63 - SOFIA

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Lorsque j'émerge de mon sommeil je me rends compte que je suis allongée sur un canapé qui m'est totalement inconnu. Ma tête ne me fait pas si mal que ça si on compare à mon estomac qui, lui, me rappelle que j'aurai mieux fait de me poser devant Netflix et roupiller plutôt que de sortir faire la fête avec Barack pour la venue en France de Beyonce, en plus.

Dans quoi je me suis encore fourrée ?

Je suis occupée à me rappeler quelle conne je fais quand je reconnais Enzo en face. Enfin il n'est pas totalement en face de moi - disons plutôt devant - car il se situe dans une autre pièce séparée d'ici par une verrière. Un casque sur la tête, il parle sans s'arrêter devant un micro.

Il respire quand au juste ?

Rapidement je comprends que je me trouve dans un studio d'enregistrement, faut pas être sorti de sciences po' pour s'en rendre compte : y'a des claviers et des micros partout.

- Ca y est, elle est reveillée la belle au bois dormant ?

Je me tourne vers le mec qui à prononcé la phrase et, devant le sourire chaleureux plaqué sur son visage, je ne peux m'empêcher de lui renvoyer la pareil. Il à l'air vraiment sympa.

- Moi c'est Hakim mais tu peux m'appeler Haks.

- Sofia et tu peux m'appeler Sofia...

Mais quelle idiote ! Qui dit ce genre de chose au juste ?

- Ravie de te connaitre Sofia. Maintenant décalle toi steuplait, tu squatte ma place depuis deux heures.

- Ah ouais, tu me fais la conversation juste pour ça ?

Je souris car il me semble que ce type est juste un gros profiteur de malade. Genre il me parle seulement dans le but de pouvoir s'avachir sur le cuir trop abîmé par le temps. Mais je dois reconnaitre que je l'aime bien tout de même : il m'inspire confiance.

- Et pourquoi tu m'as pas juste poussée.

- Parce qu'il voulait pas qu'on te touche.

Hakim pointe Enzo du doigt. C'est gentil de sa part d'avoir demandé que personne ne vienne me déranger. L'attention me touche même si je dois avouer que je ne sais pas trop pourquoi il en fait autant pour moi. C'est déjà généreux qu'il m'ait récupérée et non pas laissée toute seule dans la rue où j'aurais été livrée entièrement à moi même.

- Je sais pas ce que tu lui à fait meuf, mais il est déjà accro.

Je hausse les épaules, ne comprenant pas trop où il veut en venir avec moi. Enzo a juste pris soin de moi comme on le fait entre amis. Mais très vite, je réalise que ce n'est pas exactement vrai lorsque son pote ajoute :

- C'est pas tu lui as tapé dans l'oeil. Nan, avec toi il veut tellement plus. Je veux pas te faire peur hein, ça fait pas longtemps que je te connais mais je crois qu'il pense déjà mariage et appart.

Sa remarque me fait sourire car je pense qu'Hakim va un peu loin. Après il n'a pas forcément tord quelque part car j'ai pu ressentir qu'Enzo cherchait à me connaitre vraiment. En tout cas un peu plus que ce qu'un simple ami serait tenté de faire.

Je ne peux pas dire si savoir que je lui plais me fait plaisir. Ca me touche, ça s'est sûr, mais je ne connais pas encore assez la nature de mes propres sentiments pour décider si l'attachement d'Enzo est une bonne chose.

Tout ce dont je suis sûre c'est qu'une bouffée de chaleur saisit tout mon corps lorsque je réalise que le pul que je porte appartient au brun. D'ailleurs j'essais d'être le plus discrète possible en reniflant son odeur imprégnée sur le tissus. Jusqu'à présent j'avais pas trop eu l'occassion d'en profiter.

- Elle va comment la fêtarde.

- Honnetement ça pourrait être pire.

En relevant les yeux vers le principal interressé j'espère vraiment qu'il n'a pas grillé mon geste. Seulement le petit sourire satisfait qu'il affiche en ce moment est bien loin de disperser mes doutes et je plaque les manches beaucoup trop grandes pour moi sur mes joues, en espérant que ça masque le rouge qui, je le sens, gagne bien trop vite mon visage.

Je suis stupide.

- Il est quelle heure ?

- Pas loin de cinq heure du matin je crois.

- Et toi t'enregistres toujours ?

- Y'a pas d'heure pour taffer princesse.

Et voilà, encore ce surnom et moi qui perds mes moyens. En plus je sens sur moi le regard de ces deux potes et ça n'a pas d'autre effet qu'amplifier mon malaise. Si seulement je pouvais fuir, me rendre invisible ou je ne sais quoi encore, la vie serait plus simple.

- J'ai mis une bassine au pied du canap', vomis dedans si jamais ça vient. T'es blanche quand même.

Je me penche et en effet : il y a bien un compartiment. Jeveux remercier Enzo mais avant même que je commence à ouvrir la bouche il est déjà repartis dans sa cabine. La seule chose que je trouve alors à faire et de poser la bassine sur mes genoux et attendre.

Au cas où.

- Viens par là bichette.

Je m'avance jusqu'au bureau du mec blond et attrape le casque qu'il me tend. Il m'indique que je vais entendre en direct ce qu'Enzo rap en face et je dois reconnaitre que je suis curieuse. J'ai jamais trop eu l'occasion de m'interresser à son travail jusqu'à présent.

D'ailleurs le regard que me lance le rappeur à travers la glace me destabillise. On dirait qu'il cherche à créer une connexion entre nous, comme si il voulait me faire passer un message tacite. Mal à l'aise, je lui souris avant de passer mes doigts dans ma frange. Vieille habitude.

- Prête ?

Je hoche la tête et le type donne le signal à Enzo. Lorsqu'on commence à entendre l'instru je balance ma tête en rythme et j'attends presque avec impatience que la voix commence à se poser dessus. Je sens que ce morceau va être de la bombe. Le paroles déferlent et il me faut un temps d'adaptation pour enfin réussir à en capter le sens tellement ça va vite. J'aime bien, je souris et tend les pouces en l'air pour faire comprendre à Enzo que j'y crois à fond. Puis je commence à comprendre le sens véritable des paroles. Il parle de moi.

Et c'est clairement une déclaration d'amour.




D'amour et de RapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant