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Caleb

Nous avions rendez vous avec le directeur du convervatoire de musique en début d'après-midi. Nous devions lui interpréter un morceau que j'avais composé pour le violon et le piano, afin qu'il décide si oui, ou non, il l'intégrerait dans le recueil de pièces musicales à présenter tout au long de l'année. En effet, nous avions un contrat d'un an.

Malheureusement je ne pouvais me voir dans la glace, mais n'en ressentait pas le besoin. Je savais que j'étais beau. J'avais coiffé mes cheveux blonds en arrière, je portait un costume noir et élégant et une chemise blanche.
Bety était toujours dans la salle de bain.

Je pensais à elle.

Être un vampire, c'était ressentir les émotions de manière décuplée, l'amour, la joie, l'envie, le désir. C'est ce que je ressentais pour elle.

Pendant trois ans, j'avais réussi à réprimer mes envies meurtrières parce que personne ne nous avait approchés. Allais-je reussir à tenir ici ?

Je ne voulais pas la froisser ni lui faire de mal, ni redevenir celui que j'étais en début de relation. Froid, possessif, mystérieux. Mais je ne pouvais sans cesse refouler ma vraie nature.

Je ne dis pas que je jouait un rôle devant elle, mais je faisais le maximum pour canaliser ce que je ressentais.
J'avais un desir de protection, de possession envers elle. Quelque chose chez elle m'attirait, d'autant plus que d'adolescente, c'était devenu une jeune femme de 19 ans, elle était encore plus... Attirante.

La porte de la salle de bain s'ouvrit, laissant place à une somptueuse creature.

Elle était habillée d'une robe noire en velours, des escarpins noirs et avait mis une rose rouge dans ses cheveux frisés. Elle avait mis de l'anti cerne (oui, elle m'avait appris ce terme) et portait un beau rouge à lèvres rouges.

-Tu es splendide.

Gênée, elle croisa ses bras sur sa poitrine, et elle répondit.

-Merci, toi aussi.

J'eus un sourit en coin avant de l'embrasser sur le front, et de la conduire vers l'entrée de la maison, n'oubliant pas de prendre son violon.

Je me garais devant l'immense convervatoire ou nous allions devoir nous produire cette année. Il était grand.

Comme la mairie, il avait des colonnes blanches, et les immenses marches menant à l'entrée étaient en pierre de la même couleur. La facade était en pierre beige. C'était élégant.

Il y avait du monde présent devant le convervatoire. C'était un lieu dynamique. Certains étaient bien habillés comme nous, d'autres étaient habillés normalement.

Il me tardait de rencontrer le directeur. J'avais du mal avec le fait d'être un employé. J'étais comme mon père. Je voulais toujours avoir les commandes. Tristan, lui, n'en avait rien à faire.

Je l'imaginais comme un homme âgé, les cheveux blancs, élégant, un peu comme Karl Lagerfeld. Il était pianiste, lui aussi. Mais l'était-il depuis 300 ans comme moi ?

Pendant que nous étions en train d'avancer, quelques regards se posaient sur nous.
Ils avaient l'air de tous se connaître, étant donné la manière dont ils étaient à l'aise.

Venaient-ils passer une audition comme nous ?

Bety remarqua aussi que nous étions observés, je le sentis. De nature timide, elle se rapprocha de moi. Je la rassurais en lui prenant les épaules.

Nous entrâmes à l'intérieur, sous le regard des autres personnes de l'extérieur.

L'intérieur du convervatoire était vraiment spécial, mais beau. Les murs étaient d'un rouge tel du vin, le parquet était d'un marron virant sur le roux foncé. L'accueil était à notre gauche.
Deux hommes s'y trouvaient. Ils nous regardèrent sans rien dire.

-Bonjour, dis-je, nous sommes la pour rencontrer Mr Hernández Lorenzo, pour une audition, pouvez vous nous renseigner je vous prie ?

Le jeune homme me répondit chaleureusement :

Oui, il vous attend dans l'auditorium 1 pour votre audition. Je vous y conduis de suite.

Nous le suivimes sans un bruit a travers les couloirs du convervatoire. De certaines portes émanaient un chant, ou qu'on un son de corde, ou sinon la mélodie d'une flûte.

Nous ne mimes pas beaucoup de temps à arriver devant une petite porte.

Le jeune homme nous expliqua

-C'est la porte des coulisses. C'est par la qu'entrent les artistes. Une fois dedans vous aurez le privilège de vous entretenir avec Mr Hernández.

Je lui répondis en souriant.

Bety était stressée, je le sentais, je posais ma main sur la sienne.

Une fois que nous nous retrouvâmes seuls dans le couloir séparant la scène et les coulisses, je la regardait, une dernière fois avant le moment fatal.

Elle me regardait, les bras croisés, sin violon dans la main gauche, son archet dans la main droite. Elle était tellement belle avec cette rose dans les cheveux.

-Ça va bien se passer, d'accord ?

Je caressai son visage d'une main avant de l'embrasser.
Elle était forte au violon. Quant à moi, j'avais inventé ce morceau il y a 300 ans, je le maîtrisais à la perfection, j'étais hors de danger.

Nous fîmes un pas sur la scène. Eb premier temps, je surpris par les projecteurs mais ma vue adaptative m'empêcha d'être aveuglé, contrairement à Bety.
Sur la scène se trouvait un grand piano à queue noir, comme le mien.

En face de la scène, il y avait trois personnes. Une femme et deux hommes j'avais du mal à les distinguer. Ils nous fixaient.

-Bonjour, je suis Lorenzo Hernández.

Mon regard se tourna vers la voix.

Et la, je fus surpris.

Lorenzo était loin d'être un homme âgé, tel que je l'imaginait. Il était grand, avait le teint hâlé, de grands yeux noirs, de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval. Et surtout, il était jeune.

Mon regard se concentra sur son regard. Il ne me regardait pas moi, mais plutôt quelque chose près de moi.

Ou bien quelqu'un près de moi.

Oui, il était en train de dévisager Bety, une expression indéchirable sur le visage.

Ça commence bien.

Ton Sang, le prix de notre amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant