Embrase-moi Tome 2

Chapitre 20 Partie 1 - Elle

Je râle en me débattant avec les sangles du siège auto. Courbée à 90 degrés, le front contre les dossiers, je m'efforce de passer la ceinture pour le maintenir. Non, mais franchement, on ne pourrait pas créer des systèmes plus simples et pratiques ? Ils recherchent vraiment à nous faire perdre du temps. Et de la patience par la même occasion. A quelques pas de moi, Noham trépigne d'impatience. Depuis que nous lui avons parlé de ce week end à la mer, il ne cesse de s'extasier. Il faut dire que ce sera une première pour lui. Je soupire de soulagement quand j'entends le clip qui confirme que j'ai réussi à attacher correctement cet engin de torture parentale. Je me redresse, une main sur les reins. Me retrouver plier comme ça ne m'a pas fait du bien. Alors que je me recule, Noham s'approche de la voiture pour regarder son siège. Ils sont allés hier matin avec Eliott et Maximus pour le choisir. Il est revenu ravi de sa sortie entre garçons, comme il l'a appelé. Bien que je pense un des deux adultes à l'origine de ce nom.

— Il est beau, hein, maman !

Il se tourne vers moi, une main toujours sur son siège. Je passe mes doigts dans ses cheveux en lui souriant.

— Il est très beau, tu as bien choisi.

Ses yeux s'illuminent à mes mots. Tant bien que mal, il se hisse dans le véhicule. Il s'installe dans son fauteuil, caressant le tissu d'un bleu électrique. J'écrase un bâillement en observant la rue. Il est encore tôt, pourtant le soleil est déjà bien présent. D'ici quelques minutes, elle va s'éveiller, se remplir de monde. Nous serons sur la route à ce moment-là. Posé sur le toit de la voiture, mon téléphone vibre, m'annonçant l'arrivée d'un message. Je le saisi, déverrouille l'écran et regarde les mots s'afficher.

« Faites attention sur la route et profitez bien de ces deux jours. Je rentre à l'appartement ce soir. Beso mi hija. »

Je réponds rapidement à Carmen. Après avoir passé quelques jours chez son amie, je suis contente de savoir qu'elle rentre et que je la reverrai demain. Je sais qu'elle est partie pour nous, pour nous laisser un peu d'intimité. Autant pour Maximus et moi, que pour Rose et Eliott. Mais peu importe la raison ou mon âge, j'ai besoin d'elle. Depuis que nous nous sommes retrouvées, je n'aime pas la savoir loin. Même si je sais qu'elle finira par nous quitter. Ses sœurs l'attendent en Espagne, dans leur village natale. Bien qu'elle nous le cache, je sens qu'elle est impatiente de les retrouver. Mais avant de le faire, elle veut s'assurer que nous soyons tous heureux et en sécurité.

— Tout est prêt, Athé ?

Je me retourne alors que Rose et Eliott s'approchent de moi. Leurs doigts liés me prouvent que la crise du début de semaine est loin. Je suis heureuse pour eux. Révéler la vérité sur son passé a été vraiment difficile pour elle. Mon cœur se serre quand je prends conscience qu'il faudra moi aussi, que j'en parle. Je vais devoir le faire rapidement. Si j'en crois les informations que j'ai eues, les nouvelles sont loin d'être réjouissantes. Il faut que j'en informe Maximus avant qu'il ne soit trop tard. Il doit l'apprendre de ma bouche, pas de quelqu'un d'autre. Encore moins venant d'eux, qui ne feront que manipuler les mots pour le blesser. Peut-être devrai-je prendre le mal à sa source et aller les voir ? Régler cette histoire avant même qu'ils m'y obligent. Les prendre à revers, par surprise. Il faut que je sache quelles sont leurs intentions. Ça, personne ne semble être capable de me le dire. Ou alors, ils ont trop peur pour parler. Ce n'est pas une théorie à exclure. Il faut que j'en parle à Carmen et Rose, savoir ce qu'elles en pensent.

Je sursaute quand Eliott referme le coffre. Je ne l'ai même entendu l'ouvrir et y mettre nos sacs. Alors qu'il retourne dans l'immeuble, Rose pose sa main sur mon épaule.

— Tout va bien ?

Je plonge dans son regard, m'imprègne de sa douceur.

— J'ai un mauvais pressentiment.