Chapitre 7 Partie 1 - Lui

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La tête sur la poitrine d'Athénaïs, je me laisse bercer par le rythme de ses battements cardiaque. Ces coups résonnent dans mon esprit, me faisant vibrer au même tempo. Mes doigts, glissés sous son teeshirt, caressent la peau délicate de son ventre. Ses frissons me font sourire, j'apprécie de la voir réagir ainsi à mon touché. Pourtant, je ne ressens aucun désir sexuel. Je veux simplement de la tendresse. Je souhaite seulement sa présence à mes côtés, sans autre pensée que celle de l'avoir près de moi. Juste pour moi.

Sa chaleur me réconforte alors que son parfum m'enveloppe. Son odeur m'avait manqué. Cette fragrance qui n'appartient qu'à elle, me rassure bien plus que je ne pouvais l'imaginer. Un soupir de bienêtre s'échappe d'entre mes lèvres. J'ai enfin la sensation d'être complet. Elle m'apparaît comme un chocolat chaud après une journée à skier. Comme une piscine bien fraîche pendant les jours de canicule.

Elle m'est indispensable, essentielle.

Je sens sa main masser distraitement mon crâne. Je ferme les yeux et savoure avec délice sa douceur. Je n'en reviens toujours pas, de voir avec quelle facilité les mots m'ont échappé. Moi qui avais toujours refusé de lui parler de Matthieu, je l'ai fait aujourd'hui sans aucun problème. Cela m'a même fait du bien. Je me sens mieux, apaisé. Je n'avais jamais partagé ma peine, pensant que le contre coup serait trop douloureux. Mais ça a été le contraire. J'ai l'impression d'être plus proche d'elle et en même temps, d'être plus proche de lui. C'est une sensation étrange. Parler de mon frère me donne l'impression d'avoir débloqué quelque chose en moi. J'ai le sentiment d'avoir ouvert une porte que je pensais fermée à jamais. Je laisse à mon cœur la possibilité de ressentir de nouvelles émotions. Mais surtout, je donne l'opportunité à quelqu'un de partager ma peine.

En racontant l'histoire de mon grand frère, j'ai l'impression de l'avoir ramené à la vie. L'effacer comme je l'ai fait, ne jamais parler de lui ou même prononcer son nom, me donnait l'impression d'atténuer ma peine. Aujourd'hui, je prends conscience de mon erreur. J'ai besoin de me souvenir, de partager ce qu'il était, ce qu'il m'a apporté. Le faire, surtout avec elle qui ne le connaît pas, me permet de raviver ma mémoire. Je revis les moments de bonheur passés avec lui. Ces instants où nous partagions tout, mais aussi, ceux avec ma famille. Mes parents sont toujours restés debout après le drame, même si notre vie n'a plus jamais été la même. Les pleurs de ma mère résonnent encore dans mon esprit. Mon père n'a plus jamais eu le sourire rayonnant qu'il abordait. Pourtant, ils m'ont soutenu, porté à bout de bras.

Je ferme les yeux en soupirant profondément. Les caresses que font les mains d'Athénaïs dans mes cheveux m'apaisent. Sous mes doigts, son ventre bouge suivant le rythme régulier de sa respiration. Je me sens bien, je pourrais presque me laisser porter et m'endormir.

— Noham n'est pas mon fils.

Mes paupières s'ouvrent brusquement à l'entente de ces mots. Je tente de me redresser, mais d'une pression sur mon épaule, elle m'oblige à rester en place. Bien sûr, il suffirait que je mette un peu de force pour bouger sans difficulté, mais je sens qu'elle a besoin que je reste ainsi. Sous mon oreille, son cœur a fait une brusque accélération. Sa respiration se fait plus courte. Je me fige, attendant le moment où elle reprendra la parole. Je ne comprends pas ce qu'elle insinue disant que ce n'est pas son enfant. L'a-t-elle adopté ? Non, il lui ressemble bien trop. Sans compter que les adoptions sont des procédures longues et que, malheureusement, peu aboutissent. Mon corps se tend quand je me rends compte qu'elle s'apprête à me révéler un de ses secrets.

— Noham est mon neveu. Le fils...

— Le fils de ta sœur, Sixtine.

Je ne peux m'empêcher de lui couper la parole. Je me mords la lèvre, agacé par mes réactions. Je sais que je dois la laisser faire, l'écouter simplement. Ne pas intervenir dans son histoire. Etre présent pour elle, pour la soutenir, sans l'interrompre. Exactement comme elle vient de le faire avec moi. Mais entendre sa voix cassée par les sanglots, me fait mal. Profondément.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant