuis que je l'ai appelé et franchement je crois que c'est une des pires décisions que j'ai prise. Il sait très bien que j'aime pas m'étaler sur mes sentiments or, le black continue de me frapper à terre et je suis à plat ventre.

Littéralement.

- Il est pas sous le lit.

- T'es sûre de bien être au fond bébé ?

- Comment elle est malsaine cette phrase.

Un dernier coup d'œil et j'essaie de me sortir de là. Malheureusement la chance semble m'avoir définitivement abandonnée aujourd'hui car plus je gigote et moins j'ai l'impression d'avancer.

- Frère je suis coincée.

J'ai tellement envie de rigoler que je manque presque de m'étouffer. Résultat ? Je tousse et ma tête cogne les lattes et toute la poussière accumulée au fil de ma flemme me retombe dessus.

Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour mériter ça ?

- Tu peux bouger plus lentement, t'es floue sur la vidéo.

- Arrête tes conneries et sors moi de là !

Le rwandais me tire par la cheville avec toute la délicatesse qu'il possède - c'est à dire aucune - et au final j'arrive à m'extraire de sous le lit. Quelle idée de faire un sommier si bas aussi. Mine de rien je m'inquiète, une boule de poil c'est pas censé disparaitre comme ça ? Lomepal reste introuvable et pourtant je suis sûre de l'avoir ramené à la maison après être sortie du travail.

On va refaire un tour dans la cuisine.

- Au moins t'as toujours ta chatte.

- T'es obsédé ce soir, c'est ouf.

Plus beauf tu meurs.

- Tu m'aide à chercher où tu continue à me filmer ?

- C'est pour instagram meuf.

J'aimerai demander à mon black si insta est capable de m'aider à retrouver mon animal mais je m'abstiens, la réponse ne serait pas pertinente.

J'aurai dû lui mettre une puce.

- Il a pas touché à ses croquettes, c'est étrange.

Et si il n'était pas bien ici ?Je veux dire, depuis qu'on l'a adopté Lomepal avait l'air de se plaire mais seulement avec l'arrivé de Ratatouille je sens que l'atmosphère est plus tendue. Est-ce qu'un chat ça peut être jaloux ? Dans ce cas j'abandonne, la prochaine fois je me prends un mec.

Et pas n'importe lequel.

Je secoue la tête. Sérieusement faut que mon cœur arrête de vriller dès que mon cerveau décide d'évoquer Enzo. Puis ça ne fait même pas une journée qu'il est parti en vacances, pourquoi il me manque déjà ? Enfin pas qu'il me manque mais si il devait me manquer, là il me manquerai.

Compris ?

Je regarde sous la table puis les chaises mais rien. Introuvable. Disparu. Mon chat est perdu et je suis la pire mère du monde.

- Déprime pas grosse nouille, on va le retrouver.

- J'espère.

J'allais m'avancer vers Barack parce que j'avais besoin d'un câlin. Seulement lorsque je me retourne le black a la tête dans le frigidaire et il se fourre un sandwich dans la bouche. Croyez moi, l'image n'est pas du tout sexy.

- C'est bon il est pas dans le frigo meuf.

- J'avais deviné, merci.

On forme la pire équipe de détective de toute la capitale.

- Tu lui laisse pas assez d'espace, c'est pour ça qu'il a fugué.

- On parle d'un chat, Barack.

- Et tu es surprotectrice.

- N'importe quoi !

J'ai besoin de soutiens et la seule chose que le rwandais m'apporte c'est des doutes supplémentaires. On peut vraiment ne pas laisser assez d'espace à un chat ? Non parce que la plupart du temps j'ai plutôt l'impression que c'est lui qui me calcule pas. Il fait sa vie et - même si je l'empêche de sortir de l'appartement le soir - je le laisse aller sur le balcon alors qu'il pleut.

- Ca va aller Sofia, il est forcément pas loin.

Je hausse les épaules, après tout si cette petite boule de poil est plus heureuse ailleurs c'est tant mieux pour elle. C'est tout ce qu'une maman peut souhaiter.

T'es en plein délire meuf.

- Le prochain on l'appelle Beyonce.

- Y'aura pas de prochain, celui là c'est le seul et l'unique.

- Comme Enzo ?

Forcément fallait que le black rajoute une couche et pour répondre je me contente de lever les yeux au ciel. Pourquoi faut il tout le temps qu'on parle de lui au juste ? C'est pas le centre de mon monde.

Pas encore du moins.

- Tu devrais l'appeler.

- Je retrouve mon chat d'abord.

D'ailleurs à l'instant même où je prononce cette phrase un miaulement étrange me parvient. Je sais que c'est lui alors je me précipite à ma fenêtre pour en avoir le cœur net.

- Qu'est ce qu'il fou là bas ?

- Je sais pas frère.

Mon chat est coincé entre deux cours d'immeuble et impossible de passer par la rue. Il a dû réussir à sortir de l'appart lorsque Mamita est rentrée des courses. Je sais que je m'apprête à faire quelque chose de fou mais pas le choix. Il est minuit et il faut absolument que j'aille chercher Lomepal et le seul moyen pour l'atteindre...

...c'est de passer par la fenêtre.