Embrase-moi Tome 2

Chapitre 9 Partie 2 - Lui

Assis à la table du salon, je déguste mes céréales. Le réveil a été difficile ce matin, tout comme la nuit. Je pense que j'ai vécu le contre coup de ma rencontre avec Hector. La descente de l'adrénaline et la montée du stress. Je n'ai pas arrêté de me tourner dans mon lit, me maudissant d'avoir été si crétin, si inconscient. Tout aurait pu vraiment mal tourner. Il aurait pu comprendre que je mentais et nous le faire payer. On aurait pu être blessés, ou pire tués. Ces choses-là n'arrive pas que dans les films. Dans la vraie vie aussi, des règlements de comptes finissent en bain de sang. Et j'ai embarqué mes amis là-dedans. Je sais bien qu'il y a très peu, voir aucune, chance pour que le dealer les retrouve, mais cela m'angoisse. Oui, ils étaient d'accord dès le début pour m'accompagner, seulement, je ne me serais jamais pardonné s'il leur été arrivé quelque chose.

Je souffle en essayant de convaincre mon esprit que tout va bien, que nous sommes en sécurité. Après, m'être rassuré sur le fait que jamais Hector ne pourra nous retrouver pour se venger, mon cerveau m'envoie d'autres pensées. Cette fois, elles concernent toutes Athénaïs. Je me demande comment elle va le prendre. Je pense que je dois m'attendre à la voir en colère. Elle a une fierté bien ancrée, elle ne se laisse pas facilement aidée. En même temps, cela me blesse de penser cela.

J'ai donné tout ce que j'avais pour la sortir de là. Tout mon héritage y est passé, ainsi que quelques bijoux ayant appartenu à mes grands-parents. Il aura fallu plusieurs vies pour économiser cette somme. Je n'ai pas hésité une seule seconde. Je ne me suis même pas posé de question. Je ne peux pas dire que je le regrette, non. Mais j'espère sincèrement qu'elle prendra la mesure de mon acte. Qu'elle essaiera de comprendre que je fais ça pour elle.

J'avale une cuillerée de Miel Pops quand on tambourine à la porte. Entendant les pas d'Eliott se diriger vers l'entrée, je replonge le nez dans mon bol, écrasant au passage un profond bâillement. Je distingue quelques éclats de voix avant qu'une tornade rousse ne débarque dans la pièce.

Athénaïs se tient face à moi, de l'autre côté de la table. Ses traits sont tirés, ses yeux, noircis par la colère. Plusieurs mèches s'échappent de son chignon lâche, accentuant son côté furie. Pourtant, même si je me doute que je vais passer un mauvais moment, je ne peux m'empêcher de la trouver jolie, désirable.

— Putain, Maximus, c'est quoi ton putain de problème !

D'accord, ça fait beaucoup de putain dans une même phrase. C'est fou, je ne l'avais jamais entendu utiliser la vulgarité. Enfin, ailleurs que dans un lit. D'ailleurs, à chaque fois qu'elle l'emploie cela m'excite franchement. Mais là, ça me fait seulement bizarre. Je me reconcentre quand son regard entre en contact avec le mien. Je devrais peut-être écouter ce qu'elle a dire avant que la situation ne dégénère.

— Mais en plus tu ne m'écoute pas !

— Bien sûr que si.

— Alors qu'est-ce qu'il t'a pris putain ?

Présentement, deux choix s'offrent à moi. Jouer les innocents ou avouer en m'excusant platement. Je réfléchis rapidement puis opte pour la première option.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

Automatiquement, son visage se durcit. Ses yeux noirs m'assassinent.

Okay, pas sûr que cette idée soit la meilleure du siècle.

— Ne joue pas à ce jeu-là avec moi. Crois moi, tu ne serais vraiment pas gagnant.

Elle se penche un peu sur la table, se rapprochant de moi.

— Je t'avais dit de ne pas t'en mêler, de rester en dehors de ça.