Chapitre 3 - Lui

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Je m'éveille difficilement. Mes paupières, faites de plomb, sont lourdes. Je peine à les relever. La lumière qui pénètre ma chambre m'éblouit. Je referme brusquement les yeux face à cette agression. Un orchestre semble avoir pris possession de mon crâne. Des percussionnistes se sont installés derrière mes globes oculaires. Ça cogne fort contre mes tympans. Je gémis en croisant les bras sur mon visage. J'essaie de me souvenir de la soirée, mais c'est le trou noir. Ma migraine s'aggrave quand je cherche à puiser dans ma mémoire. Ma bouche pâteuse est emplie d'un goût amer. L'odeur qui envahit mes sens, me donne la nausée. Quand je comprends que cet effluve nauséabond vient de moi, la bile remonte dans ma gorge. Mon œsophage me brûle alors que je retiens un haut-le-cœur. Je passe ma langue sur ma bouche sèche. Surpris par une sensation métallique, je glisse mon doigts sur ma lèvre. Je grimace quand une vive douleur se réveille. Visiblement, elle est fendue. Quelques bribes de souvenirs me reviennent en tête, notamment ceux d'une bagarre. Je soupire devant l'inconscience de mon attitude. Je cumule les conneries en ce moment. Heureusement, j'ai pu me mettre en arrêt. Je ne vais plus bosser depuis deux semaines, j'en suis incapable. Le doc a complétement marché dans mon histoire de grippe carabinée. Je ne pouvais plus être pompier. Je n'arrive plus à me concentrer, à être efficace. Je n'ai plus l'esprit à ça, ni le cœur. Sentant mes battements cardiaque accélérer, je tente de maîtriser ma respiration.

Inspirer par le nez, expirer par la bouche.

Mauvaise idée avec la fragrance qui a envahit l'air de la pièce. Et je ne parle pas de mon haleine, capable d'achever n'importe qui.

Dans un grognement, je roule sur le côté. Mes muscles sont extrêmement douloureux. J'ai l'impression qu'un camion m'a roulé dessus. Je n'avais pas idée qu'il était possible de souffrir autant. Chaque partie de mon corps me fait mal, de la pointe de mes cheveux à mon plus petit orteil. Est-ce que l'on souffre autant avec la vieillesse et les rhumatisme ? Si c'est le cas, je ne souhaite pas avancer dans les années.

— Je t'apporte une aspirine.

La voix d'Eliott me parvient aussi puissante que s'il hurlait dans mes oreilles. Son timbre fait vriller mes tympans. Je me pose mes paumes contre mes tempes, serrant mon crâne entre mes mains. Le son continue de s'insinuer dans ma tête, il fait vibrer mon cerveau.

Délicatement, j'ouvre un œil. J'observe sa silhouette se déplacer pour poser le verre sur la table de chevet. Mon regard croise le sien et je n'aime pas du tout ce que j'y vois. Colère, déception, tristesse. Tout ça, à cause de moi. Je sais que j'inquiète mes proches. Je clos les paupières, incapable de supporter le feu de ses prunelles. Je dois me reprendre, j'en suis conscient.

— Tu bois ça, tu prends une douche et ensuite, on parle.

J'acquiesce aux paroles de mon ami. Je l'entends bouger dans la pièce. Il ouvre la fenêtre puis sort en refermant la porte. Je reste quelques secondes, immobile dans le silence. Un petit vent frais entre par le battant, rafraîchissant l'atmosphère. Je ne supporte plus de me sentir aussi faible. Je ne pensais pas qu'un cœur brisé pouvait occasionner autant de souffrance.

Est-ce ainsi à chaque fois ou ma relation avec Athénaïs était-elle particulière ?

Elle l'était, c'est évident. Entre nous, tout a été trop vite. Trop d'attachement, de sentiments. Le plaisir que j'éprouvais à ses côtés était inimaginable. Jamais, je n'avais ressenti ça ! Mais il est temps de faire une croix sur cette relation. De laisser filer cet amour qui ne sera jamais possible. Ça, elle me l'a clairement fait comprendre ! Pour elle, il n'y a rien eu entre nous. Il n'y a même pas eu de « nous ». D'un claquement de doigts, elle a renié tout ce que nous avions vécu. Les moments que nous avons partagé ont fini aux oubliettes. Elle est passée à autre chose alors que moi, je sombre.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant