Chapitre 6 Partie 2 - Elle

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Devant la porte, je danse d'un pied sur l'autre, hésitant à frapper. Dans mes bras, Noham s'impatiente. Il se trémousse jusqu'à ce que je le pose par terre. Effarée, je le regarde taper du plat de la main le battant en bois.

C'est pas possible !

Il ne faut que quelques secondes pour que Rose ne nous ouvre. Elle m'adresse un petit sourire avant de s'effacer pour nous laisser passer. Noham, comme s'il était chez lui, ne perd pas de temps. Il fait quelques pas puis se jette dans les jambes d'Eliott. Je l'observe, interdite, lui tendre les bras pour qu'il le porte. Le brun dépose un baiser sur ma joue avant de croiser mon regard. Il se détourne quand le petit réclame son attention.

— Où est Mask ?

Les traits d'Eliott se déforme sous une grimace. Ses yeux croisent de nouveau les miens, m'appelant à l'aide. Je m'approche du duo, posant mes doigts dans le dos de Noham.

— Noham, je te l'ai dit. Je dois parler avec Max. Après, on verra si tu peux le voir. En attendant, tu restes sage avec Eliott et tata. On est d'accord ?

Bien qu'il croise les bras en fronçant les sourcils, il accède à ma demande en acquiesçant. Je soupire doucement avant de prendre la direction du couloir. Dans mon dos, j'entends le trio se rendre dans le salon. Je surprends des paroles concernant un dessin animé, avant que la porte ne se ferme. Le silence m'enveloppe. Mon cœur bat si fort qu'il se répercute dans ton mon corps. Les doigts sur la poignée, je prends quelques secondes avant de pénétrer dans la pièce.

Quand j'entre, une odeur de brûlé me prend à la gorge. Mon nez se fronce alors que je referme derrière moi. Les rideaux sont tirés, faisant régner la pénombre. M'habituant peu à peu à l'odeur, je fais quelques pas. Je me fige quand mon regard tombe sur la silhouette de Maximus. Mes battements cardiaque se font soudain plus discret. Ma respiration se bloque alors que mon estomac se serre. Assis sur le bord de son lit, les coudes posés sur les genoux, son dos est complétement vouté. Il n'a pas levé les yeux une seule fois dans ma direction. Je l'observe attentivement. J'ai mal de le voir comme ça. J'ai envie de m'approcher, de le toucher, mais je n'arrive pas à faire un seul geste. Je suis pétrifiée, incapable du moindre mouvement. J'écarquille les yeux quand je vois ses épaules bouger sous ses sanglots silencieux. Mon corps se met à trembler. Mon cœur se serre au point de m'en couper la respiration. Je me sens impuissante face à son désarroi. Je ne supporte pas de le voir ainsi, si faible. Mes jambes se mettent en marche toutes seules. Je m'avance quand il se redresse. D'un pas, je me place entre ses cuisses. Mes doigts s'enfouissent dans ses cheveux. Ses bras viennent m'entourer, m'approchant un peu plus. Son front se pose contre mon ventre.

D'une pression à l'arrière de mes cuisses, il me plaque contre lui. Mes genoux de part et d'autre de son bassin, je m'installe à califourchon. Je sens ses larmes brûlantes couler dans mon cou alors que son corps tremble contre le mien. Mon cœur se brise un peu plus. Mon âme se fend. Je ne supporte pas de le voir ainsi. Je ressens sa peine comme si c'était la mienne. Cette souffrance est asphyxiante. C'est une douleur indescriptible. J'ai mal dans tout mon être. Le supplice est autant moral que physique. Pourtant, je ne dois pas me laisser aller. Je dois être forte, pour lui. Je sens qu'il a besoin de mon soutien. Je serai son pilier, sa bouée. Je l'empêcherai de sombrer. Une goutte salée s'échappe et glisse lentement le long de ma joue. La seule que je laisse filer.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes l'un contre l'autre. Nous n'avons pas bougé, pas échangé une seule parole. Dans mes bras, je l'ai senti se calmer petit à petit. Pourtant, il n'a pas esquivé un seul mouvement pour se détacher de moi. Sa respiration régulière s'échoue dans mon cou humide. Ses mains plaquées dans mon dos, glissent peu à peu sur mes côtes alors qu'il se recule. D'un geste lent, il nous allonge tous les deux, l'un en face de l'autre. Son regard vient accrocher le mien. Je me perds encore une fois dans ses pupilles. Je me noie dans l'océan de sentiments que ses iris sombres m'envoient. Une photo apparaît soudainement devant moi, coupant notre connexion. Même avec la faible lumière, je reconnais tout de suite Maximus. Il doit avoir quinze ou seize ans sur le cliché. Il pose aux côtés d'un garçon qui lui ressemble, mais semble plus âgée de quelques années.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant