Lentement, je me réveille et sors de mon état végétatif. Le plan c'était de dormir dans mon lit, ça c'était au début. Mais dans un élan de flemme je me suis avachi sur le canapé et me voilà là encore des heures plus tard. Il est près de dix-huit heure, j'ai mal partout alors je m'étire.
- Dure journée.
Je resserre le cordon de la capuche de mon sweat-shirt et attrape mon portable. Il fait beaucoup trop froid dans cette appartement. Faudrait que je me lève et que j'allume le chauffage. Je regarde le radiateur situé au coin de la pièce, c'est vachement loin. Avec le peu de force qu'il me reste je me sers de mon cellulaire pour appeler ma sœur. Certes on s'est vu y'a pas longtemps mais malgré ça elle me manque. La tonalité résonne et elle décroche après quelques bip.
- Salut la schtroumpfette.
- Ta gueule Enzo, elle râle.
C'est plus fort que moi, je peux pas m'empêcher de l'embêter. C'est ma façon de lui prouver que je tiens à elle, une manière qu'elle le sache. Ne la plaignez pas car elle fait pire.
- Tu racontes quoi de nouveau ?
- Bah j'ai été en cours et j'ai dormi.
- T'as révisé ?
- T'as cru que j'allais réviser neuf mois à l'avance ? Ça fait même pas trois jours je suis au lycée !
Je rigole parce que c'est vrai, elle a pas tord. À l'époque il me semble que j'avais commencé à bosser uns semaine seulement avant l'épreuve, je sais c'est pas bien mais j'avais des open mic à cette période. Ces événements représentait l'avenir pour moi alors ils comptaient eux, je mesurais pas encore la nécessité d'obtenir un bout de papier rectangulaire imprimé.
- Tu veux dormir à la maison ce soir ?
- Enzo on est vendredi soir.
- Et alors ?
- Bah j'ai une vie, je sors moi.
Je lève les yeux au ciel. Cette petite chieuse traîne toujours dehors. D'ailleurs on s'embrouille souvent à propos de ça avec mes parents. Ils devraient la surveiller un peu plus car après tout, elle a un bac à passer à la fin de l'année et si elle le loupe je la défonce. C'est important. Elle est encore jeune mais c'est pas une raison pour s'en foutre de tout. Même ses fréquentations je les valide pas, ses potes de square. Je sais que je ne suis pas son père. Néanmoins en tant que grand frère je me sens légitime pour veiller sur elle, pour la protéger.
- Dommage j'avais déjà sorti les pâtes.
Je me retourner vers la cuisine, bien sûr c'est faux. Je suis même pas certain d'avoir encore un paquet chez moi, faut vraiment que je passe faire des courses. En plus le supermarché est à deux rues de chez moi et je passe devant à chaque fois que je me rend au stud. C'est trop con qu'Émilie ne vienne pas, j'ai besoin de sa présence puis j'ai bien envie de lui faire écouter mon son. Après tout c'est ma première supportrice.
- Je sais que t'es déçu...
- Dit pas n'importe quoi Em. On peut se revoir plus tard tu sais, on habite à dix minutes.
- Tout le monde ne vient pas en voiture.
- Roh fait pas ta princesse, le métro c'est pas beaucoup plus long.
Un silence s'installe au bout du fil. Je sais qu'elle réfléchit car sa respiration qui ralentit. Elle doit se lever de son lit, j'entends ses vieilles lattes grincer. Elle au moins n'a pas dormi sur un canapé. Je me frotte encore le dos, il est tout engourdi après cette sieste plus ou moins improvisée.
- Enzo, je peux te demander un truc ?
- Tout ce que tu veux sauf de l'alcool.
- T'inquiète pour ça je gère toute seule.
- Émilie putain !
Je gueule mais elle est beaucoup trop jeune pour ça. Moi à son âge je...
C'est différent. Bah à son âge on avait pas les mêmes vies, j'avais le rap. J'étais obligé de tiser pour évacuer toute la pression. C'est tout.
- Je sais pas si t'as vu mais y'a une brocante demain. Alors j'aimerais que t'y aille avec moi. Ça me ferait très plaisir tu sais.
- Tu veux encore t'acheter des vinyles ? T'en as déjà pleins pourtant !
Je voulais simplement passer du temps avec ma sœur, pas me taper encore une énième brocante. En plus ces trucs t'en vois jamais la fin. Y'a des étals absolument partout. Ces sorties m'ont prouvées qu'on peut vendre n'importe quoi et que le prix affiché sur l'étiquette d'un objet n'est jamais le prix que tu paies pour l'acheter. C'est nul mais je peux plus refuser maintenant. Elle m'a piégée la peste.
- Je passe te chercher j'imagine ?
- Ouais mais plus dans l'aprèm, histoire que j'ai le temps de décuver.
- Em je te jure si tu vomis je t'attrape et je...
- Ouais je sais, aller salut bisous.
Elle est à claquer je vous dis, après les gens s'étonnent que je la surveille. Elle m'énerve. C'est quand même son anniversaire bientôt alors j'ai envie de lui faire plaisir.
Même si elle me casse les couilles.
Seulement je n'ai aucune idée de cadeau, elle possède tout ce qu'il lui faut. C'est fou je manque d'inspiration pour tout ces derniers temps. Je pourrai téléphoner à ma mère pour lui demander conseil mais je sais qu'il est impossible de raccrocher avec ma génitrice avant une bonne conversation de deux heures. Pardonnez moi mais là tout de suite je n'en ai pas la motivation. Alors, j'utilise un fabuleux outil portant le nom internet. Si là je l'ai pas ma réponse, je ne comprends plus rien.
En me levant du canapé je continue à chercher et je finis même par arriver sur le site public pour ado. Ça craint. Posté devant mon frigo j'ouvre une cannette de coca - light, bien évidemment - j'ai pas faim alors je retourne me poser sur une chaise cette fois.
Après avoir passé en revu Sephora et toutes les boutiques de fringues, je tombe sur le site des galeries Lafayette. Mouais, je suis pas convaincu. Je jette malgré tout quelques coup d'œil mais les prix me stoppent net. Je sais parfaitement que si je le veux j'ai le moyen d'acheter de pareils articles. Seulement, je crois que ma petite sœur ne connaît pas encore suffisamment la valeur de l'argent pour que je lui offre des affaires de luxe.
Je jette délicatement mon portable sur la table. Décidément, je sèche. J'arrive pas à trouver le cadeau qui lui ferait vraiment plaisir. Un cadeau avec une vraie valeur sentimentale.
Faudrait un truc beaucoup plus simple que tout ça.
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D'amour et de Rap
Romance« Sofia est une fleuriste qui s'épanouit un peu plus de jours en jours. Elle mène une vie calme et posée dans le 15ème. Un peu timide, elle chouchoute ses fleurs ou encore sa grand-mère. En effet bien qu'indépendante, la jeune fille partage son foye...