Chapitre 14 Partie 1 - Elle

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Installée à table, devant mon assiette à dessert vide, j'observe les personnes qui m'entourent. Nous avons passé une superbe après-midi dans le parc près de la maison. Commençant par un pique-nique, puis enchaînant sur de nombreux jeux, notamment un foot pour les garçons. Noham a passé son temps à rire, parlé aussi, beaucoup. Il n'a pas arrêté de naviguer entre Maximus et Eliott, marquant tout de même une préférence pour le pompier. Ce qui n'a absolument pas dérangé celui qu'il appelle tonton, qui en a profité pour bécoter de tout son soul, Rose. Je n'ai jamais vu Noham aussi heureux qu'à ce moment-là. Si j'ai eu peur, l'espace d'une seconde, qu'il prenne mal ce qu'il a vu dans la cuisine, j'ai tout de suite été rassurée par son expression. Ses traits étaient détendus, un sourire étirait constamment ses lèvres. Mais ce qui m'a surtout frappé, c'était son regard. Il regardait Maximus avec le même amour, la même adoration. Je n'en suis pas jalouse, bien au contraire. Je sais que certains parents n'apprécient pas de partager leur enfant. Ce n'est pas mon cas. De toute façon, je ne suis que remplaçante dans sa vie. Dès que Si sera de retour, elle prendra la place qui lui revient. Puisque c'est elle, sa maman. Peut-être devrais-je commencer à le préparer. Pour que le choc ne soit pas trop violent, pas trop dur à encaisser. Mais comment trouver les bons mots pour lui expliquer ? Comment avoir la bonne approche ? Celle qui ne le peinera pas, ne lui donnera pas l'impression d'avoir été abandonné. De ne pas être aimé par celle qui l'a mis au monde.

Comment peut-on encaisser un tel mensonge ?

Peu importe l'âge, je pense que c'est très compliqué.

Mon cœur se serre à ces pensées. Ma poitrine se compresse douloureusement. J'ai peur, tellement peur, de ce qu'il pourra penser de moi. Je ne pourrais pas supporter qu'il me rejette, qu'il ne souhaite plus que je fasse partie de sa vie. Si Maximus est devenu le soleil de mon existence, Noham, lui, est mon univers. Je sais que je ne pourrais pas survivre sans lui. Ma respiration devient laborieuse, bloquée par la boule qui a pris position dans ma gorge.

Je n'entends plus les conversations autour de moi. Je ne ressens plus que la douleur et la peur. Mes poumons se consument, brûlant tout sur leur passage. Je presse fortement mes paupières, baissant la tête pour que personne ne remarque mon état. L'image d'une lame s'imprime sur mes rétines. L'envie de quitter la table me vrille les organes. J'inspire profondément, essayant de calmer mon état. Je ne dois pas céder à ce besoin. J'ai promis de ne plus recommencer. Je relâche l'air prisonnier de mon corps en expirant doucement. Mes muscles se sont contractés pour encaisser la souffrance occasionnée. Les poings serrés, je sens mes ongles pénétrer dans mes paumes. J'essaie de me concentrer dessus, faisant abstraction du reste. Rester assise devient si compliqué. Ma nuque est raide, parcourue de picotements désagréables. Je bloque mon souffle, me concentrant. C'est dur, si dur de lutter contre soi-même.

Une main se pose sur ma cuisse, me sortant immédiatement de ma transe. J'ouvre les paupières instantanément. Je croise les prunelles de Noham, debout près de moi. Je me noie dans ses yeux pétillants avant de répondre à sa demande silencieuse. Je le prends contre moi, le laissant s'installer comme il le souhaite. Il vient nicher son visage contre mon épaule, son pouce dans la bouche. Je remarque alors qu'il a ramené son doudou. Celui que je lui ai acheté le jour de sa naissance. Le premier avec lequel il a dormi, séché ses larmes, calmé ses pleurs. Ce petit ours bleu l'a suivi partout, l'accompagnant dans toutes ses aventures d'enfant.

J'embrasse son crâne, inspirant son odeur. Ses cheveux blonds me chatouillent le nez. Je souris, l'entourant de mes bras. Sa présence apaise automatiquement mon corps. Mon cœur ralenti, ma respiration reprend un rythme normal. Il n'y a que lui qui peut me calmer ainsi. Juste en étant là, près de moi. Enfin de nouveau maitresse de moi-même, je relève la tête pour me reconnecter au reste de la table. Je croise immédiatement le regard inquiet de Rose. Face à moi, elle m'observe, se mordillant la lèvre. Je lui ai fait peur, je le vois à son visage, sa façon de se tenir. Elle sait ce qui se passe en moi, dans mon esprit, quand je suis dans cet état. Avec un petit sourire, je la rassure. Elle hoche la tête en réponse, puis se détourne pour discuter avec Eliott. Carmen revient dans la pièce, un plateau dans les mains. Un mouvement à mes côtés focalise mon attention sur mon voisin. Maximus se lève rapidement pour récupérer le bien et le déposer sur la table. Je remarque les tasses de café ainsi que la théière. Alors que le pompier demande à chacun ce qu'il veut, je passe mes doigts dans le dos de Noham qui s'agite sur mes genoux. Il se laisse glisser le longs de mes jambes, avant de se diriger vers Maximus. Il lui tend les bras alors que ce dernier est occupé à servir tout le monde. Avisant la mine fatiguée de mon petit blond, je me lève afin de continuer le service. Le brun m'adresse un sourire avant de se replacer. Il attrape Noham sous les aisselles pour le caler contre son torse. Ce dernier ne perd pas de temps pour reprendre sa somnolence. Je les observe quelques secondes, fascinée par la complicité qui les unit. Ils sont beaux tous les deux comme ça.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant