Chapitre 12 Partie 1 - Elle

2.1K 230 15
                                    

Debout, dans la rame du métro, j'essaie de faire redescendre la pression qui règne dans mon corps. Mes doigts tremblent contre la barre de fer qui me maintient en position. Je sens mes muscles contractés se tendre douloureusement en spasmes réguliers. Mes pulsations cardiaque font bourdonner mes oreilles. Un maelstrom de sentiments se bat dans mon être. Rage, tristesse, désespoir, colère, incompréhension et impuissance. Je ne sais pas lequel est le plus présent, le plus imposant. Ils se font tous entendre, me donnant l'impression d'être dans une salle emplie de cris, de protestations. Il vient de se passer tellement de choses. Ma tête va exploser, je le sens. Mon cœur, lui, me fait savoir tout le mal qu'il pense de ce que je viens de faire. Il se serre, me coupant la respiration. Je ferme les yeux, essayant de reprendre son contrôle. Ses coups frappent violemment sur mes côtes. Je pensais avoir déjà vécu toutes les douleurs possibles, les avoir surmontées. Il faut croire que je me suis bien plantée. Celle-ci est bien plus puissante, plus destructrice.

Les mots de Maximus me reviennent en mémoire. La dureté de ses traits, de son regard. J'ai vu sa haine, son dégoût. Me renvoyant par la même occasion, toutes les émotions que je gardais précieusement enfouies en moi. Jamais il n'avait laissé sa violence s'exprimer face à moi. Mais je l'ai cherché, je l'ai même voulu. C'était plus simple ainsi. Les adieux seront facilités. Après ce que j'ai fait, ce que j'ai dit, il ne cherchera pas à me recontacter. Peu importe les sentiments qu'il ressent pour moi. Cette dispute a été trop dure pour qu'il passe par-dessus. Ma logique et mon pragmatisme ont repris le dessus. Mon esprit analyse, gère au mieux la situation.

C'est mieux comme ça, me souffle ma petite voix.

Mon palpitant n'est pas de cet avis, évidemment. Il me hurle que tout aurait pu s'arranger aux côtés du pompier. Qu'il aurait pu nous aider, nous soutenir. Que la vie est plus simple et belle quand on a quelqu'un près de nous. Une personne qui nous tend la main quand on est à terre, qui essuie nos larmes, efface nos mauvais souvenirs pour les remplacer par des plus beaux.

Une personne qui nous aime, tout simplement.

Ma gorge se sert, un sanglot y est prisonnier. Mais je ne peux pas le laisser sortir. Pas ici, pas comme ça. La tristesse se répand par vague. Je n'arrive pas à croire que l'on ait pu en arriver là. Dans ma conscience se battent deux Athénaïs. Celle qui savait que cette relation, peu importe sa nature, était, depuis le début, vouée à l'échec. C'est la voix de la raison. Et celle qui avait espéré, celle qui savait que Maximus pouvait être l'homme de notre vie. Qu'il aurait pu être un père pour Noham. C'est la voix du cœur. Je suis tant partagée que j'ai l'impression de devenir folle.

Je vais finir par imploser à force de vivre avec toutes ces émotions contraires ! Je suis sûre qu'un humain n'est pas fait pour supporter une si grande charge émotionnelle.

Je grogne contre moi-même, agacée de ne pas pouvoir y voir clair, quand une main se pose sur ma fesse gauche. Je me raidis brusquement. Ma poigne se resserre, faisant blanchir mes articulations. Etant à un arrêt, je patiente deux minutes, attendant de voir s'il s'agit seulement d'une personne qui a fait un geste involontaire en voulant se décaler ou quelque chose dans le même goût. Le métro repart et les doigts non désirés restent en place. Pire, ils se mettent à bouger, à tâter ma chair. Ma mâchoire se contracte violemment. Ma colère, qui s'était apaisée, ressurgit. Elle fait pulser le sang dans mes veines, faisant cogner mon cœur plus fort. Les battements résonnent dans mes tympans. Comment ose-t-il me toucher de la sorte ? Je vais lui faire payer son geste, cette intrusion qui n'est pas consentie. Les divers messages sur les agressions sexuelles et leurs conséquences ne sont visiblement pas arrivés dans le cerveau de ce connard.

Je me retourne vivement et attrape la main qui était posée sur moi. Je croise le regard sombre de ce quarantenaire qui écarquille les yeux. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je réplique ou l'arrête. Manque de bol pour lui, je suis pas du genre à me laisser intimider. Surtout pas alors que je suis dans cet état. Il va comprendre que l'on ne touche pas une femme sans qu'elle le désire.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant