Embrase-moi Tome 2

Chapitre 6 Partie 1 - Elle

Dans le silence de l'appartement, je m'éveille difficilement. La nuit fut atroce. Peuplée de cauchemars, elle ne m'a pas laissé une minute de repos. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi une seule seconde. Mon pyjama humide témoigne de mon sommeil agité. Je n'ai pas arrêté de me tourner dans mon lit, essayant de chasser les ombres qui m'entouraient. Mon corps courbaturé me fait souffrir le martyr. Chaque muscle est anormalement crispé. Je m'étire doucement, espérant chasser les élancements. Une grimace fend mon visage quand je m'étends sur le dos.

Non, ce n'est vraiment pas mieux.

Mes yeux me brûlent, me piquent. J'ai versé trop de larmes, bien plus que ne peut le supporter mon âme. Je frotte mes paumes sur mes paupières, accentuant le désagrément. Je pousse un profond soupir en me tournant sur le côté. Mes gestes sont délicats, précautionneux. J'ai l'impression de sortir d'une séance de sport intensive. D'avoir enchaîner courses et musculation, comme il peut m'arriver de le faire pour me défouler. Pourtant, je n'ai rien fait de tout ça. J'ai seulement répété une erreur que je m'étais promis de ne plus jamais faire.

A cette pensée, ma blessure se réveille. Mon poignet devient douloureux. Sur le bandage qui l'enserre, une marque rougeâtre s'étend. Mon sang pulse à cet emplacement, faisant réagir mes nerfs. Ma vue se brouille alors que les souvenirs d'hier soir me reviennent en mémoire. Je n'aurai jamais dû faire ça. Je suis bien consciente de la bêtise de mon geste. Cela ne réglera rien, bien au contraire. Mais je n'aie pas réussi à m'en empêcher. Comme si une force supérieure avait agi à ma place. J'ai été incapable de me contrôler, de m'arrêter.

J'ai subi, comme étant spectatrice de ma propre vie.

Pourtant, je ne peux nier que sur l'instant, j'en ai ressenti une satisfaction. Mon esprit a pu se concentrer sur cette nouvelle souffrance, mettant en sourdine toutes les autres. L'espace de quelques secondes, cela m'a soulagé. J'ai enfin pu respirer normalement.

Malheureusement, le mal-être m'a vite rattrapé. Et puis, il a fallu faire face. A l'imprudence de mon acte, à ma conscience qui s'est réveillée. Ce qui m'a soulagé sur le moment a été ensuite source de remise en question. Comme si j'avais besoin de cela maintenant. J'ai bien assez de choses à régler pour ne pas en rajouter. Mon ventre se tord rien qu'en y pensant. Je suis stupide. Trop impulsive, je laisse toujours mes émotions me guider. Voilà à quoi cela mène. Ce n'est pas beau à voir.

Je me redresse en grognant et appuie mon dos contre la tête de lit. Délicatement, je défais le pansement. J'observe les dégâts. Les entailles ne sont pas très profondes. Heureusement, sinon je me serai probablement vidée de mon sang. Une visite aux urgences avec un suivi psy est loin d'être ce dont j'ai besoin en ce moment. J'approche mon articulation de mes yeux. Mon cœur se serre quand je devine que cela va laisser des cicatrices. Ma peau marque tellement vite, que le contraire m'étonnerait beaucoup. Je soupire une nouvelle fois avant de me lever.

Dans la salle de bains, je file directement sous la douche. L'eau chaude me fait un bien fou, détendant mes muscles contractés. Quand elle entre en contact avec ma blessure, je ne peux retenir un cri plaintif. La brûlure que je ressens me fait grimacer. Je serre les dents en me frottant avec le savon. J'expire l'air qui s'était coincé dans mes poumons quand la sensation disparaît peu à peu. L'odeur délicatement fleuri du gel douche me relaxe. Je reste quelques secondes supplémentaires sous les jets, profitant de ces bienfaits.

Je coupe les robinets alors que mon estomac gronde. Cela fait plusieurs fois que je saute les repas. Je suis incapable d'avaler le moindre aliment. La tension me coupe l'appétit. La boule douloureuse qui se forme régulièrement dans ma gorge ne m'aide pas non plus. A regret, je quitte la cabine. Dans ma chambre, je passe rapidement une robe légère. Les températures sont très agréables ce mois-ci.