18

91 7 0
                                    

Caleb

Je sortais de la bibliothèque, calmement.
Il était tard, je suppose que Bety était toujours avec son amie. J'allais donc aller la chercher.

Je marchais le long de la grande allée qui menait vers la rue. Il faisait presque nuit. Nous pouvions distinguer la lune, pleine, dans le ciel, calme.

Il avait arrêté de pleuvoir. La rue en face de moi était calme. Les lampadaires éclairaient timidement l'allée.

Au loin, je remarquais une ombre qui avançait sur l'allée, d'un pas frénétique, et rapide.
La personne marchait de manière à ce qu'on puisse penser qu'elle était inquiète. Son visage était figé dans une seule direction, droit devant elle, comme si son seul objectif était de s'éloigner de quelque chose.

Je plissais mes yeux. Cette personne avait un long manteau noir. Même si nous étions à une bonne distance, j'arrivais quand même à distinguer ses chaussures, son manteau, cette allure...

Je reconnu immédiatement Bety, et alerté, j'utilisais ma vitesse vampirique afin de l'atteindre en moins d'une seconde.
Pourquoi marchait-elle de cette manière, quelqu'un la suivait ? Avait-elle un problème ?

Je posais ma main sur son épaule, et ne le sentis se figer. Dos à moi, elle prit du temps pour se retourner.
Lorsqu'elle me fit face, je vis son regard comme apeuré se transformer en un regard de soulagement.

-C'est toi, Caleb !

Elle posa une main sur son thorax, en soupirant.
Je fronçais mes sourcils. Elle avait un comportement suspect, et anormal. On aurait dit qu'elle s'attendait à quelqu'un d'autre.
J'avais envie de lire ses pensées, mais je devais d'abord lui demander ce qu'elle avait, je devais apprendre à lui faire confiance.

-Y a t'il un problème ? Pourquoi avais-tu cette démarche ?

Elle me sourit et posa sa main sur mon épaule, comme pour me rassurer.

-Ne t'inquiète pas, c'était juste un homme qui me suivait depuis la bibliothèque. J'ai eu un peu peur, mais heureusement que tu es arrivé !

Je n'était pas vraiment convaincu. J'étais un vampire, ce n'était pas facile de me mentir. Et je savais qu'elle me mentait. Mais pourquoi ?
D'ailleurs, pourquoi était-elle allée dans la bibliothèque sans me prévenir ? Je pensais que j'allais la retrouver au centre commercial.

Je soupirais intérieurement, triste de devoir fouiller encore ses pensées.
Je me concentrais sur elle et sur son esprit, espérant trouver des réponses.

C'était comme si le temps s'était mis sur pause. Je plongeais dans son regard, et dans son âme. D'habitude, il y avait pleins d'images et de mots qui y circulaient. Mais étrangement, en ce moment, la seule chose sur laquelle elle était concentrée, c'était moi.

En effet, c'était très rare que les pensées de quelqu'un soient monopolisées par une seule chose. D'un autre côté, c'était normal parce que je lui parlais en ce moment même.

Je sortis de mes pensées ( et des siennes) et la regardait.

-Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu que tu étais à la bibliothèque ?

Nous commençames à avancer. Elle voulut me répondre en me prenant par la main. J'eus un frisson.

-Bety, tu sais que je... La chasse.

Elle comprit, et soupira. Ça allait faire trois jours que je n'avais pas vu de sang. Je n'étais donc pas stable.
Il y eu un long silence. Elle ne m'avait pas donné de réponse. Mais c'était mieux comme ça. En réalité elle devait avoir une raison.

Me dirigeant vers la voiture toujours garée devant le centre commercial, je regardais encore le ciel. La pleine lune.  Et j'allais devoir chasser.
J'avais un très mauvais pressentiment.

Nous arrivâmes devant la voiture, comme d'habitude, je lui ouvris la porte et elle entra silencieusement après m'avoir remercié.
Je soupirais.

