81 - SOFIA

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Faut que je vous avoue, je n'avais pas vraiment de plan à la base si ce n'est de revoir Enzo en tête à tête. Sauf que je suis beaucoup trop impulsive pour que tout fonctionne sans catastrophe et je devrais me connaitre depuis le temps mais apparemment c'est pas le cas : voilà comment on se retrouve à tous speeder comme des malades.

J'ai décidé d'organiser un diner pour mon brun, ce qui explique la cacophonie qui règne dans ma cuisine. Et si Mamita s'avère être bonne cuisinière, ce n'est pas du tout le cas de Barack et moi. J'ai honte de l'admettre mais même suivre une simple recette de charlotte aux fraises est une épreuve. Alors je m'assure une nouvelle fois d'avoir tous les ingrédients nécessaires à la préparation et jette un coup d'œil au black qui épluche tranquillement ses carottes.

Si seulement je pouvais être à sa place.

- Frère, tu veux pas échanger ?

- T'as même pas commencé.

Je fais mine d'être blessée et tourne le dos au rwandais, puis c'est dans un soupire théâtrale que j'annonce que tout le monde me trahit ici. Bon j'avoue, c'était peut être de trop mais déconner m'aide à oublier le stresse de la soirée. Cette fois hors de question de me défiler, au risque de le perdre pour toujours. Après tout je suis peut être timide - c'est vrai - mais jamais être lâche n'a fait parti de mon caractère.

- En plus j'ai déjà pesé la farine t'abuses.

- J'ai déjà épluché au moins dix légumes.

Forcément c'est la fin du monde dix légumes.

- C'est pour ça que tu veux pas qu'on échange ?

- Y'a pas de raison que je fasse plus de boulot que toi.

J'ouvre la bouche puis la referme avant de la rouvrir de nouveau. Je ne sais même pas quoi répondre à ça, heureusement je sais que le black plaisante. C'était gamin comme réflexion tout de même, il aurait largement pu trouver mieux.

J'aurai largement trouvé mieux.

- Les enfants c'est pas une compétition. On s'active.

Je jette un regard noir à ma grand-mère et commence à mélanger les éléments de la recette ensemble sans prendre garde à l'ordre conseillé et bien évidemment ça fait de la bouillie. Pourquoi est-ce que je ne fais jamais attention à rien ? C'était pourtant pas compliqué de mettre d'abords le fromage blanc et le sucre. Et dire que pendant ce temps Mamita semble cuisiner les yeux fermés.

Dans un éclair de lucidité j'attrape le fouet et tente le tout pour le tout : mélanger jusqu'à ce que les innombrables grumeaux se fassent la malle. Seulement c'est long, très long et mon dessert ne ressemble plus à rien du tout maintenant.

Je suis en train de faire n'importe quoi.

- Alors bébé, on galère ?

- Ta gueule toi.

- Sofia ! Barack !

Je commence à couper les fraises en deux et à cet instant c'est un visage noir qui apparait dans mon esprit lorsque j'abas le couteau sur la planche en bois. Pour la peine j'attrape même un biscuit cuillère et l'enfourne en un seul morceau dans ma bouche. Je m'excuse mais me goinfrer est la seule chose capable de me détendre en ce moment.

- Ca vous dit qu'on mette un peu de musique ?

- Non.

Mamita et moi avons répondu d'une même voix et je me tourne alors vers elle pour lui sourire. On sera au moins toujours d'accord sur un point : pas de Beyonce dans la cuisine de cette maison. Je ris et me reconcentre sur ma tâche - ce qui vaut mieux d'ailleurs vu que je manque à peine de me couper un doigt - sérieusement Deliveroo c'est une bonne alternative aussi.

- Ca sent trop bon.

Je hoche la tête pour confirmer les dires de mon meilleur ami, effectivement l'odeur qui plane ici est plus qu'agréable et d'ailleurs tout ça me donne faim. Vous vous doutez bien que ce n'est pas nos préparations avec Barack qui sentent pareil. En revanche le couscous que prépare Mamita est aussi beau que bon et je compte sur les talents de cuisinière de mon aïeule pour faire perdre ses moyens à Enzo.

- Mamita tu veux bien m'épouser.

- C'est gentil mais mon cœur est déjà pris mon ange.

Alors que je finalise le montage de ma charlotte aux fraises, ma grand-mère dépose ses lèvres sur la joue du black et ne semble plus vouloir le lâcher. Cette situation me fait lever gentiment les yeux au ciel, forcément quand Barack sort le grand jeu il a le droit à un bisous et il le sait alors il en profite.

- T'as petite fille peut avoir un câlin elle aussi ?

- Comment t'es une grosse jalouse meuf ! Viens on va t'habiller plutôt.

Mamita me regarde tendrement et s'approche de moi avant de m'étreindre. Un peu de tendresse me fait du bien et j'arrive à me détendre dans ses bras. Au passage j'entends un murmure se déposer au creux de mon oreille et je souris en entendant les paroles de ma parente : elle me parle d'Enzo et du repas de ce soir.

Evidemment que je vais le faire craquer, Mamita.





D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant