Chapitre 11 Partie 2 - Lui

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Dans la salle de pause, j'attends patiemment que le micro-ondes termine de faire chauffer mon repas. Ce soir, je mange mon plat préféré, les pâtes aux champignons et poulet. De préférence de la marque Monoprix ou Picard. Je ne sais pas pourquoi, mais je les adore. J'en ai testé un bon paquet avec les gardes, passant du couscous au lasagne. Provenant de différentes boutiques, surgelé ou frais. Mais rien ne vaut ces deux-là. J'observe le plateau tourner alors que mes collègues discutent. Installés sur les tables derrière moi, ils mangent tout en parlant des dernières interventions sur lesquels notre caserne est intervenue. Du coin de l'œil, je vois Luc écouter attentivement le récit de Thomas et son équipe. Ils sont partis dans l'après-midi sur un accident de la circulation. D'après les dires de mon ami, ce n'était vraiment pas beau à voir. Le chef de notre brigade insiste bien sur le fait qu'une psychologue est disponible si certains souhaitent lui parler. Je les vois tous acquiescer. Le regard de Thomas semble se perdre quelques secondes. Je pense que cela lui ferait du bien de lui parler. Nous travaillons avec cette docteure depuis plusieurs années. Pour l'avoir consulté à de nombreuses reprises, je peux assurer qu'elle est très qualifiée et à l'écoute. On peut facilement se confier, pourtant ce n'est pas chose aisée pour moi. Je sais parfaitement que c'en est de même pour beaucoup de mes coéquipiers. Cela fait un moment que je ne suis pas aller la voir, depuis que j'ai eu l'autorisation de retourner sur les interventions feu, en fait. Peut-être que je pourrais y aller dans les jours qui viennent. Discuter avec elle me fera probablement du bien. Sans compter qu'elle maîtrise la psychologie, elle pourra me donner des conseils sur la façon d'aborder Athénaïs. Sur la vie de couple en général, aussi. Je ne dois pas oublier que je suis novice en la matière et au fond de moi, je suis persuadé que c'est la même chose pour la rousse. Je doute qu'elle ait eu de longues relations au cours de sa vie. Je me demande si elle est déjà tombée amoureuse. Si elle a déjà ressenti pour un autre, ce qu'elle ressent pour moi. Cela fait peut-être présomptueux, mais je sais qu'elle éprouve pour moi des sentiments forts. Certaines de ses réactions le prouve, comme le fait qu'elle ait mal pris le paiement de sa dette. Je le sens, au plus profond de moi. C'est comme une sorte d'instinct. Je sais qu'elle est très attachée à moi.

La sonnerie du micro-ondes me sort mes pensées. Avec précaution, je sors mon plat puis vais m'installer près de mes partenaires. Certains me souhaitent bon appétit alors que les autres sont absorbés par leur conversation. Je remue le contenu de la barquette en carton avant de l'attaquer sans attendre. Je mourrais de faim. Cette après-midi, nous avons eu droit à un entrainement très physique. Luc trouvant que nous nous encroutions, selon ses propres termes, nous a largement poussé au-delà de nos limites. Résultats des courses : un corps fourbu et un appétit d'ogre. Cela faisait longtemps qu'il ne nous en avait pas tant demandé, mais cela fait un bien fou. Se vider la tête pour quelques heures. Sentir ses muscles, même les plus profonds. Pousser son corps et son esprit. Se dépasser. On se sent revigorer après une telle séance. Sans compter que j'adore me donner à fond, repousser mes limites.

— Au fait, Max !

Je lève les yeux vers Etienne qui vient de m'adresser la parole. D'un geste du menton, je l'encourage à parler tout en enfournant une fourchette de pâtes.

— La rousse qu'on a vu tout à l'heure, c'est ta copine ?

Ma bouchée glisse difficilement dans ma trachée quand j'entends sa question. Evidemment, tout le monde s'est arrêté de parler. Tous les regards convergent vers moi, mes collègues semblent suspendus à mes lèvres. Je prends le temps d'avaler avant de lui répondre d'une voix que j'espère claire.

— C'est un peu compliqué, mais oui, c'est ma copine.

Autour de la table, ils se mettent tous à pousser des cris ou siffler. De vrais hommes des cavernes ! Si Julie était là, elle aurait sûrement levé les yeux au ciel en soupirant. D'ailleurs, c'est exactement ce que je fais. Je travaille avec une bande de cinglés. Il n'y a pas d'autres mots pour les décrire. Mes coéquipiers en couple ou mariés me secouent dans tous les sens en criant "Il est des nôtres !". Luc ne met que quelques secondes avant d'éclater de rire. Leurs grosses voix résonnent dans toute la pièce. Quand la sonnerie de l'alarme des urgences sonne, ils arrivent presque à la masquer tant ils font du bruit. Je pique un dernier morceau de poulet alors que Bastien et Luc se lèvent déjà. Je pousse mon plat au centre de la table, proposant silencieusement à ceux qui veulent le finir qu'ils ont champ libre. J'enjambe le banc et me dirige vers les vestiaires où je retrouve le blond. Luc entre quelques secondes plus tard, nous précisant qu'il s'agit d'un étouffement à cause d'un objet coincé dans la trachée de la victime. Je mets tout ce qui nous sera nécessaire pour cette intervention dans mon sac puis sors en suivant Bastien. Tous les trois, nous grimpons rapidement dans le camion. Luc manœuvre pour nous faire sortir puis se lance dans la circulation. Il nous faut que quelques minutes pour arriver. Nous nous garons devant un vieil immeuble situé dans une petite rue.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant