61 - SOFIA

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- Il est hors de question que je danse sur ramener la coupe à la maison.

Je lève les yeux au ciel, Barack en fait beaucoup trop. Bon d'accord on en a tous marre de cette chanson tellement elle est passée à la radio. Mais faut bien reconnaitre que ça ambiance toute la salle en un claquement de doigt.

- T'es pas drôle frère.

Et moi je suis morte de rire. Cette soirée se passe beaucoup trop bien pour le moment. Entre le mec de Clem qu'a quasiment frappé le rwandais quand il l'a vu mettre une main au cul à sa meuf et mon twerk endiablé de tout à l'heure, je m'amuse comme une folle.

- Aller vient !

J'insiste parce que je sais pertinnement que c'est le seulmoyen pour dérider le black quand il est en mode chien méchant. Ca n'arrive pas souvent, seulement quand il est fatigué ou qu'il n'arrive plus à supporter ses soeurs.

En même temps il en a quatre...

Je sais très bien que je vous l'ai déjà dit au moins un millier de fois. Seulement j'aimerai vraiment insister que sa vie lorsqu'il rentre au domicile familial est vraiment un enfer. Faut être solide pour supporter un quotidien truffé de tampons.

De toute manière la chanson prend fin alors il n'a pas d'autres choix : je veux qu'il ramène son gros derch sur la piste. Malgré tout j'ai raté mon coup, le black ne veut rien entendre et je me demande s'il ne commence pas à avoir l'alcool triste.

Pas le choix je n'ai plus qu'une chose à faire : me diriger vers le dj et lui souffler des musiques. Si Barack résiste toujours après que les premières notes de Singles Ladies résonner j'abandonne pour toujours.

Heureusement le black réagit et ses yeux s'écarquillent tellement soudainement que je finis par me demander s'il ne vont pas sortir de ses orbites. Il se lève d'un bon et m'attrape par la taille pour me guider en plein milieu de la foule.

C'est gagné.

Le voir finalement de bonne humeur me rassure, j'ai presque cru qu'il était en train de déprimer, ce qui était peu être le cas en fin de compte. Après tout j'ai toujours pas vérifié. On continue de danser encore un moment jusqu'au moment où on meurt de soif et - tels des débutants - on se rue sur le bar.

Seulement après une vodka seulement, les effets de l'alcool recommencent à se faire sentir. C'était évident, même si on avait l'impression d'être en forme on était loin d'être à jeun. Pour moi, tout s'accélère d'un coup et je me mets dangereusement à tanguer.

- Frère je vais vomir.

- On sort ?

Je hoche la tête et réalise que ce n'était pas une bonne initiative : ça fait remonter tout les liquides que j'ai ingurgité à ma gorge.

- Je crois que je viens d'avaler ma gerbe.

- T'es dégueu bébé.

Plus jamais on sort, c'est une galère, et surtout : plus jamais je ne bois de l'alcool. Je suis bien décidée cette fois : j'arrête pour de bon.

Menteuse.

Je marmonne dans ma barbe et réponds à cette petite voix qui squatte dans ma tête depuis bien toujours sans ma permission. Elle commence à un peu trop s'immiscer dans ma vie à mon gout.

- Tu raconte quoi meuf ?

- Je dispute la voix.

Morte de rire, je pointe un doigt vers mon crâne et fait mine de tirer.

- Tu crois que les sourds ils l'entendent ?

- Je sais pas, demande à un sourd.

- Mais j'en connais pas.

Il sort maladroitement son téléphone et je sens qu'il va finir par glisser de sa main. Tout doucement je m'approche et finis par je ne sais quel miracle par le rattraper.

- T'es bourré toi !

Je pouffe comme une gamine, tellement en fait que je perds l'équilibre et m'écrase contre le black qui lui s'étale de tout son long contre le mur.

On est beau à voir.

- Dis Siri, tu connais des sourds toi ?

On attend quelque seconde mais rien ne vient. Alors le rwandais répète sa question une seconde fois sauf que ça ne fonctionne toujours pas : le téléphone reste muet.

- Mais t'as pas appuyé sur le bouton ! T'es trop nul !

- Ah ouais pas con !

Je remue ma langue dans ma bouche quand je réalise que je ne la sens plus tellement. Je la mors, la passe sur mes dents puis, pour m'assurer qu'elle est bien là je la tiens avec mes doigts.

- Elle est pas belle ta langue.

- T'es méchant.

Je pars bouder dans mon coin, faussement vexée et attends que Barack me rejoigne. Résultat on continue notre course sans réelle destination. Notre plan c'est juste de suivre les lampadaires tout en chantant L'amour brille sous les étoiles. Vous savez : la chanson du Roi lion. Puis lorsque l'on a fini on s'applaudit puis on repart cette fois sur Libérée délivrée. Du grand art.

- Attends chuuut.

- Chuuuut.

Je rigole et plaque ma main contre la bouche de Barack. Il chante aussi mal que moi alors lui aussi peut fermer sa gueule. Pourquoi ça serait qu'à moi de le faire ?

- Je rigole pas, y'a des gens.

Intriguée, je tourne la tête et effectivement on est pas tout seul. Un groupe de quatre personne marche tranquillement dans la rue. D'ici je peux remarquer qu'il s'agit de trois mec accompagnés d'une fille un peu plus jeune. Au début, je ne porte pas plus que ça attention à la bande. Mais ça s'était avant que je le reconnaisse lui.

Enzo.




D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant