93 - SOFIA

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Je sens mon téléphone vibrer et immédiatement je le sors de ma poche. Qui aurait cru que la robe de Beyonce en serait pourvu ? Pas moi. Décidément cette femme est une reine et elle mérite emplement son titre.

« La salle est vide bébé, on part dans dès qu'Enzo décidera de fermer sa gueule »

« Je te jure, quel bavard de ouf ce mec »

« Genre il est même pire que toi et moi »

« Je retire ce que j'ai dit, personne ne peut être pire que toi et moi »

« Bordel je t'aime Sofia »

« Surtout protégez vous hein »

« Serieux je déconne pas, je suis pas préssé d'être tonton »

« Quoique »

Je vous jure, je suis à deux doigts de perdre la tête devant l'avalanche de messages. Je n'ai même pas eu besoin de vérifier le destiataire pour comprendre de qui tout ça provenait : ça transpire le Barack. Tout ça me fait sourire et stresser à la fois : pourquoi j'ai le sentiment d'avoir une pression de malade sur les épaules ?

Par contre, je reste perplexe devant le dernier texto.

Je ne suis pas pressée non plus que le rwandais devienne tonton. D'ailleurs on va pas se mentir : il serait pire que catastrophique dans ce rôle. Jamais je ne lui confirais la garde de mon enfant avant qu'il ne soit majeur, et encore.

C'est à méditer.

- Alors comme ça tu m'attendais princesse ?

Un sourire timide s'affiche sur mes lèvres et la force qui m'animait encore il y a quelques seconde de ça semble s'évaporer. Chassez le naturel, il revient au galop : cette adage n'a jamais été aussi vrai que maintenant.

- T'as vu y'a un canapé.

Mais quelle conne. Va falloir être plus subtile que ça meuf.

- Ouais et ?

Pourquoi donc les mecs ne sont-ils pas capables de saisir tous les signes qu'on leur envoie ? C'est pourtant pas si compliqué que ça à première vue. J'ai parlé d'un canapé - qui plus est à la fonction clic clac, je n'ai d'ailleurs jamais considéré ça utile jusqu'à maintenant. Bon, après vu le temps il doit être impossible à déployer.

C'est dommage.

- Dis, t'as été fantastique ce soir.

- Ca c'est grâce à la maitresse des lieux. Elle m'inspire vachement tu sais.

Lentement il s'approche de moi et dépose un baiser sur mon front, c'est fou ce qu'on peut se sentir protégée quand on a un copain. Je vous jure, j'aimerai m'abandonner dans les bras qui m'enserrent mais malheureusement j'en suis incapable.

Tout ça à cause des trois petits mots si difficiles à dire qui me trottent dans le crâne.

- Sofia, pourquoi est-ce que je te sens tendue ?

Malgré moi, je grogne et c'est stupide. J'imagine qu'Enzo s'attendait à tout sauf à cette réaction. D'ailleurs il affiche une moue perplexe lorsque qu'il passe un doigt sous mon menton. Impossible de continuer à lutter : mon brun me force à plonger le regard dans le sien.

- Parle ou sinon je te mange.

J'avoue que l'idée d'être mangée me parait séduisante sur le moment, encore faut-il qu'on se mette d'accord sur le sens du terme. S'il a envie d'un(e) grec, on pourrait s'entendre assez facilement.

Depuis quand j'ai des pensées perverses au juste ?

Je sens mes joues chauffer et plus rien ne me paraît être une bonne idée, de toute façon je vais faire tout foirer. A force de cogiter - à la vitesse de la lumière, bien évidemment - j'en viens à la réflexion que quitte à se planter, autant se lancer et faire les choses en grand.

Du Sofia tout craché quoi.

- Dis, je peux te confier un secret.

- Tout ce que tu voudras ma belle.

Je suis surprise qu'Enzo m'ait entendue tellement mes paroles murmurées étaient basses. Mon cœur sur le point de cesser de battre pour toujours, je m'abandonne totalement contre le torse de celui avec qui je me vois passer le restant de mes jours et décide de me taire. Après tout les mots ne m'ont jamais été de bon secours quand j'y réfléchis.

Mes mains de chaque côtés du visage d'Enzo, je le tire vers moi et l'embrasse comme si c'était la dernière fois que j'en avais le droit. Sans jamais prendre le temps de respirer, nos langues entament la plus belle des danses, la plus naturelle.

Plus je m'abandonne et plus je sens Enzo se détendre - je crois l'avoir un peu pris de court - et il m'encercle totalement la taille, me pressant toujours plus contre lui. La chaleur dégagée par son corps me parait tout à coup intenable et bordel, j'aimerai que ça ne s'arrête jamais.

- Tes mains sont pas un peu trop basses par hasard ?

- Bah le hasard fait bien les choses, tu ne trouves pas Sofia ?

Je ne sais pas qu'elle force m'anime mais je décide d'un coup de prendre le contrôle de la situation. Si Barack apprends ça un jour il en aurait le souffle coupé à vie. Vous réalisez que la meuf timide est en train de prendre les devant là ? Pourtant c'est bien ce qui se passe lorsque mes mains descendent jusqu'à l'ourlet du tee-shirt d'Enzo. Je tire dessus jusqu'à le faire passer au dessus de sa tête et j'ai même le droit à un grognement quand je détache mes lèvres de leur cible.

Peut importe, Enzo attendra. Pour le moment je choisis de tracer une ligne de baisers le long de son torse, tout en le poussant toujours plus lentement jusqu'au canapé.

Le fameux.

Au cours de mon exploration je fait face à des traits noirs indélébiles et il me faut un certain temps- et du recul - avant de comprendre la nature de cette tâche près du nombril d'Enzo. Je finis par me détacher pour mieux l'observer : ce petit détail est diablement sexy.

- C'est un tatouage ?

- Fait pas gaffe, une connerie d'ado bourré.

Je suis certaine que l'histoire est hilarante mais pour le moment j'ai nullement envie de la connaitre, on a tout notre temps pour se raconter nos soirées folles. Seulement ce soir j'ai d'autres projets.

- Viens pas là toi.

Il ne me faut pas plus que ces paroles d'Enzo pour retourner à mon ancienne activité. Maintenant que le brun est presque entièrement avachi sur le canapé, je peux me hisser à califourchon sur lui sans problème. D'ailleurs ma robe rejoint bien vite le parquet, se posant près du tee-shirt blanc.

- T'es sûre Sofia ?

J'aimerai lui murmurer que je n'ai jamais été aussi sûre d'une de mes décisions de toute mon existence mais j'ai pas envie d'effrayer Enzo. A la place je niche ma tête dans le creux de son coup, mes mains toujours occupées à trifouiller ses cheveux bruns mi-long. Pendant ce temps, Enzo me soulève et inverse nos positions et je sens que c'est le bon moment : il faut que je fasse sortir ces trois petits mots de mon esprit et tant pis si c'est bien trop tôt.

Alors je prends une inspiration, laisse mon regard se noyer dans les pupilles pétillante d'Enzo et je murmure assez fort pour qu'il m'entende :

- Je t'aime.




D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant