Souvenirs...

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Ça va faire quelques jours que je n'ai pas vu Ley. Depuis que je l'ai laissé pour Alice, elle ne montre plus le bout de son nez. A vrai dire, je n'ai pas vu Alice non plus. Je l'évite depuis qu'elle m'a embrassée.

Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens mais ce que je ne veux pas, c'est m'attacher. Je suis ici, dans cette école de torture, parce que je me suis attaché à mon frère mais mes croyances n'allaient pas avec ça nature. Je pensais pouvoir être meilleur et le tenir loin de ses conneries mais j'ai faillit le tuer. J'ai faillit tuer mon frère jumeau, mon double, ma moitié, mon âme sœur. Et je ne veux pas que ça recommence. Je ne veux pas qu'elle subisse ça si jamais je n'arrivais pas à me contrôler.

Je m'engouffre dans la salle de classe et je reste sur le cul. Alice parle avec notre professeur de mathématiques. Et surtout, Ley la fusille du regard sans discontinuée, accrochée à sa place au fond de la salle. Mon regard dévie, à chaque fois que j'essaye de le laisser loin, sur la jolie blonde qui me tourne toujours le dos. Elle porte l'uniforme blanc qu'elle trouvait prétentieux. Elle se retourne enfin et pose ses magnifiques prunelles bleues marines sur moi en me souriant.

Elle se dirige vers moi. Mais à vrai dire, je ne sais pas comment réagir. Elle s'assoit à ma droite, Ley à ma gauche se penche pour pouvoir continuer de la tuer de ses yeux bleus azures. Je commence à étouffer entre ces deux filles, alors j'attrape le bras de Ley et l'extirpe de la classe pour la jeter sans ménagement dans le couloir.

- Tu peux m'expliquer c'est quoi ton problème ?

- Que tu ne vois que cette greluche. Tu ne fais plus attention à moi. Putain, mais qu'est ce que tu lui trouves ? Elle n'est pas jolie, elle à peine quelques formes et je ne parle pas de ses manières de petite fille modèle.

- Qu'est que ça peut te faire, on n'est pas marié à ce que je sache.

Elle prend ma remarque comme un coup de fouet. Ça colère monte faisant luire ses yeux de cette teinte violette caractéristique des vampires.

- Moi je t'aime ! Qu'est ce qu'il te faut de plus ?!

- Je n'ai jamais eu de sentiments pour toi, Ley. Tu es peut être bonne au lit, mais je ne te considèrerais jamais autrement que comme ma meilleure amie.

La gifle qui s'en suit me met KO. Je reste figé quelques instants pour remettre mes idées en place.

- Je n'en reviens pas. Tu me ramènes à un plan cul.

- Bien sûr que nan, mais tu l'as cherchée. Ley, tu seras toujours ma meilleure amie, mais tu sais que ça n'ira jamais plus loin.

Des larmes dévalent ses joues parfaitement lisses. Je l'attire à moi et la prend dans mes bras. Nous restons ainsi un bon moment avant qu'elle ne décide de se défaire de mon étreinte. Je ne l'ai jamais vu aussi fragile. La Ley que je connais est forte et arrogante. Elle ne ressemble pas à cette petite fille morte de honte et de tristesse. Le vampirisme exacerbe ses émotions et je pense qu'elle n'est pas prête de s'arrêter.

Vers vingt-deux heures, je retrouve Alice dans le jardin autour du bâtiment cours. Elle est toujours entrain d'écrire sur son calepin et ne détecte pas tout de suite ma présence. Le léger vent fait valser ses cheveux autour d'elle me faisant parvenir son odeur si alléchante.

- Tu ne devrais pas fixer les jeunes filles dans la nuit. Ça fait très voyeur et pervers.

- Je le suis peut être, tu ne me connais pas.

Elle relève la tête avec un sourire et je m'assoie près d'elle.

- Quelles sont tes particularités ?

Je réfléchis quelques instants avant de me retourner sur l'arbre sur lequel nous sommes appuyés. Le contemplant pour être sur que c'est bien un cerisier japonais, je pose ensuite ma main à plat sur son écorce en fermant les yeux. Quelques minutes plus tard, il se couvre de pétales rosacés. Alice regarde ce que je fais sans émettre un bruit. Je fais monter le vent autour de nous, arrachant les pétales qui viennent en pluie nous recouvrir. La jeune fille en attrape quelques uns dans sa main. Les quelques pétales volant encore subissent une combustion spontanée.

- L'air, le feu et la terre. Tu n'as jamais développé d'autre élément ?

- Non.

- Quelqu'un doit les détenir alors.

Je me prends à penser à mon frère. Eden est un loup-garou maintenant, il a peut être développé d'autre pouvoir que les miens. Je n'ose pas me l'avouer mais qu'est ce qu'il me manque.

- Ça va ?

- Oui ne t'inquiète pas.

Elle reste silencieuse avant de reprendre.

- Jayden...

- Oui...

- Il faut que je te dise quelque chose.

Je me raidis. Je ne supporterais pas de réécrire la scène d'il y a quelques heures. Pas maintenant, pas elle. Je ne suis pas d'humeur et j'ai peur de m'énerver.

- Tu es une personne extraordinaire. Je sais que ça ne fait pas longtemps qu'on se connait mais je crois que quelque chose nous lie depuis que l'on s'est croisé dans le bureau de ton père et...

- Nan, pas encore...

J'ai chuchoté ses mots, pas assez bas pour que ma voisine ne les saisisse pas. Elle feint pourtant l'indifférence.

- Pardon ?

- Je suis désolé mais...

- Tu ne sais même pas ce que j'allais dire. Ose me dire droit dans les yeux que tu ne ressens pas la même chose !

Je reste un moment à regarder mes chaussures avant de plonger mon regard dans le sien. Je m'en veux, pour ne pas pouvoir lui dire ce qu'elle veut entendre et pour ce que je vais faire.

Je me lève, sans un regard en arrière et quitte cette fille qui tien déjà mon cœur entre ses mains.

Après ce jour, j'ai supplié mon père de repartir dans ma ville natale pour retrouver ce frère que je vais devoir détester. Cette ville où je vais presque supplier le maire, chasseur dans l'âme depuis des générations, d'abréger ma souffrance en tuant la meute qui y séjourne. Mon père préservant notre intégrité en ne voulant tuer que Chuck. Où Alice aura décidé de me suivre et où ce cauchemar que je ne voulais pas vivre un jour, commence son histoire sans fin.

Les Deux Frères (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant