D'amour et de Rap

52 - ENZO

Quelques jours plus tard.

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma sœur. Je n'ai aucune idée de comment va se dérouler cette journée, ni de comment je vais gérer les retrouvailles avec Em. J'espère qu'elle n'est plus fâchée contre moi désormais, qu'elle ne m'en veut plus de l'avoir ramenée à la maison.

Tu peux toujours rêver mec.

Je souffle et me dirige vers le frigo, c'est l'endroit où j'ai laissé reposer le gâteau que j'ai fait exprès pour Emilie. Il est au chocolat, bien évidemment, et j'ai même pris soin de le recouvrir d'une bonne couche de nutella. Je vous avoue, je suis nul en pâtisserie alors je ne sais vraiment pas ce que ce dessert va donner. Genre quel goût il va avoir ?

Lorsque j'ai remplacé le sucre par du sucre glace - j'en avais plus - et un tiers de la farine par de la Maïzena et que je me suis rendu compte que j'avais oublié la levure j'ai sérieusement pensé à aller en acheter un. Plus que l'envie de ne pas empoisonner ma famille, y'avait l'occasion de revenir dans une petite rue commerçante du quinzième qui me trottait dans la tête.

Après tout la boulangerie de la tante est en face de la boutique de ma brunette...

Me jugez pas, faut bien trouver des prétextes pour que je parvienne à revoir Sofia : elle bosse quasiment tout le temps. Alors moi, j'essaie de venir à elle puisqu'elle est coincée dans son magasin. Puis faut pas déconner je ne vais tout de même pas acheter des fleurs toutes les semaines, à qui je vais les donner sinon ?

L'espace d'un instant j'ai pensé à les ramener au stud' puis créer une petite ambiance. Cette pièce est tellement sombre que la décorer avec des touches de couleurs ne ferait pas de mal. Mais voilà, les gars se seraient foutus de ma gueule et ça aurait paru suspect de ramener des bouquets aussi souvent.

Finalement j'ai pas été acheter ce gâteau. J'ai hésité pas mal, je ne vais pas vous le cacher, seulement j'allais passé pour le mec forceur si j'allais la voir. Enfin je voulais pas lui faire peur en la collant tout le temps : elle est timide et il lui faut un peu de temps, je crois.

Sans oublier la rose bleue que ma fleuriste m'avait conseillé, je descend les marches pour sortir de mon immeuble. Je vais prendre la voiture mais ça me ferait chier si un de mes deux cadeaux se cassent pendant le trajet, dans le métro j'aurai pu les tenir au moins. Seulement avec toute la merde qu'il traîne sur les réseau en ce moment je préfère ne pas prendre de risque.

Il me semble que la première fois que j'ai rencontré Sofia c'était il y a une éternité et pourtant pour rien au monde je n'oublierai cet instant. La première fois que j'ai poussé la porte de ma petite fleuriste à changé ma vie, et ce sur tous les plans. J'ai retrouvé l'inspi mais aussi des sentiments que je croyais ne plus pouvoir ressentir grâce à elle. Elle me rend fou.

Mon esprit s'occupe de repasser en revue sa frange toute bouclée et ses yeux de noisettes putain de magnifique quand un mec m'interpelle dans la rue.

Comme si c'était le moment.

- Eh N'zoo !

Je le salue de la tête en espérant qu'il ne veuille pas plus et baisse encore un peu ma casquette vers mon visage. Est ce que ça va réussir à me cacher ? Honnêtement non, je le sais pertinemment mais le sentiment de sécurité qui découle de se geste est bien trop rassurant pour ne pas en profiter.

- Mec attends !

Putain, c'est mort. Il va me coller aux basques jusqu'à temps que je daigne lui parler. J'ai beau marcher de plus en plus vite, il ne me lâchera pas avant d'avoir obtenu ce qu'il souhaite.

- Tu veux quoi ?

- C'est vrai ça ?

Et là il fait la pire chose au monde : il me sape le moral, littéralement. Face à moi il plante son téléphone avec un gros titre Closer. Je ne prends même pas la peine de lire l'article car la photo d'une fille aux cheveux bleus qui traine en gros plan suffit pour me donner quelques indices.

Pourquoi se mêlent-ils tous de ma vie putain ?

- Je crois que ça te regarde pas, petit.

Et range ton téléphone avant que je l'explose.

- Vas y répond. J'adore tes sons et je veux pas qu'il t'arrive de la merde gros.

- Nan je répondrai pas. D'où ça te concerne hein ? Excuse moi mais si tu crois une seule seconde que ce truc dit vrai, ou même si tu t'y intéresse en fait, tu mérites pas de faire partie de mes auditeurs.

Je me dépêche d'attraper mes clefs et déverrouille ma portière. Je n'attends rien de plus avant de m'engouffrer dans mon véhicule et je roule jusqu'à une ruelle quasiment déserte. J'ai toujours refusé de réagir à ce que les média balançaient sur moi, se défendre d'un truc faux c'est presque comme insinuer qu'il pourrait être véridique. Comprenez : on ne démentit pas quelque chose d'absurde, c'est inutile.

Sauf que la rumeur d'une relation entre Em et moi prend une ampleur telle que je me vois obligé de m'exprimer, sinon je crains que cette affaire ne cessera jamais. Si je parle ce n'est pas pour moi mais plutôt pour ma sœur, elle n'a pas besoin de cette merde dans sa vie. Pas aussi jeune. Pas lorsqu'elle est aussi fragile.

Alors je fais ce qui me parait être la seule issue possible : j'ouvre insta et démarre une nouvelle story. Je sais que d'un côté ça va envenimer les choses : tout le monde va en parler. Mais j'espère clore cette histoire une bonne fois pour toutes. Après une longue inspiration je me lance.

J'avais pas signé pour ça quand j'ai décidé de faire du rap.