Les Deux Frères (Tome 1)

Chapitre 27 : Eden

Je me réveil sous les rayons chauds et enjôleurs du soleil. Lydia est à côté de moi et dors profondément, ses cheveux encadrant son visage de porcelaine. J'ai tellement pensé à un tel moment pendant ces quatre mois, que maintenant, avec mes émotions c'est comme un rêve.

Je me lève sans la réveiller et descend les escaliers. Sauf que ce que je trouve me laisse sur le cul. Ma mère est assise sur l'une des chaises de l'îlot qui nous sert de table à manger, entrain de pleurer. De pleurer ! Je me fige et avale difficilement ma salive. A vrai dire, je ne sais pas comment réagir.

- Maman...

Elle lève les yeux, légèrement surprise. Elle ne semblait pas m'avoir remarquée. Elle essuie rapidement ses larmes et se lève pour se tourner vers les placards.

- Tu veux ton petit déjeuné ?

- J'ai dix-sept ans, je peux m'en sortir tout seul.

- Tu as raison.

Elle me sourit. Elle me sourit ?! Je ne comprends plus rien. Je fronce les sourcils alors qu'elle retourne dans la chambre de mon père. Je reste sur mes gardes mais prends mon petit déjeuné tranquillement. Lydia me rejoint peu de temps après et m'embrasse. Je lui souris. Jayden et Alice descendent à leur tour. J'en profite pour m'éclipser et m'habiller en vitesse.

Je sors de la maison par ma fenêtre, la hauteur ne me dérange pas, il faut juste que je fasse le moins de bruit possible. Une fois au sol, je m'approche de la fenêtre de la chambre où ma mère dort. Elle lit un livre à la couverture noire et ancienne jusqu'à ce qu'elle reçoive un message sur son portable. Un objet que j'évite depuis notre fuite.

Son visage se décompose et se transforme. Elle attrape son sac à main aussi vite, y glisse le livre et y jette son portable. Elle reprend une contenance, regarde autour d'elle et souffle un bon coup avant de sortir de la pièce avec son sac.

- Je vais faire quelques courses.

Personne ne répond. Une fois qu'elle est sortie, je fais le tour de la maison pour arriver dans l'angle de la façade. Elle entre dans sa voiture et part en direction de la ville. Je pars en courant et la suit à bonne distance.

Je suis plutôt intriguée quand je me rends compte que sa destination, c'est la maison de mon meilleur ami. Je fais le tour et m'infiltre dans le jardin sans faire trop de bruit. Je me place à côté de la fenêtre de la cuisine et inspecte.

Le père de Kay semble aussi accablé que l'était ma mère tout à l'heure, ou la mère de Lydia quand elle l'a rejetée. Je plaque mon dos sur le mur de la maison et réfléchis. Depuis le début, nous nous éloignions de nos familles à cause de nos pouvoirs. Je ne supportais pas mon père et quand mon frère et lui m'ont abandonné j'ai eu du mal à refaire confiance à Jayden. Quant à ma mère, je ne lui pardonnerais jamais ce qu'elle nous a fait.

Dans le cas de Lydia, elle n'a jamais supporté que sa mère lui ai mentit sur ses pouvoirs, qu'elle lui ait caché que la mort de son père était dû à des chasseurs parce que son père était un loup-garou comme moi. Je pense qu'elle ne lui pardonnera jamais qu'elle nous ait vendu à un groupe de chasseur, qui ne devait emmener que moi et qui a au final kidnappé tout notre petit groupe.

Dans le cas de Kay, j'ai appris par Lydia qu'il était devenu un sorcier. Il ne doit pas le prendre très bien que son père ne lui ait jamais parlé de la probabilité qu'il en soit un. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux, mais vu la tête que fait son père, ce n'est pas quelque chose de joyeux.

La porte claque et me ramène à la réalité. Je me retourne vers la fenêtre et observe ma mère s'assoir sur leur canapé, Charles en face d'elle. Il reste silencieux un instant, à dévisager leur main comme si elles leur donneraient du courage.