-Bety,

Tournant son magnifique visage vers moi, un joli petit sourire se dessina sur ses lèvres.

-Oui ?

Je soupirais.
Je plongeais mon regard dans le sien, attendant de lui faire part de notre invitation chez mon père.

Je ne voulais pas me marier sans que mon père l'ai rencontré, et de plus, j'appréhendais tellement ce moment.
Mon père habitait toujours en Angleterre, ce lieu où j'avais grandis et vécu. Étais-je prêt à affronter encore une fois le lieu de mon humanité ?
Moi qui avait tant de contrôle sur mes émotions, à chaque fois que je me rendais à l'endroit où j'avais vécu, mes sentiments de déversaient dans mon âme, de plus, la douleur et la souffrance étaient tellement dures, surtout lorsqu'elles venaient ouvrir des blessures qui avaient presque réussies à cicatriser.

Le concert était dans 10 jours, et nous avions une répétition générale dans trois jours. Le moment était mal venu. Quand allais-je trouver le temps de me rendre sur un autre continent avant ce fameux concert ?

Il fallait que nous nous y rendions le jour même de la première répétition générale. Nous allions passer 4 jours en Angleterre et revenir pour être prêts pour le concert.

J'allais me marier, enfin. Après deux cents ans.
Ce moment me rendait tellement nerveux, et la femme que j'aimais était juste près de moi. Est-ce qu'elle allait accepter ? Est ce que tout allait bien se passer ?

Intérieurement, j'étais confus. Extérieurement, je la regardais, d'un air confiant. Mes émotions étaient parfois à l'opposé de ce que je montrais, et inversement.

Campagne anglaise, 19ème siècle.

Mes yeux étaient fermés. J'étais souriant.
La lumière du soleil filtrée par les vitraux de l'église magnifique où je me trouvais éclairaient mon visage, et les invités, me regardant, étaient silencieux et souriaient aussi.

Après quelques secondes, j'ouvrais les yeux.
Elle était la, de l'autre côté de l'église.
Elle était magnifique. Sa robe était blanche, avec un magnifique corset, et simple.
Ses cheveux ondulés et roux tombaient comme une cascade de feu sur son visage si pur, et elle me regardait de ses yeux verts magnifiques.

Tous les invités se tournèrent vers elle, et admiratifs, ils la contemplaient, sans rien dire.
Doucement, elle avança vers moi, un sourire sur le visage, me fixant toujours.
J'étais aux anges, j'étais au paradis. Mon cœur battais dans ma poitrine, je n'arrivais pas à detourner mon regard de celle qui allait être ma femme.

Immédiatement, j'éjectais cette vision de mon esprit. Je ne devais pas penser à ça. Pas maintenant, ce n'était aucunement le moment.
Le souvenir de ce qui s'était passé était toujours aussi douloureux en moi. Et en recevant à angleterre, j'allais devoir encore tout à affronter. Les démons de mon ancienne vie allaient revenir le torturer.

Brièvement, j'expliquais à Bety que mon père voulait qu'on lui rende visite.
Je n'étais pas quelqu'un de démonstratif, mais elle avait très vite deviné que j'amais beaucoup mon père. Il avait fait tellement de choses pour moi, je lui étais redevable à vie.

Après que j'eus termine de tout lui expliquer, en ommetant volontairement le fait que c'était pour la demander en marriage, elle me dit :

-Je suis pressée de rencontrer ton père, il a l'air d'être quelqu'un de bien.

Je ne savais pas si je pouvais dire qu'il était quelqu'un de bien ; en effet, certaines personnes pourraient le qualifier de démon, d'autres personnes pourraient dire que c'est un ange tombé du ciel. Il était très complexe.
Toutefois, avec moi, il avait ete comme un père, et pour cela, je pourrais dire que c'est quelqu'un de bien.

En guise de réponse, je lui souris et lui prit la main quelques instants, avant de déposer un baiser sur son front.

Rédigé le 25 octobre 2019

Ton Sang, le prix de notre amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant